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Ligue des champions : Pourquoi le Stade Rennais n'avance plus ?

Euphorique lors des cinq premières journées de championnat, le Stade Rennais piétine à l’approche de l’hiver. Avec une seule victoire (face à Brest) lors de leurs neuf derniers matches, les Rouge et Noir sont fébriles défensivement et presque muets devant le but. Éléments d’explication.
Article rédigé par Théo Gicquel
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6 min
Les joueurs du Stade Rennais lors de la défaite face au FC Séville. (MARC OLLIVIER / MAXPPP)

Les promesses d’un début de saison se heurtent parfois à la réalité d’un calendrier exigeant, le Stade Rennais version 2020-2021 est en train de l’apprendre à ses dépens. A l’heure d’affronter Chelsea ce mardi (18h55) lors de la 4e journée de la Ligue des champions, les Bretons baissent la tête. Le jeu chatoyant aperçu pendant un mois rejaillit encore par bribes, mais Rennes ne gagne plus : une seule victoire arrachée à Brest (2-1) sur les neuf derniers matches.

Mardi, c’est une trajectoire opposée qui s’offre aux Rennais : le mastodonte londonien est tyrannique sur la même période de neuf matches : 6 victoires et trois nuls. Rien n’est joué d’avance, comme le martelait Eduardo Camavinga la semaine dernière : "Il y a encore tout à jouer, il y a trois matches. On va vivre match après match en espérant les remporter tous". Mais le Stade Rennais n’avance plus, voire pire, régresse actuellement face aux promesses entrevues. Alors comment expliquer un tel coup d’arrêt ?

• Un manque d’engagement collectif

Premier manque criant : le degré d’implication et de cohésion collectives. Loué pour son animation en début de saison, Rennes patauge. "On a manqué de maturité certainement, et de caractère en ce moment", déplorait Julian Stéphan dans les colonnes de Ouest-France à la sortie de la défaite contre Bordeaux vendredi dernier (1-0). Même constat pour Benjamin Bourigeaud "Il faut essayer de retrouver ce qui a fonctionné en début de saison. Retrouver les bases, retrouver la confiance (...) Il faut essayer de gagner un peu plus de férocité", avançait de son côté l’ancien Lensois.

Habitué à prendre un juste recul sur les passages euphoriques mais aussi sur les turbulences de son équipe, Stéphan veut s’en sortir par le jeu. "Il ne faut pas paniquer. On a eu des résultats par le jeu et il faut qu'on retrouve ça. Et le jeu on va le retrouver par de la confiance, par du dynamisme, par la volonté de prendre ses responsabilités et de se montrer. Surtout pas en noircissant le tableau", tempère le coach breton.

Les joueurs du Stade Rennais face à Angers le 23 octobre. (MARC OLLIVIER / MAXPPP)

• Des recrues encore en adaptation

Doku, Dalbert, Aguerd, Guirassy, Rugani… Cet été, le Stade Rennais n’a pas lésiné sur les recrues, et la plupart a rapidement donné satisfaction : Guirassy et Aguerd ont commencé pied au plancher, Doku a montré des fulgurances rares pour un joueur de 18 ans qui débarque. Mais depuis un mois, le constat s’est largement tempéré : Doku n’a pas encore été décisif, Aguerd n’est pas irréprochable sur son placement défensif, Guirassy n’a plus marqué depuis sept matches. Quant à Dalbert, son match cataclysmique à l’aller face à Chelsea (deux penalty provoqués, exclusion) et ses performances l'ont évincé "par choix sportif" du groupe. "Je suis un peu inquiet, forcément", a reconnu l’entraîneur Julien Stéphan, visant "une trop grande différence entre l’impression collective du début de saison et ce qu’on produit en ce moment".

Comme pour le Stade Rennais en général, il serait injuste de faire de la réalité actuelle une vérité générale, tout comme l’euphorie du début de saison ne pouvait être la norme. Les recrues, surtout Jérémy Doku, sont un pari sur une voire deux saisons, pas seulement quatre mois. Une certitude : le potentiel est là, reste à le voir éclore durablement.

