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Passe en retrait ou pipi sous la douche : les amendes les plus folles infligées aux footballeurs

Les managers et les clubs font preuve d'imagination quand il s'agit de sanctionner leurs joueurs.

Article rédigé par Pierre Godon
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 7 min
Les clubs de foot infligent à leurs joueurs des amendes parfois absurdes – et souvent élevées. (ALBERTO ROSSETTO / GETTY IMAGES)

Cinquante euros. C'est ce que coûtera à un jeune membre du centre de formation du FC Nantes le port du maillot d'un autre club, selon la grille des amendes publiée mi-août sur Twitter par le responsable de l'organisation. La facture est divisée par deux si elle est payée le jour même. De quoi préparer les footballeurs en herbe à un avenir professionnel où ils gagneront beaucoup d'argent, mais écoperont d'amendes pour des motifs parfois saugrenus. 

En retard à l'entraînement, verbalisé sur-le-champ

L'amende la plus classique dans le monde du football, c'est le retard à l'entraînement. Petits et grands clubs l'appliquent, avec des tarifs proportionnels aux salaires pratiqués. Ainsi, au Barça, la minute de retard coûte 200 euros la première fois, deux fois plus en cas de récidive et ainsi de suite. Le directeur général du club a dévoilé la grille des amendes au magazine catalan Sport. Le défenseur Gerard Piqué occupe la tête du palmarès, avec une ardoise dépassant les 4 000 euros. Généralement, c'est à un joueur que le rôle de percepteur est confié. A Arsenal, c'est le défenseur allemand Per Mertesacker qui s'acquittait de ces basses œuvres – et pas parce que le géant (1,98 m) fait une tête de plus que tout le vestiaire. "Les Allemands sont les seuls qui arrivent à faire de l'argent en Europe. C'est pour ça qu'on en a choisi un", a ironisé l'entraîneur d'Arsenal, Arsène Wenger, cité par le Daily Mail (en anglais). 

L'entraîneur d'Arsenal Arsène Wenger et son défenseur allemand Per Mertesacker lors de la finale de la Cup contre Chelsea, à Wembley (Londres), le 27 mai 2017. (KIRSTY WIGGLESWORTH / AP / SIPA)

La règle, c'est de s'acquitter de l'amende dans les plus brefs délais, sous peine de majoration. Il y a donc ceux qui s'exécutent de bonne grâce, et puis il y a les autres. Comme Lawrence Vigouroux, gardien de but prêté par Liverpool à Swindon, qui a réglé son amende de 50 livres en pièces d'un penny pour manifester son désaccord avec la sanction. Son coach a souri devant le sac de 5 000 piécettes, lui a lancé un "bien essayé" et l'a renvoyé dans son club formateur pour lui faire comprendre la leçon.

En 2011, c'est pour éviter une sanction disproportionnée que le défenseur d'Ipswich Damien Delaney a été flashé à 60 km/h dans une zone limitée à 40 afin d'arriver à l'heure à l'entraînement. Interrogé par les policiers, il a tenté de les attendrir, comme rapporte l'Independent Ipswich Town (en anglais) : "J'ai un entraîneur complètement dingue et j'avais la trouille de perdre encore deux semaines de salaire." Résultat des courses : quatre points en moins sur le permis, 300 euros d'amende et le courroux de son coach, l'ancien joueur de Manchester Roy Keane, tout sauf un poète sur et en-dehors du terrain. Ce dernier est désormais entraîneur adjoint de l'équipe d'Irlande… où il encaisse les amendes. Comme celle de cinq livres adressée à tout contrevenant pris les mains dans les poches à l'entraînement. 

Mille euros la passe en retrait (et autres sanctions idiotes)

Tombez sur un entraîneur à sale caractère et votre fiche de paie va rapidement s'en ressentir. L'Allemand Felix Magath avait une méthode bien à lui pour obliger ses joueurs à respecter son plan de jeu lorsqu'il officiait à Wolfsburg, au tournant des années 2010. La moindre passe en retrait était facturée 1 000 euros à son auteur. Ne parlons même pas du malheureux pousse-citrouille qui laisserait rebondir le ballon avant de le disputer de la tête : 500 euros. Le défenseur Patrick Helmes, que Magath avait dans le nez, a dû verser 10 000 euros d'amende pour "absence de défense après une perte de balle" un soir de rouste.

Le fantasque entraîneur anglais Brian Clough demeure une référence du genre : il a collé 50 livres d'amende à son défenseur Kenny Burns pour une passe latérale à travers sa surface de réparation. La touche Clough, c'était le côté théâtral. Après s'être étouffé devant ce geste risqué, il a aussitôt envoyé un assistant dénicher une machine à écrire pour taper un procès-verbal en bonne et due forme, narre le Daily Mail (en anglais). Le document incriminant a été remis à l'intéressé à la mi-temps, dans le vestiaire, devant tous ses coéquipiers. 

