Golf : Céline Boutier reine tricolore des greens après son sacre en Majeur, le premier pour une Française en 20 ans

La Francilienne a remporté, dimanche, l'Evian Championship, le premier Majeur de sa carrière et signé un exploit retentissant dans l'histoire du golf français.
Article rédigé par franceinfo: sport, Loris Belin
France Télévisions - Rédaction Sport
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Temps de lecture : 3 min
La Française Céline Boutier, vainqueur le dimanche 30 juillet 2023 de l'Evian Championship, un des titres les plus prestigieux de la saison de golf (FABRICE COFFRINI / AFP)

Sur les bords du lac Léman, c'est une déflagration immense pour le golf hexagonal. Ce dimanche 30 juillet, Céline Boutier a signé une performance majuscule en s'adjugeant l'Evian Championship, un des Majeurs de la saison et son tout premier titre à cet échelon. La meilleure Tricolore au classement hommes et femmes confondues s'impose plus que jamais comme la plus grande de son sport en France. 

A 29 ans, Céline Boutier a enfin conquis le Graal. elle qui figure parmi les joueuses les plus régulières du circuit LPGA, malgré un palmarès jusque-là limité (trois titres sur le circuit américain). Elle aura attendu le cadre presque parfait, devant le public français d'Evian-les-Bains, pour signer le plus grand exploit de sa carrière, "un rêve ultime" selon ses propres mots. D'une main de maître avec une carte de -14, six coups de moins que la tenante du titre, la Canadienne Brooke Henderson. La conclusion d'un tournoi parfait, dont elle avait pris la tête dès le deuxième tour, avant de creuser son avance inexorablement.

Au sommet du golf français

Dans sa quête de gloire, Céline Boutier n'a pas été à un paradoxe près. Si constante en 2022, la Française vit jusque là un exercice 2023 bien plus contrasté. Vainqueur du Drive On Championship en mars, faisant d'elle la huitième joueuse au classement mondial, du jamais-vu pour une joueuse française, elle avait, depuis, peiné à enchaîner, notamment dans les grands rendez-vous (45e de l'US Open le 6 juillet dernier). A Evian, Boutier n'avait jamais brillé, ne parvenant même pas à passer le cut l'an dernier. "En début de semaine, je ne me voyais pas gagner du tout" a-t-elle admis au micro de Canal + peu après son 72e et dernier trou.

Il lui a fallu rester solide jusqu'au bout, elle qui s'était effondrée en pareille situation lors de l'US Open 2019. Dimanche, elle a dompté la pression avec trois birdies sur ses cinq premiers trous. La voie royale pour succéder à Catherine Lacoste (US Open 1967) et Patricia Meunier-Lebouc (Kraft Nabisco Championship 2003), seules Françaises à avoir soulevé l'une des cinq levées majeures du circuit féminin. "Céline est une joueuse qui a toujours trouvé les ressources pour continuer à évoluer et aller chercher des performances au plus haut niveau, prophétisait "PML" au sujet de sa cadette en septembre 2021 pour Fairways Mag. Je pense qu'elle n'a pas dit son dernier mot… Alors pourquoi pas un Majeur dans les deux ans à venir !"

"Cette victoire, c'est 90% de travail, pas tant que ça de talent"

Céline Boutier

à Canal+ après sa victoire dans l'Evian Championship

Ce succès, Céline Boutier est allée la chercher avec les nerfs donc, mais sur la foi d'un travail acharné, depuis ses débuts au golf avec son père, immigré thaïlandais devenu mécanicien puis premier professeur très exigeant club en main.

A coups de 800 balles frappées quotidiennement quelles que soient les conditions au Paris Country Club, Céline Boutier s'est forgé un mental costaud, à peine masqué par sa timidité naturelle. Partie rapidement pour les Etats-Unis, la prestigieuse université de Duke, elle s'était imposée comme la meilleure joueuse du monde chez les amateurs en 2014. Suivie depuis par Cameron McCormick, également entraîneur de l'ancien numéro un mondial Jordan Spieth, elle n'a cessé de faire de l'entraînement son leitmotiv. "Cette victoire, c'est 90% de travail, pas tant que ça de talent" clamait-elle encore trophée à la main.

Il ne lui manquait qu'un titre en Majeur pour faire partie des meilleures du monde. "Cela fait bizarre de se dire que ça fait partie de l'histoire du golf français, mais j'essaie de ne pas trop penser à l'envergure des choses, parce que ça a tendance à me stresser un peu plus", admettait-elle en août 2022 à l'AFP. "Il m'a manqué jusque-là un peu d'expérience, mais de manière générale, j'ai tout ce qu'il faut, il n'y a pas de raison que je n'y arrive pas."

C'est désormais chose faite mais elle n'aura guère le temps de célébrer alors que l'attend dans à peine deux semaines une des autres grandes échéances de la saison, le British Open. Elle l'abordera avec un statut nouveau et une ambition décuplée. 

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