Premier League : Tottenham - Arsenal, derby de la déprime dans le nord de Londres ?
Les jours passent et se ressemblent dans le nord de Londres. À Islington comme à Haringey - du nom des deux districts qui abritent les clubs d'Arsenal et de Tottenham - les nuages s'accumulent et ont du mal à s'échapper depuis plusieurs mois. Les résultats des deux rivaux suivent à peu de choses près la même courbe, au point que la situation devient terriblement paradoxale pour les supporters des deux camps : si sur le papier tout les oppose, aujourd'hui sur le terrain tout les rassemble ou presque.
Qualité de jeu aléatoire, performances en dents de scie, quelques tensions en interne... On pourrait pousser la comparaison jusqu'au classement des deux équipes en Premier League. Ce dimanche au Tottenham Hotspur Stadium, on sera loin d'un choc pour la Ligue des champions entre Spurs (9es) et Gunners (8es), englués en milieu de tableau avec des statistiques quasi-similaires (49 points contre 50, 52 buts marqués contre 50, 44 buts encaissés contre 42). L'optique d'une 6e place qualificative pour la Ligue Europa existe encore pour les deux clubs. Mais les garanties sont inexistantes.
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La difficile épreuve de la reconstruction
La finale de C1 perdue l'an passé par les coéquipiers d'Hugo Lloris a définitivement fini de rapprocher Spurs et Gunners, qui ont tous deux échoué à inscrire leur nom au palmarès (Arsenal finaliste en 2006). Dans les travées de l'Emirates Stadium, quelques blagues provocatrices raillent encore l'absence de trophées de leur rival depuis une Coupe de la ligue anglaise en 2008. Mais le temps où les supporters des Canonniers fêtaient le St Totteringham's Day - moment de la saison à partir duquel Tottenham ne pouvait mathématiquement plus revenir à hauteur d'Arsenal au classement - semble bien loin. Désormais, les deux clubs se frottent à la difficile épreuve de la reconstruction.
Exit Unai Emery et Mauricio Pochettino sur le banc, tous deux remplacés à dix jours d'intervalle fin novembre. Mikel Arteta, ancien capitaine des Gunners, s'est lancé dans une première expérience en tant que coach avec la lourde tâche de redonner de la confiance à des joueurs qui, pendant des années, ont adopté la philosophie d'Arsène Wenger. Et sa "patte" est déjà palpable avec un travail accentué sur les efforts défensifs et une meilleure utilisation de la largeur, l'équipe ayant troqué son 4-2-3-1 pour un 3-4-3 ces dernières semaines. Bien sûr, le tout reste très perfectible - il suffit de jeter un oeil aux sorties de David Luiz pour s'en rendre compte - mais le processus est engagé et Arsenal semble regagner en stabilité (22 matches toutes compétitions confondues sous Arteta pour douze victoires, six nuls et quatre défaites). Reste, comme pour les Spurs, à bien négocier les renouvellements de contrats durant cet été si particulier.
Côté Tottenham, on a privilégié l'expérience d'un José Mourinho pour redonner de l'allant à une équipe méconnaissable depuis son échec en Ligue des champions. Les maux sont peu ou prou les mêmes, à savoir une assise défensive très friable. D'un style flamboyant sous Pochettino, les Spurs ont été quelque peu mis au pas sous la rigueur tactique du Portugais. Attaques placées, moins de projections vers l'avant... De quoi rendre les qualités d'un Tanguy Ndombélé presque accessoires diront les plus cyniques. Le bilan est pour le moment très mitigé depuis l'arrivée du "Special One" dans le nord de Londres (31 matches toutes compétitions confondues pour treize victoires, huit nuls et dix défaites) et un revers ce dimanche viendrait très fortement accentuer la pression sur ses épaules.
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Le nord de Londres cherche un maître
"Ça va être un match étrange", a prévenu Mikel Arteta en conférence de presse d'avant-match. Sans spectateurs, la rivalité entretenue entre les deux frères ennemis s'annonce plus cordiale, dans les tribunes en tout cas. Car sur le terrain, l'impérieuse nécessité de gagner des points va compter dans chacun des duels.
C'est en quelque sorte l'autre paradoxe de ces derbys : toujours très spectaculaires et engagés, ils permettent rarement à une des deux équipes de ramener la victoire. Preuve en est, sur leurs dix derniers affrontements en Premier League, on dénombre pas moins de cinq nuls (pour trois victoires de Tottenham et deux d'Arsenal). Le nord de Londres espère cette fois se trouver un maître, bien loin de la déprime ambiante.
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