ENTRETIEN. "Une fierté" : Marquinhos, recordman de matchs avec le PSG, égale Jean-Marc Pilorget
Loge QSI, Parc des Princes : c'est dans ce salon cossu du stade parisien que Marquinhos a rendez-vous avec un pan de l'histoire du club de la capitale, Jean-Marc Pilorget. Formé au club, le défenseur a porté le maillot de 1975 à 1989 et comptabilise 435 matchs sous le maillot rouge et bleu. Un record égalé samedi 6 avril par le Brésilien, au club depuis 2013. L'occasion pour les deux hommes de se rencontrer et d'évoquer ce cap symbolique et historique.
franceinfo : Marquinhos, que représente pour vous de battre le record du nombre de matchs joués sous le maillot du Paris Saint-Germain ?
Marquinhos : Une grande fierté. C’est un honneur pour moi, je suis arrivé très jeune au Paris Saint-Germain, j’avais 19 ans. Et à cet âge, là on n’imagine jamais avoir une telle longévité, surtout dans le football d’aujourd’hui. Cela fait plaisir, j’essaye de mettre de plus en plus mon nom dans l’histoire du PSG. Quand on regarde, en arrière, cela fait vraiment plaisir, c’est vraiment un honneur de rejoindre un joueur comme Jean-Marc. Plus de 400 matchs, c’est énorme ! Cela veut dire quasiment 40 matchs en moyenne par saison. C’est une fierté de savoir que le club a eu cette confiance en moi.
Jean-Marc Pilorget : J’ai eu cette grande fierté de porter ce maillot, d’avoir ce record. Très honnêtement, il y a quelques années je pensais que personne n’allait le battre (sourires). Et puis ce garçon est arrivé, jeune comme il l’a dit. C’est tellement rare dans le football actuel de voir des joueurs rester autant de temps dans un club que je suis fier de voir ce garçon battre ce record. En plus on a joué à peu près au même poste, on a été peu capitaine aussi tous les deux, je crois qu’il y a pas mal de similitudes. Je ne le connais pas personnellement, mais je pense que c’est un homme bien.
Il faut être défenseur pour battre des records ?
Marquinhos : Peut-être (rires). C’est vrai que les défenseurs ont souvent plus de longévité au sein d’un club, ils aiment être fidèles, cela a été le cas pour nous deux, cela fait partie de nos caractéristiques.
Vous y pensiez, quand vous êtes arrivé au PSG, en 2013 ?
Non, sincèrement. Je voulais juste venir ici pour jouer avec des idoles, des grands joueurs, cela a été une opportunité, un honneur pour moi d’être dans cette équipe et d’avoir plus de visibilité. Le temps a passé, plus on joue, les marques importantes commencent à apparaître, et plus on se rapproche, tout le monde en parle, on commence à y penser. Je suis arrivé jeune, je n’étais pas sûr de jouer, je ne savais comment allait être ma vie, il peut y avoir plein de circonstances mais aujourd’hui j’en suis là et je suis très fier.
Comment vous percevez Marquinhos, son évolution sportive ?
Jean-Marc Pilorget : C’est un joueur qui donne le maximum à chaque fois sur le terrain. Parfois il est très bon, d’autres fois il est un petit peu moins bon, mais c’est un garçon qui ne triche pas. Les supporters savent reconnaître les joueurs qui ne trichent pas. Son premier but, il l’a marqué en Ligue des champions (face à l’Olympiakos, le 17 septembre 2013, victoire 4-1 du PSG), je ne sais pas quelle sera sa destinée, si à la fin de la saison il va rester au club ou partir, mais puisque son premier but il l’a marqué en Ligue des champions, pourquoi ne pas aller en finale cette saison et marquer le but de la victoire ?
Marquinhos : C’est incroyable (rires) ! Je vais garder ça dans un petit coin de la tête et je vais me motiver pour ça en vue de la fin de saison.
Vous êtes au club depuis 11 ans, vous détenez le record du nombre de matchs joués, quid de l’avenir ? À Paris ou ailleurs ?
"J’ai toujours envie de rester au PSG, après dans le football, on sait comment ça évolue, si le club veut ou non de moi. Mon envie est de rester ici, je ne pense pas à aller chercher d’autres choses ailleurs."
Marquinhos, capitaine du PSGà franceinfo
Qu’est-ce qui aura été le souvenir le plus marquant en onze ans au PSG ?
Marquinhos : J’ai plein de souvenirs. Le premier match est toujours marquant. La finale de la Ligue des champions a été aussi un moment très spécial pour nous, le club, et le contexte hors foot avec le Covid. Et puis par rapport à ma vie personnelle, mes trois enfants qui sont nés ici en France, tout ce que j’ai vécu ici a été très marquant, c’est ce que représentent le PSG et la ville pour moi.
Marquinhos : "Thiago Silva est mon idole"
Jouer plus de dix ans au PSG, c’est rare de rester aussi longtemps. C’était peut-être plus simple pour vous à l’époque ?
Jean-Marc Pilorget : Pour en avoir discuté avec un certain nombre, on me parle souvent d’une pression difficile à gérer. Je n’ai pas connu ça. Je suis né à Paris, j’ai refusé des clubs car j’avais un rêve, c’était jouer au PSG. Je me sentais chez moi, la pression je ne l’ai jamais connu. Aujourd’hui, c’est plus complexe, encore plus quand on n’est pas français, qu’on vient d’un pays étranger. Ce qu’a fait Marquinhos, c’est remarquable, et cela pourrait servir à pas mal de personnes.