Jérémy Doku face à Marcos Acuna lors du match aller face au FC Séville. (LAURENT LAIRYS / LAURENT LAIRYS)

• Un entraîneur qui cherche encore la clé

Et pour le faire éclore, une grande partie de la charge revient à Julien Stéphan. Comme en 2019, le Stade Rennais titube à l’approche de l’hiver après une entame tonitruante (2 victoires et 7 défaites entre octobre et novembre 2019). Lui qui avait su remonter la pente cherche cette année encore la clé face à plusieurs verrous simultanés : le système idoine, la fragilité défensive, et l’efficacité offensive. "Quand on est dans une période un peu plus compliquée, on est à la recherche d'un déclic. On n'a pas la possibilité d'aller le chercher avec des éléments extérieurs en ce moment (comme s'appuyer sur les supporters), il faut le chercher en nous", ambitionne le technicien.

Interrogé vendredi dernier par Téléfoot avant la défaite inquiétante face à Bordeaux, l’entraîneur pense-t-il déjà à l’après ? Sans doute que non, mais ses déclarations ont une résonance étonnante dans la période la plus compliquée qu’il ait connue à Rennes. "Je n’ai pas non plus envie de me projeter plus loin que cette saison-là, profiter des bons moments que l’on a à vivre, des expériences que l’on a à vivre également et puis on verra par la suite ce qu’il en sera.", expliquait-il.

Pas du genre à se cacher, l’entraîneur breton est plutôt partisan de la remise en question permanente, une qualité rare. "Il y aura un bilan à faire à la fin de la saison puisque ce sera la fin de ma troisième saison. Est-ce que le cycle est terminé ? Est-ce qu’on en commence un autre ? [...] Donc ça, c’est un devoir d’honnêteté intellectuelle à faire de l’actionnaire avec sa direction. Mais ça sera fait en fin de saison."

Julien Stéphan et Eduardo Camavinga. (DAMIEN MEYER / AFP)

• Une inefficacité frappante… et une malchance chronique

Onze fois. Le Stade Rennais a heurté onze fois les montants adverses depuis le début de la saison. Certes, difficile de se cacher derrière ça pour expliquer le mutisme offensif des Bretons, mais le résultat est sans appel : les Rouge et Noir sont très malchanceux dans le dernier geste. Le constat de l'efficacité commence à être alarmant : Rennes n’a inscrit que deux buts sur ses cinq derniers matches, et ils furent l'œuvre des défenseurs Damien Da Silva et Nayef Aguerd, sur coups de pied arrêtés. Bien loin des 12 buts marqués sur le même échantillon pour entamer le championnat.

Sans la projection de Camavinga, avec un Bourigeaud situé dans le cœur du jeu et non sur un côté, l'animation offensive balbutie ses actions. Même s’il est utile dos au but, la recrue Serhou Guirassy marque un coup d’arrêt : son dernier but était sur penalty, face à Krasnodar il y a un mois. Son association avec Martin Terrier vendredi n'a rien apporté de concluant. Un joueur comme Mbaye Niang, rentré à la 77e minute vendredi après des mois de mise à l'écart, peut-il être la solution ? 

Serhou Guirassy, l'attaquant du Stade Rennais. (DAMIEN MEYER / AFP)

• Un milieu trop dépendant de l’activité de Camavinga

Sorti à l’heure de jeu face à Angers le 23 octobre, Eduardo Camavinga a manqué quatre matches avant son retour face à Bordeaux en fin de semaine dernière, dont les affrontements face à Séville et Chelsea. Sans lui, Rennes a cruellement manqué d’activité au milieu de terrain, signe de son importance déjà immense au cœur du jeu. Nzonzi, Bourigeaud et Léa-Siliki ont comblé tant bien que mal la vista du prodige de 18 ans, mais son absence s’est cruellement faite ressentir.

Son retour à Bordeaux dans le marasme collectif n’a pas eu l’électrochoc escompté, mais il comble un trou béant dans l’entrejeu. Une dépendance logique vu son niveau mais aussi inquiétante au vu de son expérience face à ses coéquipiers. Son retour face à Chelsea peut-il créer l'étincelle, alors que les Bretons avaient déjà réalisé un match plein sans lui à l'aller ?

Eduardo Camavingo entouré de Yann Gboho (à g.) et Steven Nzonzi (à dr.) (MARC OLLIVIER / MAXPPP)

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