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Pourquoi les clubs de foot protestent-ils contre la taxe à 75% ?

Les clubs de football professionnels français vont se mettre en grève, le week-end du 29 novembre, pour protester contre le projet de taxe à 75% sur les plus hauts revenus. Frédéric Thiriez a expliqué que cette mesure allait "étrangler" les clubs. Qu'en est-il en réalité ? 
Article rédigé par Lucas Roxo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Franceinfo (Franceinfo)

A l'unanimité, les clubs de football professionnels français ont décidé de faire grève pour une journée de championnat. La raison de leur mécontentement ? La taxe à 75% imposée par le gouvernement, qui les place, selon eux, dans une situation économique extrêmement difficile. 

Pourquoi l'impôt de 75% touche-t-il les clubs de foot ? 

Noël Le Graët avait affirmé, en avril, que les clubs de foot français seraient exemptés de la taxe exceptionnelle de 75%, expliquant qu'il en avait eu la confirmation par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault. En réalité, il n'en sera rien : les clubs n'échapperont pas à la taxe à 75%.

Mais une chose a changé entretemps : l'impôt de 75% sur la tranche des revenus supérieurs à un million d'euros ne sera plus prélevé au niveau des particuliers, c'est-à-dire des joueurs, mais bien au niveau des entreprises, c'est-à-dire, des clubs. Pourquoi cela ?

Le projet initial de taxer les particuliers a été refusé, fin décembre 2012, par le Conseil constitutionnel. Celui-ci a estimé qu'il rompait l'égalité entre les foyers fiscaux. Par la suite, c'est le Conseil d'Etat qui a proposé une nouvelle piste : l'impôt sera de 50% au-dessus d'un million d'euros, auquel sera rajouté 25% de charges salariales.

Quels clubs seront touchés ?

Une centaine de joueurs touche plus d'un million d'euros net annuels (sur 530). C'est le joueur du PSG Zlatan Ibrahimovic qui remporte la palme avec 1,38 million d'euros gagnés par mois, soit 14 millions d'euros net par mois.  

En réalité, seuls 15 clubs devraient être concernés par cette taxe qui, d'après le gouvernement, devrait représenter 44 millions d'euros pour la Ligue 1. Et sur ces 44 millions, plus de la moitié devrait être acquittée par le seul Paris-Saint-Germain, dont 20 membres de l'équipe première gagnent plus d'un million par an !

Des clubs du standing de Marseille ou de Lyon devraient eux payer respectivement 5,3 millions d'euros et 4,9 millions d'euros. Les clubs du ventre mou seront touchés, mais un peu moins. Toutefois, l'effet ressenti risque d'être encore plus fort, puisqu'ils n'ont pas d'actionnaires pouvant assurer l'équilibre des comptes. 

Que risquent les clubs ? 

Différents présidents de clubs ont réagi ou ont proféré des "menaces". Le président du directoire de M6, actionnaire majoritaire du club des Girondins de Bordeaux, Nicolas de Tavernost, a ainsi déclaré que "si les signaux négatifs envers le football devaient perdurer comme la taxe à 75%, notre investissement dans le football serait à reconsidérer ". Jean-Michel Aulas, président de Lyon, a même affirmé que le projet de grand stade à Lyon, pour l'Euro 2016, était en danger: "Quand l'imprévisible arrive, comme cette taxation, vous mettez les banquiers en rogne ".

"J'approuve entièrement la détermination des clubs et leur exaspération ", a déclaré le président de la Ligue de football professionnel (LFP), Frédéric Thiriez. "Le football professionnel en France, clubs et joueurs, a payé l'année dernière plus de 700 millions d'euros en impôts et charges sociales, soit davantage que la totalité des droits télés dont il a bénéficié ", explique-t-il. 

Les présidents de club disent-ils vrai ? Sur ce point, Frédéric Thiriez souligne un point important : les droits télés, dont les clubs de Ligue 1 et de Ligue 2 sont extrêmement dépendants. 

"Je ne pleure pas sur les footballeurs, mais on est sur un marché globalisé, mondial, ce qui fait que les salaires se négocient en net de charge et net d'impôt, donc toute taxation supplémentaire se paie cash. D'autant que le football français est déjà défavorisé, fiscalement et socialement, par rapport à ses concurrents ", explique l'économiste du sport Frédéric Bolotny. Les 75% "sont un boulet de plus  pour des clubs encore très télé-dépendants " (55% de leurs revenus). 

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