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Un sponsor à neuf chiffres pour le PSG : la machine de guerre est lancée

D'après "Le Parisien", la Qatar Tourism Authority a accepté de sponsoriser le club pour un montant record, entre 150 et 200 millions d'euros. La condition indispensable pour être un grand d'Europe ?

Article rédigé par Pierre Godon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Le bus du PSG devant le Parc des princes, le 19 octobre 2012.  (ALEXIS REAU / SIPA)

Zlatan Ibrahimovic, Thiago Silva, Lucas Moura ou Marco Verratti, les recrues stars du PSG, ont un prix. Le club, qui a obligation de montrer patte blanche devant le gendarme financier du foot français, a trouvé son nouveau sponsor, la Qatar Tourism Authority, l'agence du ministère du Tourisme du Qatar, selon Le Parisien du jeudi 20 décembre. Un signe de plus que le PSG est passé dans la cour des grands. 

Qui dit grande équipe dit stars

"Le PSG doit dépenser vite et beaucoup pour entrer dans la cour des grands clubs européens", explique l'économiste Vincent Chaudel sur L'Equipe.fr. La première année, comptez un gros transfert pour avertir le monde du foot que vous existez (Pastore), la seconde année, une ou deux stars internationales (Ibrahimovic et Silva), et ensuite de bons joueurs pour avoir des cadors dans chaque ligne. Les mécènes passent, à Chelsea, à Manchester City et maintenant à Paris, la méthode reste.

Qui dit stars dit grosses dépenses

Le PSG n'a jamais été profitable depuis 1999. Depuis cette date, il a cumulé 300 millions d'euros de pertes, et prévoit d'en perdre encore 170 millions sur 2011-2013, note le blog spécialisé The Swiss Ramble (en anglais). Des chiffres inacceptables pour l'UEFA. L'instance qui organise les compétitions européennes a mis en place le fair-play financier, un mécanisme de contrôle des dépenses des clubs. Si une équipe perd plus de 45 millions d'euros sur trois ans, à partir de la saison 2013-2014, elle sera interdite de Coupe d'Europe après examen de son dossier par l'UEFA.

Et pas question qu'un mécène investisse à fonds perdus des pétrodollars pour combler les pertes : il faut que les finances du club soient structurellement équilibrées. Selon les critères actuels, le PSG serait banni des Coupes d'Europe, relève le blog SportBiz

Qui dit grosses dépenses dit gros sponsors

Si on ne peut pas diminuer les coûts, il faut impérativement augmenter les recettes. "Dans cinq ans, nous gagnerons de l'argent", a déclaré le cheikh Nasser Al-Khelaïfi lors du rachat du club, à l'été 2011. Le prix des places a augmenté de 30%, le tarif des loges VIP a pris le même chemin, le Parc des princes va être agrandi pour augmenter les recettes, mais ça ne suffira pas.

Le principal axe de développement, ce sont les sponsors. A l'heure actuelle, le PSG a un contrat avec Nike à hauteur de 6 millions d'euros annuels. Cinq fois moins que Barcelone, sous les mêmes couleurs. Et le sponsor maillot, la compagnie aérienne Fly Emirates, verse 3,5 millions annuels pour figurer sur le maillot bleu et rouge. C'est moins que ce qu'obtient l'OM. Le recordman du genre, c'est Manchester United, qui compte obtenir 50 millions d'euros sur dix ans pour son maillot d'entraînement, raconte le Guardian.

Auréolé de son nouveau statut d'équipe-phare, le PSG a réduit son nombre de partenaires de 50 à 15. Désormais, avoir sa marque accolée au PSG, c'est rare donc c'est cher, avec des tarifs multipliés par deux et un profil de marque internationale connue en Asie et aux Etats-Unis, expliquait Jean-Claude Blanc, dirigeant du club, sur RMC. Certains ont déjà imaginé le maillot Chanel du PSG. Un sponsor très très très généreux comme la Qatar Tourism Authority, propriété de l'Etat qatari comme le PSG ou Al-Jazeera, qui verserait d'après Le Parisien 150 à 200 millions d'euros annuels, est le bienvenu.

Zlatan Ibrahimovic salue le public après la victoire du PSG contre Reims, le 20 octobre 2012. (FRANCK FIFE / AFP)

Qui dit gros sous dit contrat à prix d'ami ?

"Il y aura des petits malins qui vont contourner les règles." Le président de l'UEFA, Michel Platini, interviewé dans Le Parisien en août 2011, n'était pas dupe sur les moyens de contourner le fair-play financier. Des sociétés qui sponsorisent des clubs proches, cela s'est déjà vu. Manchester City a obtenu en 2011 un contrat de "naming" de son stade absolument royal, à hauteur de 50 millions d'euros annuels, dix fois le second stade le plus cher en Europe. L'heureux contractant : Etihad, la compagnie aérienne déjà sponsor maillot du club, et qui appartient à Abu Dhabi, comme Manchester City.

La société Gazprom, elle, a passé un juteux contrat, dont le montant est confidentiel, avec Chelsea. Or, le patron de Chelsea, Roman Abramovitch, a été patron de Gazprom jusqu'en 2005. Des contrats à prix d'ami, "déconnectés de la réalité économique" dans le jargon de l'UEFA, que celle-ci essaie d'interdire.

Il n'y a pas qu'en foot que le PSG a changé de dimension. Au handball, grâce à son recrutement quatre étoiles et aux soucis de Montpellier, il caracole en tête du championnat. Et cherche également un sponsor maillot à 700 000 euros annuels, là encore un record absolu pour le championnat de France. 

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