Gallas désigne Domenech comme coupable
On ne l'avait plus entendu de toute la préparation à la Coupe du monde. Muet, William Gallas a laissé l'équipe de France s'enfoncer sans parler publiquement. Deux jours après la première conférence de presse de Laurent Blanc en tant que sélectionneur, l'arrière d'Arsenal livre ses premiers sentiments, très acerbes, sur le fiasco. Et pour lui, aucun doute, c'est Raymond Domenech qui est le plus grand fautif: "S'il y a eu fiasco, il y a des raisons. Et pour moi il ne faut pas se voiler la face: elles viennent de l'entraîneur. Le vrai problème, c'est le sélectionneur (...). Je n'ai pas été bon, on n'a pas été bon. Mais le coach n'a pas été bon non plus. Même les entraînements n'étaient pas au niveau. Vous pouvez avoir les meilleurs joueurs du monde dans votre équipe, si vous n'avez pas l'entraîneur qu'il faut, vous n'aurez pas de résultats."
Conservé dans le groupe France malgré ses blessures à répétitions et la dernière en date qui l'a vu débuter le stage à Tignes sans être certain de pouvoir tenir sa place, William Gallas ne fait pas dans les détails. Pas de pitié. "Il y a vraiment eu un problème de communication", ajoute-t-il au sujet des relations entre les Bleus et leur sélectionneur, réfutant tout clan ("Il y avait une très bonne ambiance") et toute mise à l'écart de Yoann Gourcuff ("Personne n'a été écarté"). Cette déclaration vient pourtant contredire ce que Thierry Henry a ressenti durant ce Mondial... "Domenech n'était pas ouvert. Beaucoup de joueurs ne pouvaient pas parler avec lui. C'était mon cas. Ce qu'on dit n'a aucun poids. Donc, au bout d'un moment, on ne parleplus. Moi, je ne parlais plus. J'écoutais, je faisais ce qu'il me disait." Mais les raisons de cette volée de bois vert à l'encontre de l'ancien sélectionneur trouvent source dans le fait que le Gunner n'ait pas obtenu le brassard de capitaine alors que Henry était condamné au banc: "Le plus dur, c'est la façon dont ça s'est passé. Je le constate en entrant dans le vestiaire" du match amical contre le Costa Rica. "Il (Domenech) m'a dit: "De toute façon, tu ne seras pas un bon capitaine"."
Et de revenir sur le jeu, mais aussi sur la grève de l'entraînement: "Après l'Euro 2008, on savait tous que ce 4-3-3, avec un seul attaquant en pointe, ne fonctionnait pas. Il fallait jouer avec deux attaquants. Mais on n'a même pas essayé alors qu'on a eu du mal à se qualifier et que l'on a galéré très longtemps. Au bout d'un moment, il aurait fallu essayer autre chose". Et d'expliquer en détails que "l'idée de boycotter l'entraînement naît le dimanche matin, lors d'une réunion à laquelle assistent tous les joueurs (...) Tout le monde est d'accord pour boycotter l'entraînement. Les cadres n'ont pas du tout mis la pression. Nous voulions tous protester contre la décision prise par le coach et la Fédération. Surtout que le coach a expliqué que ce n'est pas l'insulte qui a provoqué l'exclusion mais le fait qu'il n'y ait pas eu de dialogue après... Alors que c'est lui qui l'a refusé!"
William Gallas a peut-être été silencieux trop longtemps, en tout cas, c'est le premier joueur du groupe des 23 à véritablement prendre une position tranchée sur les événements passés. "Domenech nous a martelé: "Mettez votre ego de côté". Mais je pense que lui a oublié de le faire". Bien évidemment, le poids des paroles de ce joueur de 32 ans aux 84 sélections auraient pu avoir beaucoup plus de poids si elles n'étaient pas teintées de rancoeurs personnelles et s'il avait réalisé des performances juste correctes en Bleu ces derniers temps. En outre, en fin de contrat avec Arsenal, le défenseur international tape sur un homme qui lui a donné un programme sur-mesure pour lui permettre de disputer cette Coupe du monde. Certains trouveront cette attitude ingrate. D'autres estimeront qu'il s'agit du premier jouer à "parler vrai". Enfin, certains pourront toujours estimer que le fait de "charger" l'ancien sélectionneur peut permettre à William Gallas d'effacer l'image de frondeur, au même titre qu'Evra, Abidal ou Ribéry, à l'heure où Laurent Blanc se met au travail. "J'ai envie. J'ai toujours envie. Mais il n'y a que le terrain qui peut décider", conclue-t-il au sujet des Bleus. Il n'est pas certain que cela sauve sa tête en Bleu. Surtout au moment où il n'est plus sous contrat en club. En revanche, cela peut gommer légèrement cette image négative auprès de certains dirigeants de clubs. Etait-ce le but de ces déclarations ?
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