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REPORTAGE | Le marché noir, une mine d'or pour les revendeurs de billets

Certains supporters sont prêts à acheter leur place au marché noir dix fois leur prix pour assister à un match de leur équipe à ce Mondial. Un business fructueux pour les revendeurs de billet.
Article rédigé par Germain Arrigoni
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (3,7 millions de places disponibles pour tous les matches du Mondial 2014 © Reuters)

Quand on est fan, on ne compte pas. De nombreux supporters cassent leur tirelire pour acheter au marché noir le billet pour voir le match de leur rêve. Une activité illégale car seule la FIFA est autorisée à vendre ou revendre les 3,7 millions de places disponibles pour tous les matches de ce Mondial.

Un marché parallèle juteux

Pourtant, ils sont des centaines à arpenter les rues de Rio ou à se rendre dans les billetteries à la recherche du précieux sésame. La plupart sont vite découragés. "C'est du foutage de gueule" , lâche écœuré Maxime. "La moindre place de phase finale coûte jusqu'à dix fois plus cher qu'à la mise en vente" , s'énerve cet amoureux des Bleus.

Les matches de poules étaient les plus abordables. "J'ai acheté un billet à 300 euros pour voir France-Equateur au Maracanã" , témoigne Michel. Au départ elle était autour de 70 euros. "C'était le prix à payer pour être dans les tribunes de ce stade mythique plutôt que devant la télévision" . Le choix est donc vite fait pour ceux qui ont les moyens.

Mais le "record" de la plus grosse marge revient au billet pour voir le vainqueur soulever la Coupe du Monde dimanche en finale. Selon un supporter tricolore intéressé, "la place atteint 25.000 reais (plus de 8.000 euros, ndlr) !" . Soit dix fois le prix de la place en catégorie 1, la meilleure. "Je ne peux pas laisser quatre mois de salaire pour un ticket" , regrette-t-il amer.

  (Dans le métro, des supporters de l'Argentine cherchent des places pour voir la finale © Reuters)

"J'ai gagné 2.000 euros"

"A l'approche du Mondial, je savais qu'il y avait de l'argent à se faire" , lâche Romain, un Français qui travaille au Brésil depuis deux ans. Sa technique est très simple : acheter les billets des matches qui intéressent le plus puis les revendre au public concerné. "Les matches de l'équipe de France n'ont pas beaucoup marché. En revanche, ceux de l'Argentine et du Chili ont cartonné."

En tout, ce trentenaire originaire de Montpellier a revendu une vingtaine de billets avant d'arrêter par "peur de se faire gauler" . Avec une marge de 15 à 30% par ticket, "j'ai gagné autour de 2.000 euros en trois semaines de compétition" , sourit-il.

Le billet le plus cher pour la finale est à 8.000 euros"

Bouche à oreille

Alors que autorités brésiliennes ont démantelé un de trafic de billets, le marché noir continue d'être alimenté en cette fin de Mondial. La plupart des billets sont revendus grâce principalement au bouche à oreille mais également aux réseaux sociaux. Les personnes intéressées sont en contact direct avec les intermédiaires voire parfois avec les détenteurs des places.

Autour du mythique stade Maracanã par exemple, une vingtaine de revendeurs sont assez facilement reconnaissables : ils fonctionnent par paire et annoncent à mi-voix "ticket ", dans un anglais approximatif. Une fois la conversation engagée avec eux, il y a très peu de marge de négociation pour le billet. A payer en liquide, évidemment, pour ne pas laisser de traces.

  (La police contrôle les billets de supporters aux abords du Maracanã © Reuters)

Si les revendeurs et les acheteurs encourent deux ans de prison, les risques de se faire prendre sont minces. Bien que les billets soient nominatifs, "les contrôles d'identité sont quasi inexistants quand vous entrez dans le stade", souligne un supporter.

Depuis le Mondial, seule une centaine de personnes a été interpellée. Pourtant, des dizaines de milliers de billets sont passés de main en main depuis le début de la compétition.

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