PSG - Bayern Munich : Kingsley Coman, bons baisers de Paris
Ce n’est plus à démontrer : l’Europe est cruelle avec le PSG. Après une série d’éliminations précoces rocambolesques ces dernières années, ajoutées aux nombreux rendez-vous manqués des années 1990, le vent semblait avoir enfin tourné pour les Parisiens. Pour la première fois de son histoire, cinquante ans jour pour jour après son premier match officiel, le club de la capitale disputait la finale de la Ligue des champions contre le Bayern : la belle histoire. Une trop belle histoire. Alors la chute ne pouvait qu’être terrible pour le PSG, crucifié par un titi parisien, pur produit de son centre de formation. Un joueur que tous les supporters parisiens regrettent d’avoir laissé partir trop tôt : Kingsley Coman.
Paris crucifié par son titi
"Une finale PSG-Bayern? Ce serait beau, ce serait beau", avait prophétisé Coman après la qualification du Bayern en demi-finale, lui l’ancien colocataire de Presnel Kimpembe, et ami de Kylian Mbappé. Une prophétie qui s’est réalisée en réunissant les deux meilleurs clubs de cette C1 en finale dimanche à Lisbonne. Alors forcément, tous les regards s’étaient tournés sur le natif de Paris à l’approche de cette rencontre. Interrogé sur le sujet en conférence de presse, Coman avait préféré botter en touche : “C'est un rêve de gosse, mais actuellement je ne pense vraiment pas à mon passé avec le PSG. Je pense à cette finale. Mon coeur est 100% Bayern et j'espère juste qu'on va le faire en gagnant ce trophée”.
En quelque sorte, son but, délivrance pour le Bayern, coup fatal pour le PSG, n’est qu’un épisode de plus dans la relation Coman-PSG. Une relation dont les destins s’entremêlent, sans jamais se rejoindre. Fils de supporter parisien, formé au club de 2004 à 2013, il avait intégré l’équipe première au début de l’ère qatarie, époque de toutes les extravagances sur le mercato. Alors, malgré son talent indéniable, Kingsley Coman avait dû se contenter de miettes aux côtés d’Ibrahimovic et consorts. Et ce, alors que le PSG, insatisfait de Lavezzi, cherchait un ailier gauche de haut niveau. On lui préférait Edinson Cavani, pourtant avant-centre de métier. Résultat : après quatre petits matches officiels, et malgré les promesses, Kingsley Coman avait quitté son PSG en 2014, refusant de signer un contrat pro.
Libre, le jeune ailier parisien s’était engagé à la Juventus, avant de rejoindre le Bayern dès 2016. Depuis, petit Coman est devenu grand, empilant les titres en Italie puis en Allemagne. En ce dimanche 23 août 2020, il s’est cruellement rappelé aux supporters parisiens, qui ne l’avaient jamais vraiment oublié. Après un début de match discret, il a commencé à accélérer en fin de premier acte. Mais c’est en seconde période que Coman a propulsé le Bayern vers sa sixième C1, et le PSG vers les abysses. "Le travail n'est pas fini. Si on ne la gagne pas, on aura un peu fait le travail pour rien", avait prévenu le Français avant le match.
"Voir son ancienne équipe comme ça ça fait mal aux coeur"
Alors, face à l’impuissance offensive du Bayern, à l’inhabituelle discrétion de Robert Lewandowski, Kingsley Coman a pris les choses en main. On approche de l’heure de jeu, le Bayern enchaîne à proximité de la surface parisienne, et Joshua Kimmich centre au second poteau. Dans un registre inhabituel pour lui, le feu-follet bavarois vient placer une tête piquée croisée, imparable. 1-0 pour le Bayern, but d’un parisien. Assommé, le PSG voyait son joyau d'antan tenter d’enfoncer le clou par un centre tendu sorti de peu par Kimpembe (61e), puis sur une frappe sauvée sur la ligne par Thiago Silva (62e). Le dernier coup d’éclat de Coman, remplacé à la 67e, avec le sentiment du devoir accompli.
Finaliste malheureux de l’Euro 2016, absent du Mondial 2018 sur blessure, Kingsley Coman, critiqué pour avoir quitté trop tôt (aux yeux de certains) l’Hexagone en 2014, tient sa revanche. Son heure de gloire aussi, après une saison compliquée avec le Bayern, tronquée par les blessures, et alors que la concurrence sera encore plus rude d’ici quelques semaines et l’arrivée de l’Allemand Leroy Sané. “On a déjà fait plusieurs demi-finales, on prépare la vraie célébration pour la finale. Si on la gagne”, avait-il annoncé, en écho aux célébrations parisiennes pour la qualification en finale.
Mais en tant qu'enfant de la ville de l'amour, Kinglsey Coman n'en reste pas moins un romantique, pas rancunier. Au coup de sifflet final, dans l'euphorie de la victoire, il n'a pas oublié son ex : "Ce sont des sensations extraordinaires, beaucoup de bonheur, et un peu de tristesse pour Paris parce qu’ils ont fait un super parcours. J’ai dit que j’étais 100% Bayern parce que je suis pro. Voir son ancienne équipe comme ça ça fait mal aux cœur, il faut respecter ce que Paris a fait". Avant de reconnaître que l'expérience du Bayern à ce niveau a pu faire peser la balance : "Je pense que c’est un détail qui peut jouer, Paris a fait un super match, nous aussi. Je pense que c’est une belle finale. On est vraiment heureux". A Munich, en tout cas.
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