Football : imbroglio autour de la libération des internationaux en temps de Covid et d'isolement obligatoire
C’est une circulaire qui fait beaucoup parler et qui pourrait être à l’origine de litiges entre clubs et sélections nationales. En août dernier, en raison de la pandémie, la FIFA assouplissait son règlement pour permettre aux clubs de ne pas mettre leurs joueurs à disposition des sélections si "une quarantaine ou période d’auto-isolement d’au moins cinq jours est obligatoire" à leur retour en club.
Cette circulaire, renouvelée le 5 février dernier, vient modifier le règlement de la FIFA, qui prévoit habituellement qu’un club "ayant enregistré un joueur doit mettre ce joueur à la disposition de l’association du pays pour lequel le joueur est qualifié, sur la base de sa nationalité, s’il est convoqué par l’association en question. Tout accord contraire entre un joueur et un club est interdit".
Cette mise à disposition est "obligatoire pour toutes les périodes de matches internationaux figurant dans le calendrier international des matches".
Les clubs saisissent la brèche qui leur est laissée par les règlements et s’y engouffrent
Profitant de cet assouplissement, les clubs professionnels français ont décidé de retenir leurs joueurs non-européens, ou qui devaient jouer des matches dans des pays hors de l’Union européenne. "On peut comprendre les intérêts de chacun : les clubs veulent certainement protéger la santé de leurs joueurs et compter sur leur effectif au complet pour le championnat, mais les sélections veulent disposer de leurs meilleurs joueurs pour les qualifications à de grandes compétitions", explique Maître Antoine Semeria, avocat spécialisé dans le droit du sport.
"Les clubs saisissent la brèche qui leur est laissée par les règlements et s’y engouffrent pour retenir leurs joueurs. On assiste peut-être à des débuts de litiges", ajoute-t-il.
Des réponses aux convocations hors délai ?
Le Sénégal fait partie de ces sélections qui s’estiment lésées. Douze joueurs évoluant en France, dont les Parisiens Idrissa Gana Gueye et Abdou Diallo, auraient dû rejoindre les Lions de la Teranga. Dans un courrier adressé à la Fédération française de football, la Fédération sénégalaise s’est plaint du non-respect du délai de réponse aux convocations des joueurs - la qualifiant de "discriminatoire" - et demande à ce que leurs internationaux puissent participer aux prochains matches éliminatoires de la CAN face au Congo le 26 mars à Brazzaville et l'Eswatini le 30 mars à Thiès.
Elle dit avoir envoyé les convocations aux joueurs concernés le 5 mars dernier, mais n’avoir reçu les réponses que le 17 mars, avec le communiqué de la Ligue de football professionnel indiquant que les clubs s’étaient entendus pour de pas libérer leurs joueurs. Or, d’après le règlement de la FIFA, les clubs ont six jours pour répondre à la convocation d’un joueur. "On est là en présence d’un imbroglio juridique, qui pourrait poser problème. La FIFA va devoir trancher ce différend", estime Maître Semeria.
Dans les autres championnats européens, l’Allemagne a accordé une dérogation à ses joueurs évoluant en Premier League, permettant à Joachim Löw de sélectionner Timo Werner, Ilkay Gündogan et Kai Havertz. En revanche, le Bayern Munich n'a pas l'intention de libérer Robert Lewandowski, ni David Alaba pour les matches de la Pologne en Angleterre et de l'Autriche en Écosse fin mars, en raison de l'obligation de quarantaine au retour.
En Angleterre, l’entraîneur de Manchester City, Pep Guardiola, voudrait retenir ses joueurs portugais, qui doivent disputer un match en Serbie, hors de l’UE.
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