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Premier League : L'empire du "sauveur de Leicester" incertain après sa mort

La mort ce week-end dans le crash de son hélicoptère du propriétaire du club de football de Leicester City pose la question de l'avenir du groupe du milliardaire thaïlandais.
Article rédigé par franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
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A 60 ans, Vichai Srivaddhanaprabha était le cinquième homme le plus riche de Thaïlande, selon le classement de Forbes, avec une fortune estimée à près de cinq milliards de dollars. Il avait bâti en quelques décennies un empire du duty-free très lucratif, King Power, en situation de monopole dans les aéroports de ce pays visité chaque année par des dizaines de millions de touristes.

"Ce n'était pas un héritier d'une riche famille mais un vrai battant", souligne le politicien Anutin Charnvirakul, saluant le "modèle pour la jeune génération", d'homme d'affaires avisé, incarné par Vichai. La success story du club anglais de Leicester, qu'il a réussi à faire grimper en tête du Championnat de foot anglais en 2016, a aussi beaucoup joué dans la création du mythe Vichai ces dernières années. 

Et contrairement au milliardaire Thaksin Shinawatra, Vichai a su rester hors des querelles politiques du royaume. Opposant conservateurs ultra-royalistes et réformateurs, cette lutte est souvent schématisée entre "Chemises jaunes" (couleur du roi) et "Chemises rouges". Homme d'affaires très discret et fervent bouddhiste, Vichai a réussi à se ménager les faveurs des élites conservatrices, y compris du palais, qui lui a accordé le nom prestigieux de Srivaddhanaprabha.

Son fils cadet en successeur présumé

En dépit de son poids économique et de ses ambitions internationales, King Power était cependant resté une entreprise très familiale. Et les quatre enfants de Vichai, deux filles et deux garçons tous trentenaires, font tous partie du comité exécutif du groupe. "Je pense que Vichai a déjà préparé ses enfants" à prendre sa succession, estime Somchai Phagaphasvivat, politologue de l'université Thammasat de Bangkok.

Son plus jeune fils, Aiyawatt, âgé de 32 ans, plus connu sous le surnom de "Top", fait figure de dauphin naturel, ayant d'importantes responsabilités à King Power et étant vice-président du club de Leicester City. Il était aussi le seul à apparaître dans les rares interviews données par le clan Srivaddhanaprabha.

Bien qu'étant un passionné de polo, Top s'affichait volontiers aux matchs de Leicester City au côté de son père, montant à bord de l'hélicoptère que Vichai aimait emprunter pour quitter le stade. Son décollage depuis le centre de la pelouse après le match était une de ses rares extravagances. Elle lui aura été fatale samedi soir.

Malgré leur connaissance des rouages de l'entreprise, ses enfants risquent d'avoir du mal à garder le cap, faute des connexions politiques de leur père. "Pour être compétitif en Asie du Sud-Est, les connections politiques sont fondamentales", admet lui même le politologue Somchai.

Un réseau à reconstruire

Les connexions de Vichai ont été essentielles pour obtenir le monopole des duty free en Thaïlande. Elles risquent de manquer aux héritiers quand viendra le moment de renégocier l'accord de monopole sur les duty-free des deux grands aéroports de Bangkok, expirant dans quelques années.

King Power a échappé de justesse le mois dernier à des poursuites judiciaires concernant les conditions d'attributions de ces monopoles par le groupe public Airports of Thailand (AOT), montrant la fragilité du marché captif sur lequel Vichai a construit son empire. Un empire qui s'étend aussi aux magasins de duty-free en ville à Bangkok ou Pattaya, où les touristes chinois se rendent par bus entiers pour acheter des produits détaxés avant de rentrer chez eux, mais le monopole des boutiques d'aéroport reste son plus gros marché.

"L'activité la plus importante de King Power est basée sur une concession de type monopolistique accordée par le gouvernement", souligne Pavida Pananond, de la Thammasat Business School. Pas sûr que ses enfants trentenaires, qui n'ont fait aucun commentaire officiel depuis sa mort, aient le "bras aussi long" que leur père, souligne l'économiste. Outre le marché du duty free, Vichai leur laisse en héritage un club de Leicester City florissant, redressé au sommet du Championnat anglais après l'avoir acheté dans l'ombre de la Premier League.

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