Ça s'est passé le 18 juillet 1976 : Nadia Comăneci obtient le premier 10 de l'histoire des Jeux olympiques à seulement 14 ans
Talent précoce. Nadia Comăneci débuta en gymnastique à l’âge de six ans, devenant l’une des premières élèves de l’école fondée par l’entraîneur Béla Károlyi. Avant ses 10 printemps, la petite Roumaine est déjà championne nationale. Elle accumule les records et s'avance vers les compétitions internationales. En 1975, à 13 ans, Comăneci remporte l’or dans chaque épreuve aux Championnats d’Europe à l’exception des exercices au sol. Une première. Elle se prépare alors pour les Jeux olympiques. Le diamant brut est prêt à briller devant les yeux du monde entier.
Du jamais vu aux Jeux olympiques
Le lundi 19 juillet 1976, le gigantesque Forum de Montréal enregistre une affluence record de 18.000 personnes, pressés à l'idée d'assister au duel tant attendu. Les Soviétiques débarquent en grandissimes favorites et s'apprêtent à remporter leur septième titre olympique d'affilée par équipes. Les modestes Roumaines sont présentes en tant qu'outsiders. Mais c'est finalement la Roumanie qui va tirer son épingle du jeu et mettre à mal les filles d'URSS. Pourtant tout débutait bien pour les tenantes du titre. Olga Korbut est gratifiée d'un 9,90 points, la Soviétique, qui avait ébloui les Jeux de Munich en 1972, vient d'imprimer un rythme épatant. Cette prestation va vite être contrée par la petite Nadia.
L'adolescente de 14 ans prend possession du gymnase canadien et va illuminer tous les spectateurs d'une grâce inégalable. À la fin de son enchaînement elle salue les juges presque naïvement et s'en va rejoindre ses coéquipières, le plus naturellement du monde. Soudain, à côté de son numéro 73, la note s'affiche : "1.00". Sur le moment, tous les spectateurs s'interrogent. 1.00 ne veut rien dire... Vaincu, le système informatique s'avère incapable d'aligner les quatre chiffres d'une performance aussi inédite qu'improbable.
L'adolescente ne réalise pas tout de suite ce qu'il se passe. Je n'ai pas réalisé tout de suite, j'étais déjà concentrée sur la poutre, l'exercice suivant", se souvient-t-elle dans un entretien accordé à L'Equipe en 2018. "Et puis, comme d'habitude, je m'étais donné une note dans ma tête. À cause d'un petit écart de pieds en réception, je ne valais pas plus de 9,90 points. Une de mes coéquipières m'a tapé sur l'épaule, j'ai vu ce 1.00, j'ai entendu comme un bruissement dans les gradins et j'ai d'abord cru à une erreur. Puis il y a eu un énorme fracas, une explosion de joie : c'était un 10." La petite fée de Montréal vient de naître.
Un dix à sept reprises
Mais la native d'Onești n'est pas la première gymnaste de tous les temps à obtenir cette note parfaite. La Tchécoslovaque Vēra Čáslavska l'avait déjà obtenue en 1967. Comăneci est en revanche, la première à réaliser cette performance aux Jeux olympiques. Et la jeune Roumaine se n'arrête pas en si bon chemin. Elle marche véritablement sur l'eau durant cet été 1976. Au cours des Jeux, elle obtient la note suprême à sept reprises. La Roumaine remporte la médaille d'or en gymnastique au concours général, aux barres asymétriques et à la poutre, la médaille d'argent au classement par équipes, et enfin la médaille de bronze aux exercices au sol, montant ainsi sur cinq des six podiums possibles. Le raz de marée Comăneci est soudain et met les Soviétiques au tapis. La petite fée de Montréal stupéfait la planète entière tant elle rend la gymnastique si facile du haut de son petit mètre 62.
Elle est également la première gymnaste roumaine à remporter le titre au classement général des JO, ainsi que la plus jeune gymnaste à remporter ce titre, record désormais impossible à battre selon les règlements actuels. En effet, alors qu'il était encore possible en 1976 de se présenter aux JO à partir de l'âge de quatorze ans, il est aujourd'hui obligatoire d'avoir seize ans dans l'année. Nadia Comăneci fera donc partie de l'histoire pour l'éternité.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.