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Ligue des Champions : Paris, mutation en cours

Qualifié pour les huitièmes de finale de la Ligue des Champions, le Paris Saint-Germain a réussi à s'extirper d'un groupe loin d'être évident, non sans avoir connu plusieurs turbulences. Une qualification au forceps qui a donné un nouveau visage au PSG, dans le sillage de choix forts de son coach Thomas Tuchel.
Article rédigé par Mathieu Aellen
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 7min
 

"Fluctuat nec mergitur". Pas encore officiellement qualifié avant son déplacement à Belgrade mardi, le Paris Saint-Germain a appliqué à la lettre la devise de la capitale durant cette première partie de campagne européenne. Le bateau parisien a tangué mais n’a pas sombré, s'imposant face à l'Etoile Rouge pour s’offrir le droit de disputer les huitièmes de finale de la C1 pour la septième fois consécutive. De la claque reçue d’entrée à Anfield aux deux dernières prestations abouties face à Liverpool et l’Etoile Rouge, en passant par l'égalisation arrachée par Di Maria contre Naples, le PSG est passé par toutes les émotions depuis septembre, pour finalement sortir de ce groupe de la mort à la première place et la tête haute. Une montée en puissance que le club de la capitale doit en partie à son coach Thomas Tuchel.

Système hybride

A la tête d’une équipe qui roule sur la Ligue 1 (13 points d'avance après 16 journées), devenu le premier coach du Big 5 européen à démarrer une saison par une série de 14 victoires consécutives en championnat, Thomas Tuchel aurait-il survécu au crash d’une élimination prématurée dès les phases de poules, ce qu’aucun entraîneur parisien n’a connu sous l’ère qatarie ? Pas si sûr. Mais dos au mur et malgré un effectif encore asymétrique, le coach allemand a su rapidement s’adapter et trouver les solutions pour faire face au Napoli de Carlo Ancelotti à San Paolo avant de réduire à néant les plans du Liverpool de Jürgen Klopp.

La clé ? Un 4-4-2 hybride, capable de se transformer en 3-5-2 dès la récupération du ballon. Après les règnes de Laurent Blanc et d’Unai Emery marqués par l'immuable 4-3-3 et un jeu de possession parfois poussé à l’extrême, Thomas Tuchel a doucement mais sûrement commencé à métamorphoser ce PSG après avoir longtemps cherché la bonne formule. Un changement en partie dû à l’absence de véritable N°6 dans l'effectif parisien après le départ à la retraite de Thiago Motta cet été, que le technicien allemand a compensé en repositionnant Marquinhos au milieu de terrain aux côtés de Verratti. Dans un rôle de libero/sentinelle selon si le PSG a la balle ou non, le Brésilien est le symbole de cette transformation tactique gagnante opérée par Thomas Tuchel. Aligné en pointe basse dans un milieu à trois au match aller face à Anfield, le N°5 parisien était totalement passé à côté, mangé par le pressing des Reds. Changement radical au Parc des Princes il y a deux semaines où le Brésilien s'est montré impérial dans ce nouveau rôle, avant d'être récompensé hier en marquant le but du 3-1 au terme d'une prestation une nouvelle fois aboutie.

"Prise de conscience"

Une évolution tactique conjuguée à une prise de conscience des joueurs, après avoir été balayés dans le contenu à Anfield puis avoir frôlé la catastrophe au Parc des Princes face à Naples. "Ce n’est pas une question de système mais une question de sérieux, de qualité, de mentalité" confiait hier Thomas Tuchel, manière de dire que c'est avant tout l'implication des joueurs sur le terrain qui fait le succès d'un système et non l'inverse. Des propos qui résonnent avec ceux tenus par Kylian Mbappé quelques minutes plus tôt.  "Il y a eu une prise de conscience. Il fallait prendre conscience que ce qu'on faisait, ce n'était pas suffisant. Chaque joueur s'est remis en question, collectivement aussi", avouait l'attaquant français. Ces deux matches ont ainsi permis de remettre en lumière des cadres qui avaient une grande part de responsabilité dans les échecs de ce début de saison. A l'image de Thiago Silva, fautif sur l’égalisation napolitaine au San Paolo contre Naples et redevenu "O Monstro"  lors de ces deux dernières sorties européennes, ou du duo Neymar-Mbappé.

Le Brésilien, notamment critiqué pour son manque d’implication défensive, a montré qu’il était capable de se mettre au service du collectif, participant aux efforts sur son côté gauche à la perte du ballon tout en continuant de se montrer décisif, comme en témoigne ses deux buts face à Liverpool et Belgrade. Le Français a lui encore tendance à rechigner quand il s'agit de défendre, comme sur sa perte de balle entraînant la réduction du score serbe, mais Kylian Mbappé a compensé son erreur par un match plein sur le plan offensif. Replacé en pointe aux côtés d'Edinson Cavani, il a profité des décrochages de Neymar et Di Maria pour venir se placer constamment entre les lignes et rendre folle la défense de l'Etoile Rouge. Résultat ? Le champion du monde a été à l'origine de la majorité des offensives parisiennes et termine son match avec 1 but, 2 passes décisives, 3 tirs tentés et 3 passes clés. Costaud. 

Tout n’est évidemment pas encore parfait pour ce PSG version Tuchel, à l'image de ces passages à vide qui continuent d'être la marque de fabrique du club parisien. Hier à Belgrade, les joueurs de la capitale ont pris l'eau pendant une dizaine de minutes en début de deuxième période (3 tirs subis, 1 but encaissé), comme ce qui avait déjà été entrevu à Naples et contre Liverpool. Sans conséquence face aux Anglais et aux Serbes, ces temps faibles ont montré que les Parisiens étaient capables de faire face collectivement dans l'adversité, une donnée non négligeable pour un club réputé pour faillir mentalement dans les moments clés et encore profondément marqué par l'épisode de la remontada. "On a forgé une équipe" a confié Tuchel hier en conférence de presse. Elle est peut-être là, aussi, la plus grande victoire du PSG cette saison.

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