Outsiders dépensiers, été raté… Le bilan du mercato des clubs français
Cela pouvait être l'été de l'exode dans la Ligue des talents. La Ligue 1 était appelée à un marché d'écrémage, avec de nombreux départs massifs attendus. Quelques heures après la clôture de ce mercato, les comptes n'y sont pas tout à fait. De nombreux mouvements attendus n'ont pas été conclus. Plus globalement, et contre toute attente, ce ne sont pas forcément les gros qui ont animé cette période pourtant propice à sortir le carnet de chèques et à privilégier les plus fortunés. D'autres membres du championnat ont osé se montrer ambitieux, en tentant des coups.
Pour une fois, Paris et Monaco ont trouvé plus dépensier
Car pour la première fois depuis dix ans et l'OM lors de l'été 2010, ni le Paris Saint-Germain, ni l'AS Monaco ne termine avec le statut d'équipe ayant le plus investi sur le marché estival en Ligue 1. La palme revient cette fois au Stade Rennais, qui a dépensé 71 millions d'euros durant cette dernière période des transferts. Hormis Lille, invité surprise au deuxième rang la saison passée, le PSG et l'ASM avaient trusté les deux premiers rangs de ce classement entre 2014 et 2019. Un signe de renouveau ?
Pour le PSG, les énormes dépenses de ces derniers mercatos – Neymar et Mbappé en tête – ont installé les bases du projet de victoire en C1 du club de la capitale. Avec la Covid-19, le champion de France n'a pas pu avoir les coudées aussi franches qu'à l'accoutumé pour dépenses. La faute aussi à son incapacité décidément chronique à vendre correctement ses actifs. Cavani, Thiago Silva, Meunier, Kouassi, Aouchiche, Areola… Autant de joueurs importants ou d'espoirs en devenir qui n'ont pas rapporté le moindre centime. Alors forcément, Paris a dû se montrer malin et a bien géré sa fin de mercato avec les recrutements à moindre frais de Florenzi, Kean, Danilo Pereira et Rafinha. Hormis les 50 millions d'euros investis sur Mauro Icardi, Paris n'aura donc lâché qu'une dizaine de millions d'euros, presque une anomalie dans l'ère QSI. Monaco paie pour sa part des résultats sportifs décevants et une stratégie sportive de plus en plus floue, alors qu'aucune vente importante n'est à noter cet été.
Rennes, Lille, Nice… Outsiders aux dents longues
Sans les deux habituelles planches à billets du championnat, les prétendants au haut de tableau ont de leur côté fait chauffer la carte bancaire pour passer un cap, Rennes en tête. Pour la première qualification en Ligue des champions de son histoire, le club breton, n'a pas hésité à investir. Il a tout d'abord réussi à conserver son joyau Eduardo Camavinga une saison de plus, alors que l'Europe entière fait déjà les yeux doux au néo-international français. Après avoir fait son marché dans l'Hexagone avec des joueurs avec le cocktail rare d'expérience et de potentiel (Guirassy, Aguerd, Gomis, Terrier), le SRFC a passé la vitesse supérieure dans les derniers instants avec les venues en prêt de Rugani et Dalbert depuis la Juventus et l'Inter Milan et en lâchant 26 millions d'euros sur l'espoir belge Jérémy Doku, une somme monstrueuse pour un joueur de 18 ans. Les attentes seront hautes en Ille-et-Vilaine.
Lille et Nice ne sont pas en reste. Les Dogues ont craqué rapidement pour Jonathan David (20 ans) et ont misé 32 millions d'euros pour l'attirer. Le projet jeunes continue à Luchin (Lihadji, Botman, ou Angel Gomes vont aussi dans ce sens), les recettes grandissantes aussi avec près de 100 millions d'euros récupérés grâce au duo Osimhen – Gabriel. Sur la Côte d'Azur, les Niçois n'ont pas eu besoin de séparer de nombreux cadres pour se montrer offensifs, mais ont collectionné les signatures intelligentes (Gouiri, Kamara, Schneiderlin, Rony Lopes) à moins de dix millions d'euros avant de frapper un joli coup en récupérant Jeff Reine-Adélaïde à Lyon sur le gong. Auteurs d'un début de saison moyen, les Aiglons ont les ingrédients pour remonter dans la hiérarchie.
Lyon devait liquider : c'est raté
A l'OL en revanche, la grimace est de mise. Certes, la balance commerciale de l'été est positive (+15 millions d'euros). Mais elle est loin d'être aussi reluisante qu'espérée. Candidats au départ pour des sommes coquettes, Houssem Aouar et Memphis Depay sont toujours sur les bords du Rhône, même si les Gones ne disputent pas l'Europe cette saison. Pas le meilleur moyen d'exposer le Français, et le risque de voir le Néerlandais partir gratuitement dans un an devient très sérieux. Plusieurs espoirs du club ont pris la porte (Solet, Gouiri) et la nouvelle pépite Rayan Cherki voit son horizon se boucher avec la venue inattendue du Brésilien Lucas Paqueta comme meneur de jeu. Difficile d'y voir clair dans la stratégie de Jean-Michel Aulas et Juninho…
De retour en C1, Marseille n'a pas non plus de quoi tirer un bilan parfait de son marché des transferts. Avec des moyens très limités, l'OM s'en sort bien dans le sens des arrivées avec la colonne jeunes Cuisance, Beraldi, Gueye et le transfert définitif d'Alvaro Gonzalez. Pour ce qui est des départs, le mercato phocéen a une autre allure. Le club phocéen n'est pas parvenu à se délester des indésirables aux salaires colossaux comme Mitroglou, Germain voire Strootman.
Boufal, Meling, Ganago, Faivre… la foire aux bonnes affaires
Pour les jolis coups, il faut plutôt se tourner vers le milieu de tableau, où les clubs de Ligue 1 ont comme souvent dû se montrer créatifs pour se renforcer. Dans ce registre, Brest (Honorat, Mounié, Hérelle, Faivre, Pierre-Gabriel…) et Nîmes (Meling, Cubas, Reynet, Benrahou) ont su trouver des bonnes pioches sans se ruiner. Les prétendants à l'Europe Montpellier et Saint-Etienne ont plutôt misé sur la continuité, même si les Verts auraient aimé faire revenir William Saliba quelques mois de plus après avoir (très bien) vendu un autre défenseur central d'avenir, Wesley Fofana, en Angleterre. Plutôt calme, faute de budget, Angers a fait fort dans la dernière ligne droite avec les arrivées de Boufal (libre) et Amadou (prêt avec option d'achat), rompus à la Ligue 1 et à la relance dans le Maine-et-Loire.
Les promus se sont pour leur part donnés les moyens de rester dans l'élite. Lorient et Lens ont dépensé respectivement 26,5 et 19 millions d'euros pour ne pas faire l'ascenseur. Ces montants semblaient totalement inimaginables pour des clubs venus de Ligue 2 il y a encore quelques années, symbole de l'emballement du marché. Si les Merlus ont un peu de retard à l'allumage en partie dû aux 11 arrivées à intégrer, les Lensois signent eux un retour tonitruant en première division avec des nouveaux venus déjà décisifs. Avec les venues de Ganago, Kakuta, Clauss, Badé, Medina ou encore Fofana, Lens fait un beau 3e après six journées. Et ses recrues ont inscrit neuf des dix buts des Sang-et-Or depuis le début de l'exercice.
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