Griezmann, l'homme qui a réconcilié les Français avec l'équipe de France
L'équipe de France partait de loin. En novembre 2013, Le Parisien publiait un sondage selon lequel 79 % des Français avaient une mauvaise opinion des Bleus. En novembre 2015, en plein scandale de la sextape entre Mathieu Valbuena et Karim Benzema, un sondage d'Odoxa pour L'Equipe plaçait la côté d'amour des hommes de Didier Deschamps à 29%. Mais un sondage identique à avril 2016 avait fait passer ce chiffre à 51%. Au lendemain de la qualification pour la finale de l'Euro, après une nuit de fête dans les rues de France, l'équipe de France semble avoir renoué le fil avec ses supporteurs. Au Vélodrome, à l'initiative d'Antoine Griezmann, les joueurs de l'équipe de France ont communié avec leur public en reprenant le clapping islandais.
Antoine Griezmann, 25 ans, symbolise cette "nouvelle" équipe de France. Pas très grand (1.76m), pas le plus rapide, il est pourtant devenu l'un des meilleurs attaquants d'Europe, et même du monde. Pourtant, tout jeune, il avait été refusé par de nombreux centres de formation français, pour finalement migrer en Espagne à la Real Sociedad, à l'âge de 14 ans. Une histoire à la "Astérix" dont les Français raffolent. C'est de l'autre côté des Pyrénées qu'il s'est construit, a appris le "toque", ce jeu fait de redoublement de passes courtes rapides qui fait fureur en Liga, et la "grinta". "Il avait cette grinta en lui et l'a cultivée au contact de Simeone", estime Philippe Montanier, l'ancien entraîneur de la Sociedad qui l'a donc côtoyé là-bas.
Simeone en a fait un homme
Depuis deux saisons, le natif de Mâcon a franchi un palier au sein de l'Atlético Madrid. Sous la houlette de Diego Simeone, qui avait réclamé quelques mois après son arrivé à Madrid (pour un transfert de 30 millions d'euros) qu'il devait "devenir un homme", il s'est endurci. Dans une équipe où tous les joueurs défendent, où aucun n'est une star plus qu'un autre joueur, il a gardé les pieds sur terre. Devenu l'attaquant de référence dans le club finaliste de la dernière Ligue des Champions, il aurait pu changer de statut en équipe de France.
Vingt-deux buts en championnat (6e buteur de la Liga derrière Suarez, Cristiano Ronaldo, Messi, Neymar, et à deux longueurs de Benzema), un rôle prépondérant dans le parcours européen (5e meilleur buteur de la C1 avec 7 buts derrière CR7, Lewandowski, Muller et Suarez et devant Messi), et dans la lutte jusqu'au bout pour le titre de champion d'Espagne, "Grizou" aurait pu avoir la tête qui enfle. Il aurait pu prétendre, comme d'autres avant lui en équipe de France, jouer à tel poste, dans tel dispositif tactique. Il n'a pas changé. Avec ses coéquipiers en Bleus, et notamment Paul Pogba dont il est proche, il s'amuse, comme d'autres jeunes de son âge, sur les réseaux sociaux mais aussi sur le terrain.
Mis sur le banc de touche après le premier match de l'équipe de France contre la Roumanie, il avait répondu en inscrivant le deuxième but libérateur contre l'Albanie en étant rentré en fin de match. Depuis, il est devenu le leader offensif de l'équipe. Son entente avec Olivier Giroud crève l'écran. Avec six buts dans cet Euro, il est mathématiquement en position d'égaler Michel Platini, co-recordman de buts en championnats d'Europe avec CR7 mais le seul à avoir inscrit neuf buts en une seule édition. Mais à l'image du groupe façonné par Deschamps, il ne tire jamais la couverture à lui. "Mon seul objectif, c'est de soulever la coupe dimanche", assurait-il après la qualification, ne se souciant pas du nom des prochains buteurs tricolores.
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