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Handball - Emmanuel Mayonnade (Metz): "Si le confinement est prolongé, reprendre la saison me paraît compliqué"

Champion du monde avec la sélection néerlandaise en décembre dernier et entraîneur des handballeuses de Metz, Emmanuel Mayonnade se préparait à une fin de saison palpitante, rythmée notamment par la Ligue des champions et les Jeux Olympiques. Il est aujourd’hui confiné à Mios, dans son bassin d’Arcachon natal, et au chômage partiel. 
Article rédigé par Manu Roux
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3 min
  (PASCAL BROCARD / MAXPPP)

Comment un Stakhanoviste qui s’occupe à la fois d’un club et d’une sélection vit-il cette période de confinement ? 
Emmanuel Mayonnade :
"
Pas très bien. C’est sûr que je tourne en rond depuis un moment déjà... Je n’ai pas réussi à changer mes habitudes, lever tôt et coucher tard, et forcément, les journées sont très longues et peu remplies. Dès le début du confinement, j’ai été, comme tous les salariés de Metz handball, mis au chômage partiel et je suis retourné dans le Sud-Ouest, près de mes deux sœurs. Mon père et ma grand-mère habitent à quelques centaines de mètres de là où je me trouve, mais comme ce sont des personnes à risques en raison de leur âge, on ne s’est pas encore vu, par prudence. Mardi dernier, il y a eu un premier décès à Mios, dû au coronavirus. Et Mios, c’est vraiment une toute petite ville, donc ça fait peur. Alors, même si parfois je m’ennuie, je suis content d’être assis sur mon canapé en bonne santé, malgré tout."

Metz et le grand Est sont très touchés par l’épidémie... Vous suivez la situation de près ? 
E.M.:
"Oui, bien sûr. Le président de Metz handball, Thierry Weizman, avec lequel j’ai des contacts téléphoniques quotidiens, est médecin et il me raconte ses journées, bien remplies en ce moment. Sa femme est pharmacienne et gère les commandes de masques, sa fille travaille dans un service de réanimation. Le club est très concerné par ce qui se passe."

Difficile de relancer une préparation si le confinement est prolongé

Vous n’avez pas été tenté de vous exiler aux Pays-Bas qui a misé sur l’immunité collective plutôt que sur le confinement depuis le début de l’épidémie ? 
E.M.: "
Non, la question aurait pu se poser si les Jeux Olympiques avaient été maintenus. Ça m’aurait permis de travailler plus directement sur place mais là... En plus, sans parler de confinement, les Pays-Bas s’en rapprochent de plus en plus dans les faits avec les mesures prises dernièrement: distanciation sociale d’un mètre et demi, plus de regroupements ni de manifestations sportives jusqu’au 1er juin... En plus, les prochaines échéances avec la sélection néerlandaise sont encore relativement loin, donc ça ne m’aurait pas servi à grand chose de m’installer provisoirement là-bas."

Vous arrivez à vous projeter sur une éventuelle fin de saison ? 
E.M.:
"J’avoue qu’il m’est difficile de prendre du recul avec tout ce qui se passe en ce moment... Je pense que tout est lié à la durée du confinement. S’il est levé au 15 avril - ce que j’ai du mal à imaginer - ça me paraît encore jouable de relancer une préparation sur quatre semaines pour terminer la saison. Si le confinement est une nouvelle fois prolongé, sincèrement, je ne vois pas comment on pourrait faire... Surtout que là, on n’est pas du tout dans la configuration de vacances estivales durant lesquelles les joueuses peuvent quand même trottiner, aller à la salle de sport, nager, prendre l’air... Je vois les vidéos sur les réseaux sociaux : elles sont mignonnes, marrantes mais faire des squats avec sa fille sur le dos ou des séances de développés couchés avec des bouteilles d’eau, c’est quand même mince, comme préparation. Et en disant ça, je ne blâme personne. Je me rends bien compte de la complexité de s’entretenir physiquement et de façon efficace en ce moment."

50% de l'effectif va changer entre juin et septembre

La Fédération européenne a pourtant déjà prévu la reprise de la Ligue des champions début juin avant un Final four en septembre...
E.M. :
"Ça paraît surréaliste... Surtout qu’à Metz, 50% de l’effectif va changer entre juin et septembre. Alors comment motiver les joueuses en partance pour un quart de finale en juin alors qu’en septembre elles ne seront plus là pour le Final 4, si Metz se qualifie ? Je me mets à leur place : si je n’avais pas prolongé mon contrat avec Metz, quel engagement j’aurais bien pu mettre dans la préparation d’un quart de finale, en ayant la certitude de ne pas coacher l’équipe pendant le Final four ? Par ailleurs, avec tous les mouvements prévus cet été à Metz, je ne sais pas quel niveau sera le nôtre la saison prochaine mais j’ose espérer qu’il va s’améliorer au fil des mois. Donc, sans faire offense à personne, le Metz handball de septembre sera moins fort que celui qu’on aurait eu en juin, ça c’est une évidence.

Propos recueillis par Manu Roux 

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