Brian Clough, au centre, sur le banc de Nottingham Forest-Aston Villa, le 5 avril 1980 à Birmingham (Royaume-Uni). (GETTY IMAGES / HULTON ARCHIVE)

Sir Alex Ferguson avait également une méthode simple et bien à lui pour asseoir sont autorité : l'amende sans raison valable. A l'époque où il officiait à Aberdeen, en Ecosse, il a ainsi collé une prune à John Hewitt pour… l'avoir dépassé sur l'autoroute. "Je suis sûr qu'il n'avait rien remarqué jusqu'à ce qu'on le charrie. Il était occupé à fredonner des chansons de Frank Sinatra au volant", se souvient Alex McLeish, présent dans la voiture du coach, cité dans la biographie de Ferguson The Boss. Arrivé en salle de soins, Ferguson passe un savon au conducteur éberlué. "S'il ne m'avait pas fait un clin d'œil juste avant (…), j'aurais vraiment cru que sa colère était réelle", poursuit McLeish. Le pauvre Hewitt se rendra compte à la fin du mois que son salaire a été largement ponctionné. Ferguson y gagnera le surnom de "Furious" et Hewitt l'angoisse de doubler sur l'autoroute.

Urine et langues vivantes

N'allez pas croire que seules les grandes équipes infligent des contredanses farfelues. Dans le petit club anglais de Kidderminster (racheté trois livres par son propriétaire actuel), ne pas apporter de gâteau le jour de son anniversaire pour le partager avec ses coéquipiers est passible d'une amende de 20 livres (ce qui peut s'avérer moins coûteux que d'offrir une part de gâteau à toute l'équipe, mais bon). De la même façon, raconte encore le Daily Telegraph, il en coûte 10 livres de faire pipi sous la douche – pourtant recommandé pour sauver la planète. A l'époque où les joueurs prenaient des bains collectifs, passe encore, mais aujourd'hui ? 

Les joueurs de Millwall (Angleterre) Eamon Dunphy et Harry Cripps prennent un bain après un match, en 1970. (EXPRESS / HULTON ARCHIVE / GETTY IMAGES)

Pipi toujours : quand plusieurs joueurs ont été photographiés en train d'uriner dans des verres à bière, puis de répandre leur contenu depuis un balcon pendant le festival hippique de Cheltenham, la sanction n'a pas tardé. Lettre de contrition et deux semaines de retenue sur salaire pour tout le monde, qu'on joue à Northampton ou aux MK Dons. Timidement, l'un d'eux présente ses excuses mais avance une circonstance atténuante : "Il n'y avait personne en dessous et c'était un espace gazonné."

Gros comme petits clubs sont intraitables sur les questions d'image : aucun joueur ne doit dégrader celle de son équipe. Au Bayern Munich, qui prend très à cœur son rôle d'institution, cela passe par le fait de parler impérativement allemand dans le vestiaire, sous peine d'amende. Les deux derniers coachs étrangers, Pep Guardiola et Carlo Ancelotti, ont pris des cours intensifs avant d'enfiler le survêtement du club. Son président Uli Hoeness explique dans Bild (en allemand) que c'est un moyen pour les joueurs de "s'intégrer à moyen ou long terme" et montrer qu'ils ne sont pas que "de passage" au Bayern. 

Sans oublier les châtiments corporels

Vous pensiez avoir déjà fait le tour des sanctions absurdes ? Le projet d'un président turc d'interdire à ses joueurs de porter la barbe a été retoqué par le gouvernement. Les amendes contre les joueurs qui pètent existent dans le foot américain et dans le golf, mais pas encore, en l'état de nos connaissances et de nos recherches, pour le ballon rond. En revanche, d'autres clubs voient plus loin et ont arrêté de taper les joueurs au portefeuille. "On ne peut plus faire réfléchir les gars avec des amendes", constate dans Bild le manager du club allemand de Schalke 04. Le club de la Ruhr oblige désormais ses joueurs fautifs à travailler à la boutique du club en guise de punition.

Plus potache : à Leeds, au début des années 2000, le plus mauvais joueur à l'entraînement était forcé de conduire une antique fourgonnette à trois roues jaune pipi pendant une semaine. Roberto Fernandes, coach du club brésilien de Figueirense, obligeait un joueur en méforme à s'entraîner vêtu d'une petite robe rose. Selon lui, ce traitement de choc a permis au défenseur Jairo de réaliser son meilleur match depuis son arrivée au club.

Neil Warnock, qui a écumé tous les bancs du championnat d'Angleterre, ou presque, se souvient dans The Independent d'un "gage" donné aux vaincus après un dimanche d'entraînement neigeux : "L'équipe victorieuse devait choisir deux joueurs parmi les perdants (…) Ils devaient rester debout, sur la ligne de but, après s'être débarrassés de certains vêtements, pendant que les autres gars lançaient chacun trois boules de neige depuis le point de penalty. Si nos attaquants avaient fait preuve de la même précision avec le ballon qu'avec leurs boules de neige, on serait remontés en première division !"

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