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Absence de diffuseur à la télévision, budgets plus petits... Les handballeuses françaises "en ont un peu marre d'être traitées différemment des garçons"

Malgré les titres gagnés ces dernières années, les joueuses de handball restent dans un relatif anonymat en France. La fin de la diffusion de leurs matchs à la télévision risque d'empirer la situation. 

Article rédigé par franceinfo - Fanny Lechevestrier, Édité par Thomas Pontillon
Radio France
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Temps de lecture : 2 min
Un match entre Nice et Metz en août 2019.  (ERIC OTTINO / MAXPPP)

Après le succès de la Coupe du monde féminine de football en France, retour à la dure réalité pour les championnats féminins. En football, exception faite de Lyon, les stades sonnent creux. En handball, le championnat a repris cette semaine sans diffuseur à la télévision et avec des clubs en recherche perpétuelle de partenaires financiers.

La télévision ne diffuse plus le championnat 

Championne du monde il y a deux ans et championne d'Europe l'an dernier à domicile, les Françaises dominent la planète handball depuis plusieurs années. Des succès qui ont permis d'attirer du monde chaque week-end dans les salles du championnat avec en moyenne 2 300 spectateurs la saison dernière. Et pourtant, cette année, vous ne verrez le championnat de France nulle part à la télévision. Aucun diffuseur national ne s'est positionné pour retransmettre les matchs. "Médiatiquement, c'est sûr que c'est une bataille de tous les jours", relève l'internationale Alisson Pineau, qui évolue à Paris.

Selon elle, le handball féminin doit se battre pour exister : "On doit réussir à se montrer, à sortir de notre zone de confort et essayer de toucher un public et des chefs d'entreprise qu'on n'a pas l'habitude de toucher", explique-t-elle. De leur côté, les joueuses du Hac handball au Havre ont réagi à la fin de la diffusion des matchs à la télévision via Twitter. 

Dans le handball féminin, la qualité intrinsèque des matchs ne suffit donc pas pour attirer les sponsors. Et ce, même quand on s'appelle Metz, plus beau palmarès du championnat avec une pléiade de championnes du monde dans ses rangs. Alors, pour séduire, quitte à susciter la polémique, son président Thierry Weizman assume de jouer la carte du glamour. "Aujourd'hui, on joue sur l'esthétique, explique-t-il, Metz est la seule équipe à jouer en jupe. Bien sûr, on ne fera jamais un calendrier déshabillé mais on joue en tout cas sur la féminité". Malgré cela, le budget de Metz ne dépasse pas les 2,8 millions d'euros grâce à l'apport surtout d'une multitude de partenaires locaux.

Petites subventions et gros "ras le bol" 

Besançon est dans le même cas avec un budget de 1,6 million d'euros. Le club, pour tenter d'augmenter ses finances, a choisi de surfer cette saison sur la notion d'égalité en espérant convaincre des entreprises nationales sensibles à ce message. Une idée née d'une petite lassitude, explique l'entraîneuse Raphaëlle Tervel. "On en a un peu marre d'être traitées différemment des garçons", affirme-t-elle. 

Les garçons qui sont en D2 touchent quasiment le même budget que nous en D1. Je ne vois pas pourquoi, parce qu'on est une femme, on toucherait moins d'argent. Ça nous parait tellement injuste mais c'est tellement ancré dans la mémoire de tout le monde que ça en devient presque normal

Raphaëlle Tervet

à franceinfo

La coach de Besançon estime qu'aujourd'hui "on a un petit ras le bol par rapport à ça, mais il faut qu'on se bouge si on veut que ça change". Toute une campagne de communication contre les discriminations va être lancée par "les Engagées", le nouveau nom de l'équipe. Mais sans télévision, pour le moment, pour lui donner de la visibilité.

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