Onesta: "on est en reconstruction"
Qu'attendez-vous de cet Euro ?
Claude Onesta : "On y va pour réaliser la meilleure performance possible. En même temps, mon métier consiste aussi à préparer les compétitions à venir, en particulier les JO de Rio en 2016. Je continue de m'inscrire dans ces deux projets."
L'équipe de France peut-elle prétendre à un troisième titre européen ?
C.O : "En étant lucide, on ne peut pas faire partie des favoris. Notre niveau de jeu ne l'a pas démontré. Comme on manque de réglages et de maîtrise, on risque d'avoir une compétition en dents de scie. D'autres équipes, qui ont initié avant nous une phase de transformation, sont mieux installées. Le Danemark (champion d'Europe en titre), une équipe arrivée à maturité, progresse depuis quatre ans. C'est le grand favori, qui aura l'avantage de jouer à domicile. Ensuite, il y a l'Espagne (championne du monde en titre), même si des blessés viennent diminuer son potentiel. La Croatie dispose d'une jeune génération déjà bien aguerrie. Néanmoins, on est capable de rivaliser avec les meilleurs, voire de les battre. On a du potentiel à disposition."
Où se situe justement l'équipe aujourd'hui ?
C.O : "On est en phase de reconstruction. Les circonstances nous ont privés de joueurs d'expérience comme Bertrand Gille et Xavier Barachet. Thierry Omeyer et Jérôme Fernandez, eux, reviennent de blessures. On a été obligé de faire des transformations plus conséquentes que prévu. C'est peut-être une opportunité pour avancer plus vite vers l'objectif à terme, représenté par les jeux Olympiques. On a moins de cadres. Avant, la force, c'était que les remplaçants étaient sensiblement du niveau des titulaires. Il y avait peu de différence de performances lors des rotations. Aujourd'hui, avec les jeunes intégrés, c'est quitte ou double. Ils sont capables du meilleur comme du pire. Nos cadres doivent donc être les piliers sur lesquels on pourra installer la performance. Plus ils seront solides, plus les jeunes pourront apporter leur pierre sans être surexploités et surresponsabilisés."
Quel regard portez-vous sur les équipes de votre poule ?
C.O : "Elles ont autant de potentiel que la nôtre. Avec les absences, les Russes vont peut-être devoir puiser dans les réserves donc fragiliser leur maîtrise. La Pologne est une équipe aguerrie depuis des années à ce niveau de compétition. Et on connaît tous la qualité et le génie du handball serbe pour briller dans une compétition. On entre dans le lot de ces équipes capables des meilleures performances mais aussi peut-être de trop d'hésitations pour arriver à s'en sortir honorablement dans une compétition. On va se servir de l'expérience, construite au fur et à mesure de notre parcours, pour éviter les pièges."
C'est votre première compétition sans Didier Dinart ? Vous inquiétez-vous pour votre défense ?
C.O : "L'arrêt de Didier est un arrêt majeur. Néanmoins, il n'a pas été dominateur lors de sa dernière compétition internationale en Espagne (Mondial-2013). Il le dit lui-même. Il était donc temps de passer à autre chose. Cela implique forcément de se mettre en situation momentanément inconfortable ou de devoir trouver des équilibres délicats. Quand on voit le potentiel des joueurs du secteur central comme Niko (Karabatic), Cédric (Sorhaindo) et Luka (Karabatic), et des arrières, ce n'est pas le secteur défensif qui m'inquiète mais plutôt le secteur offensif où l'on doit améliorer notre rendement. Le problème aujourd'hui, c'est que nos ailiers ne nous permettent pas d'ambitionner un résultat majeur. Lors des trois matches de la Golden League, leurs performances étaient insuffisantes."
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