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L'avant-match de la Coupe de la Ligue, ou le Super Bowl à la française (en moins bien)

Si, si, le show d'avant match de la Coupe de la Ligue s'inspire de son (grand) voisin américain. Même si ce n'était pas évident tous les ans.

Article rédigé par Pierre Godon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Les pom-pom girls animent l'avant-match de la finale de la Coupe de la Ligue entre le PSG et Bastia, le 11 avril 2015, au Stade de France (Saint-Denis). (MAXPPP)

Il y a la Coupe de France, les flonflons de la tradition, la Marseillaise et le passage en revue des deux équipes par le président de la République. Et puis il y a la Coupe de la Ligue, qui a tout juste soufflé ses vingt bougies, et cherche à développer une image plus jeune et festive avec un avant-match "à l'américaine".

"Notre inspiration, c'est le Super Bowl", affirme-t-on à la Ligue de football professionnel (LFP), interrogée par francetv info. Après des années de tâtonnements, les supporters qui assisteront à la finale entre le PSG et Lille, samedi 23 avril, auront droit à un concert d'avant match. Maître Gims va-t-il les convaincre ?

Concert raté et animations bancales

Depuis le lancement de la Coupe de la Ligue en 1995, la LFP, qui organise l'évènement, a tout essayé. D'abord un concert, avec le chanteur Cali sur la pelouse et ses musiciens pendant trente minutes, en 2008. Pour un succès mitigé : le chanteur avait affirmé être neutre dans la presse nationale, mais supporter de Lens dans La Voix du Nord. D'où la scène surréaliste d'une moitié du stade (lensoise) qui chante avec lui, et les supporters parisiens qui le sifflent de l'autre côté. "Quand j'ai vu leur réaction, j'ai dit au bout de trois minutes à mes musiciens que l'on devait se tourner vers eux [les Lensois], et que c'était uniquement pour eux que l'on jouait", confie Cali quelques semaines plus tard au site Lensois.com

Virage à 180 degrés les années suivantes, avec des animations visuelles. Un remake, en plus petit, de cérémonies d'ouverture comme celle du Mondial 1998 avec le cultissime géant Moussa.

Une photo publiée par Tristan (@betristan) le

Des pieds géants pour taper dans des ballons, des dirigeables aux couleurs des deux équipes, des pom-pom girls rouges et vertes pour un Rennes-Saint-Etienne ou une autre fois une chorégraphie façon gladiateurs où les boucliers des danseurs formaient l'écusson de chaque équipe (ou presque).

Sans oublier l'arrivée du trophée en rappel depuis un hélicoptère du Raid. A la Ligue, on ne cache pas le côté "laboratoire" de l'avant-match.

Pluie de critiques sur les réseaux sociaux

La formule "spectacle" a reçu une pluie de critiques sur les réseaux sociaux (comme à peu près tous les évènements du genre qui n'ont pas le budget de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques).

A la Ligue, on argue que la satisfaction du public, mesurée par une enquête qualitative pour chaque animation, atteint des taux d'approbation supérieurs à 80%. Et que cette formule hybride avec plusieurs heures de divertissement autour du match permet d'attirer un public plus large, qui n'a pas l'habitude d'aller au stade. Dont par exemple 22% de femmes, soit deux fois plus que la moyenne d'un match de Ligue 1, note l'agence Répucom qui signe l'étude 2015. Avec une nuance de taille : toujours d'après cette enquête, l'animation préférée du public était... la distribution de 50 000 drapeaux aux couleurs des deux équipes dans les travées du Stade de France.

Maître Gims, joue-la comme Michael Jackson

D'où le retour, cette année, à un concert d'un des artistes les plus populaires du moment : Maître Gims. Comme Cali, il aime le foot, mais contrairement à lui, il ne supporte aucune équipe en particulier. Ce Parisien de naissance a quand même accepté une invitation à assister à l'entraînement de l'OM, et un maillot du club phocéen signé par André-Pierre Gignac et ses coéquipiers. Mais il a aussi tourné un clip où apparaissait un maillot de Montpellier (à la 14e seconde de la vidéo). Un club qui arbore sur son short, la publicité du label de Maître Gims, Wati B. Bref, le rappeur préféré des préadolescents brouille les pistes. 


Qu'est-ce que ça va donner au Stade de France ? Pas sûr qu'on atteigne les niveaux pharaoniques du Super Bowl : en 2015, Katy Perry avait changé quatre fois de tenue, entonné six chansons avec des guest-stars prestigieuses – comme Lenny Kravitz –, et était entourée d'une centaine de danseurs, dont deux déguisés en requins gonflables. Coût des quinze minutes de show retransmises en mondovision (plus de 100 millions de télespectateurs, 40 millions sur Youtube) : six millions de dollars. Soit quinze fois plus que ce que la LFP a investi sur l'avant-match de la finale de 2015.

Mais qui sait ? Maître Gims réussira peut-être à rééditer la performance de Michael Jackson, qui avait captivé les téléspectateurs durant la mi-temps du Super Bowl 1993 alors que le match était déjà plié, raconte le Wall Street Journal.

Prochaine étape, rafraîchir la cérémonie pré-Coupe de France. Ce qu'a réussi avec succès la FA Cup anglaise, qui fait chanter la même chanson – religieuse, datant du XVIIIe siècle – par un artiste ou une chorale de supporters, repris par le public enthousiaste de Wembley. "Avec 500 millions de téléspectateurs, c'est le plus grand service religieux du monde", a même ironisé le site Christian Today. On ne peut pas en dire autant de nos finales nationales. 

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