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Euro de handball 2020: Les Bleus "insuffisants sur le plan individuel et tactique" selon Daniel Costantini

Avec lui, l'équipe de France de handball est passée de la 3e division mondiale au sacre planétaire. Daniel Costantini, premier sélectionneur de Bleus victorieux, dresse un constat amer de l'élimination des Français à l'Euro dès le 1er tour, et particulièrement de la défaite initiale contre le Portugal: "On a été insuffisant sur le plan individuel et sur le plan tactique. Il n'y a pas eu de préparation spécifique de ce match." Il ne voit pas le sélectionneur être débarqué mais annonce: "Secouer Didier Dinart,le DTN ne va pas s'en priver. Il faut se mettre au boulot."
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3 min
 

Comment analysez-vous l'élimination de l'équipe de France à l'Euro 2020 ? Y a-t-il un point commun entre la défaite contre le Portugal et celle contre la Norvège ?
Daniel Costantini:
"Le point commun, c'est l'incompétence. Il faut relativiser le fait de perdre contre la Norvège, chez elle. Dans l'histoire, la France ne s'est pas souvent imposée là-bas. C'était dans l'ordre des choses, même si cette équipe me paraît moins brillante qu'elle est rajeunie. Ce qui fait désordre, c'est celle du Portugal. On savait que si on perdait ce match, il ne nous arriverait que des malheurs. En plus, on les avait joués à deux reprises lors des qualifications (Ndlr: défaite au Portugal 33-27, puis victoire 33-24 en avril 2019). On savait donc que c'était une équipe à prendre au sérieux, mais on ne l'a pas prise au sérieux. On a été insuffisant au plan individuel et tactique.

"Pas eu de préparation spécifique du match"

Il n'y a pas eu de préparation spécifique de ce match. Le coach portugais, qui a de l'expérience, a brouillé les cartes. On attendait à ce qu'il joue avec 7 joueurs de champs, il ne l'a pas fait. Il a mis une défense à plat en 1re période, puis très étagée en deuxième. Mais avec les vieux briscards qu'on a dans l'équipe, on ne devait pas être surpris.

A mon époque, il y avait deux façons de gagner un match: soit jouer son jeu sans se soucier de l'adversaire, soit ne pas être sûr de ses forces et donc s'adapter à l'adversaire afin de le faire déjouer. C'est ce qu'on faisait, mais cela nécessitait de répéter pendant des heures des phases offensives ou défensives, et d'avoir une grande humilité. Depuis l'ère Onesta, il suffisait parfois à l'équipe de France d'apparaître pour que l'adversaire se liquéfie. Aujourd'hui, même si nos jeunes ont un énorme potentiel, ce n'est pas de nature à faire peur aux adversaires."

L'équipe de France a toujours construit ses succès sur sa défense. Est-ce qu'aujourd'hui, ce n'est plus suffisant pour gagner à haut niveau ?
DC:
"L'absence de Luka Karabatic s'est fait sentir en défense. Et son frère, Nikola, est encore meilleur en défense quand il joue avec son frère. La défense n'est pas suffisante pour gagner toute seule, et tout reposait donc sur l'attaque. Kentin Mahé a aussi beaucoup manqué dans le secteur offensif, car c'est un vrai meneur de jeu, ce que n'est pas Nikola Karabatic, et Lagarde est trop jeune, Prandi  trop neuf, trop frais. Et puis il y a eu la méforme de Mem et Remili qui n'est pas placé dans les mêmes conditions qu'à Paris... L'attaque s'est empêtrée dans ses individualités, et l'équipe n'a pas le bagage collectif pour faire face. La France était condamnée à l'expression individuelle, mais quand elle est insuffisante..."

"Se mettre au boulot"

Face à un pareil échec, la tendance est souvent de demander des changements dans le staff. Est-ce que cela vous paraît envisageable ?
DC:
"Je me suis amusé à regarder les réactions sur les réseaux sociaux, les noms cités pour remplacer Didier Dinart. Tout cela me semble surréaliste. Ce n'est pas le genre de la maison."

Pourtant, l'équipe de France féminine avait changé de sélectionneur quelques mois avant les Jeux Olympiques de Rio en 2016...
DC:
"C'était un autre contexte, avec des problèmes relationnels entre les joueuses et Alain Portes. Là, je ne pense pas que les joueurs estiment que c'est la faute de Didier Dinart s'ils sont éliminés. C'était quasiment lui qui était à la tête de la France à Rio lorsque les Bleus sont battus en finale des JO, et en 2017, ils sont champions du monde... Je pense qu'on va repartir avec les mêmes. Secouer Dinart, Philippe Bana, le Directeur technique national, ne va pas s'en priver. Il faut faire comprendre aux joueurs que les qualités individuelles seules ne suffisent pas pour gagner. Il faut se mettre au boulot."

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