Marquinhos : Le football a changé un peu, avec tout ce qu’il y a en dehors, les réseaux sociaux, les télés. Mais un joueur de foot doit savoir gérer ça, avoir des conseils, des cours pour pouvoir se concentrer uniquement sur le terrain. Si un joueur veut rester longtemps au Paris Saint-Germain, il doit gérer toutes ces critiques. En dix ans, tu vas avoir des bons moments, d’autres un peu plus difficiles. J’ai toujours tout donné sur le terrain et je donne tout ce que je peux, et c’est ce que les supporters aiment le plus d’un joueur de foot, surtout au PSG.
Quels sont les joueurs qui vous ont aidé au Paris Saint-Germain ?
Tous les coéquipiers sont importants dans une carrière de joueur. Tu en as toujours qui sont plus proches, je pense notamment à Thiago Silva, Lucas, Neymar et d’autres qui ont été avec moi dans ce parcours-là. Mais c’est vrai que Thiago, quand je suis arrivé, j’avais dit que c’était mon idole. Quand une idole se transforme en ami, on s’entendait très bien, aussi bien sur qu’en dehors du terrain, c’est pour ça que ça fonctionnait très bien.
C’est vous désormais le grand frère, qui doit transmettre à des joueurs, comme Beraldo par exemple.
Marquinhos : Je l’espère, je serai très fier d’être ce que Thiago a été pour moi. J’essaye toujours d’aider Lucas, d’être avec lui. J’ai connu aussi cette transition, un jeune joueur qui arrive dans une très grande équipe qui a beaucoup d’objectifs très importants à chercher. Je serai toujours là pour lui et qu’il puisse s’appuyer sur moi pour que je l’aide le plus possible.
Jean-Marc Pilorget, vous avez connu un PSG qui avait des ambitions plus "nationales", qui n’était pas tout le temps qualifié pour la Ligue des champions. Les temps ont changé, le PSG est systématiquement en Coupe d’Europe, quelles sont vos attentes ?
Jean-Marc Pilorget : il y a un peu des similitudes entre les deux générations. J’ai l’impression aujourd’hui que les gens rigolent du Paris Saint-Germain au sujet de la Ligue des champions avec toutes les mésaventures qu’il y a pu avoir, et ses différents parcours, cela me rappelle quand j’ai débuté, les gens pensaient qu’on n’était pas un club sérieux, mais quand on a gagné la Coupe de France (en 1982 et 1983) cela a un peu changé, il y a eu un tournant quand on a été champion de France (en 1986). Mais je crois qu’un jour, tout le monde va se taire car Paris va gagner la Ligue des champions. Moi, en 14 ans, j’ai gagné deux Coupes de France et un championnat. Maintenant, ils sont champions pratiquement tous les ans. C’est un club qui gagne aujourd’hui, alors qu’à l’époque on n’était un club naissant.
Marquinhos : Chaque saison a son histoire. La Ligue des champions, c’est l’une des compétitions les plus dures au monde, il n’y a pas de cadeau, c’est un objectif difficile à obtenir. Mais comme tous les autres titres. Il y a deux saisons, on n’a pas gagné la Ligue 1. Ne pas remporter la Coupe de France ou avant, la Coupe de la Ligue, cela fait mal. Il ne faut pas banaliser ces trophées. Pour aller loin en Ligue des champions, il faut tout donner sur le terrain les week-ends.
Vous avez un entraîneur qui vous aide à aller dans ce sens, Luis Enrique, il a l’air d’être le bon entraîneur, au bon endroit.
"C’est ce qu’il nous dit depuis son arrivée, il veut nous préparer cette équipe pour jouer tous les matchs à fond, à 120%. Et dès qu’il y en a un qui pousse un peu moins, il fait des changements. Il nous pousse tous les jours. On aime avoir un entraîneur qui nous fait aller de l’avant."
Marquinhos, au sujet de son entraîneur Luis Enriqueà franceinfo
Jean-Marc Pilorget : C’est une certitude que Luis Enrique est un bon coach, mais je crois que le Paris Saint-Germain a eu beaucoup de bons entraîneurs, cela ne fait pas tout. L’important, c’est le groupe de joueurs, l’osmose qu’il peut y avoir, entre eux et avec l’entraîneur. Les joueurs sont dans de bonnes mains, maintenant il y a plein d’objectifs et on espère qu’ils vont tous se réaliser.
Qui pourrait vous succéder dans dix ans ?
Marquinhos : Les records sont là pour être battus. Cela sera pour moi une grande fierté, car cela voudra dire que ce joueur aura respecté le maillot, le club, les supporters en passant toutes ces années au PSG. Je pense à Warren Zaïre-Emery, à Ethan, j’espère qu’ils auront une bonne longévité au club pour pouvoir me battre.
Quel regard vous portez justement sur Warren Zaïre-Emery ?
C’est un jeune qui a tout de suite montré qu’il était un grand sur le terrain. À l’entraînement, on voyait la différence, on a tout de suite vu qu’il était prêt. Le club lui a fait confiance. C’est un garçon très humble qui travaille beaucoup. On voit la différence quand quelqu’un est sérieux et a cette mentalité. Je suis très fier qu’il soit content au PSG.
Que peut-on souhaiter à Marquinhos ?
Jean-Marc Pilorget : Je lui souhaite de prendre encore beaucoup de plaisir sur le terrain, gagner des titres et être en accord avec lui-même. Faire ce qu’il a envie de faire, de sa fin de carrière car il commence à avoir un petit peu d’âge, il y en a plus derrière que devant (rires), mais la finalité elle doit toujours être belle.
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