Euro de handball 2020 : après le naufrage en Norvège, le handball français en crise
Il y a deux ans, la France était championne du monde chez les hommes et chez les femmes et l'avenir paraissait radieux. A six mois des Jeux de Tokyo, l'euphorie a laissé la place à l'inquiétude. Les femmes restent championnes d'Europe en titre et ont déjà en poche leur billet olympique.
Mais pour les hommes, le recul dans la hiérarchie internationale, entamé à l'Euro 2018 et au Mondial 2019, malgré deux médailles de bronze, se transforme en plongeon. Et ce, après une domination quasi sans partage sur la scène olympique (titres en 2008 et 2012, finale en 2016) et mondiale (titres en 2009, 2011, 2015 et 2017), auxquels s'ajoutent deux titres européens (2010 et 2014).
Un tournoi pour aller aux Jeux
Ni les joueurs ni le staff n'auront le temps de trop s'appesantir sur leurs déboires car la prochaine échéance, bien plus cruciale encore, arrive dans trois mois : le tournoi de qualification olympique où les Bleus devront décrocher leur billet pour Tokyo, du 16 au 19 avril à Paris.
Il y a peu, ce rendez-vous n'aurait guère suscité de crainte, mais vu le contexte, les Français devront se méfier. Leurs adversaires, probablement la Croatie, une équipe africaine et un Européen potentiellement de bon niveau (mais pas un des tout meilleurs pays), viendront avec l'idée d'eux aussi faire chuter les anciens patrons du handball mondial. Il y aura deux places à prendre sur quatre candidats.
L'erreur fatale contre le Portugal
La France devra aussi en passer par un tour de qualification, en match aller-retour en juin prochain, pour participer au Mondial en Egypte en janvier 2021. "C'est nouveau pour nous. C'est la première fois depuis que je joue en équipe de France qu'on est éliminé aussi tôt. On va voir comment on va digérer ça", a réagi l'ailier vétéran Luc Abalo, l'un de ceux qui disputaient leur dernier Euro, comme Mickaël Guigou et Cédric Sorhaindo.
La France a gâché son tournoi en perdant contre toute attente face au Portugal (28-25), une nation en progrès mais pas encore candidate au podium. Elle s'est retrouvée dans l'obligation de réussir un exploit pour survivre : battre le vice-champion du monde devant son public.
"À mourir, autant que ce soit fait les armes à la main"
Les Bleus se sont bien battus et ont joué un bien meilleur handball que l'avant-veille, malgré un jeu d'attaque toujours perturbé par les pertes de balles et les imprécisions. "On a tout donné. Quitte à mourir, autant que ce soit les armes à la main et on l'a fait", a souligné l'ailier Valentin Porte.
Le pivot Ludovic Fabregas a été le plus efficace avec 8 buts.L'équipe de France a mené de trois buts en deuxième période, à une longueur de l'écart qui aurait fait son bonheur (car une victoire plus courte n'aurait probablement pas suffi à l'envoyer au tour principal). Mais cela n'a pas suffi devant les 8900 supporteurs norvégiens, fous du demi-centre du PSG Sander Sagosen (10 buts).
Le rebond de 2012
Après cette débâcle, la responsabilité du duo d'entraîneurs, Didier Dinart et Guillaume Gille, va être au centre des débats, car sur le papier l'équipe de France possède une belle collection de talents. Pour le coach, "je ne pense pas qu'il y ait une crise", a-t-il sobrement commenté après le match, ajoutant : "Ce n'est la faute de personne. Ça montre tout simplement peut-être où on en est aujourd'hui : l'équipe de France est peut-être à son niveau." Un constat que ne partage pas Nikola Karabatic : "Ce n'est pas du tout notre place quand on regarde les joueurs qui composent l'équipe."
Il serait cependant fort surprenant que la Fédération décide une révolution si près d'objectifs où la France va devoir briser la spirale du déclassement. "Je ne pense pas qu'il faille tout jeter. Il faut retravailler, rebâtir la confiance individuelle et collective, c'est un gros chantier", a estimé Karabatic.
La star, comme les autres anciens couverts de médailles (2 titres olympiques, 4 mondiaux et 3 européens entre 2006 et 2017), pourra s'appuyer sur le précédent de 2012 pour croire au rebond. En janvier, les Français finissaient 11e de l'Euro. En août, on leur passait au cou leur deuxième médaille d'or olympique d'affilée à Londres.
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