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Samir Aït Saïd : "le bruit quand l'os casse"

"Quand je regarde la vidéo, je baisse le son": lorsqu'il visionne la scène de sa terrible fracture à la jambe gauche survenue aux JO de Rio, c'est surtout le bruit, plus encore que les images, qui glace d'effroi le gymnaste Samir Aït Saïd, quatre mois plus tard. Victime d'une double fracture ouverte tibia péroné, le gymnaste, de nouveau sur pieds et avec le moral, se remémoré ce moment douloureux dans un entretien à l'AFP alors qu'il participe aux Etoiles du sport. Il reprendra l'entraînement en juin, une fois son diplôme de kiné en poche, avec en ligne de mire les Mondiaux-2017 (2-8 octobre à Montréal).
Article rédigé par franceinfo: sport avec AFP
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3min
 

Avez-vous revu les images de votre jambe pendante ?
Samir Aït Saïd : "Pour moi ce n'est pas tant l'image avec la jambe en équerre qui me gêne, c'est vraiment le bruit. Le bruit quand l'os casse. Je ne l'ai pas entendu sur le moment mais à l'autre bout de la salle, dans les gradins, ils l'ont entendu. Alors quand je regarde la vidéo, on l'entend mais je baisse le son. Je n'aime pas ça".

Vous souvenez-vous de tout ?
S.A.S. : "Oui... Je me pète, sur le coup je n'ai pas mal, je n'entends rien. Je lève la tête, j'attrape ma jambe, je la vois à l'envers. "Est-ce que je rêve ?" Je voulais tellement refouler la réalité. J'ai regardé dans les tribunes et je voyais tout le monde avec les mains sur les yeux, je voyais des gens pleurer. Là, je me suis dit : "Merde je ne rêve pas, ma finale olympique c'est mort." A ce moment-là, je n'ai pas mal du tout. La douleur est arrivée sur le brancard quand ces guignols m'ont fait tomber, ils ont lâché le brancard, je suis tombé par terre et le tibia est ressorti! Là, j'ai eu une douleur intense. Après, l'opération s'est bien passée".

Vous y repensez souvent ?
S.A.S. : "Quand je me mets au lit et que je ne pense à rien, j'ai l'image du saut, de la blessure et les sensations. Je vois la jambe pendre, c'est ça que j'ai en tête, et ça m'arrive fréquemment".

Immédiatement, vous êtes projeté sur les JO en 2020...
S.A.S. : "Je ne l'ai pas fait exprès, c'est sorti de mon cerveau, mon cerveau est formaté pour les Jeux Olympiques. J'étais dans la salle de gym et je me suis dit : "Je ne peux pas faire ma médaille sur ces Jeux, je l'aurai aux prochains." C'est sorti tout seul, le mot a voulu sortir tout seul de ma bouche, c'était tellement fort".

Qu'avez-vous ressenti lorsque vous avez pu poser le pied par terre ?
S.A.S. : "Le lendemain de l'opération j'ai remarché, j'ai pris le déambulateur. Tu passes d'une jambe en 'Y' à une jambe droite. J'avais l'impression d'être un enfant. Je voulais montrer à tout le monde : "Regardez, je marche !" Comme les premiers pas d'un bébé. J'ai réappris à marcher, c'est dingue".

Avez vous hâte de redevenir un champion et non plus ce gymnaste à la jambe désarticulée ?
S.A.S. : "Vous savez ce que je veux ? Je veux que les gens se disent : "C'est le mec qui s'est pété mais de manière impressionnante et qui a réussi à revenir et à avoir sa médaille." Je veux que le message passe, dès qu'on a un pépin on peut surpasser tout ça".

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