Ligue des champions : la Real Sociedad, un refuge à l'accent français

Le Paris Saint-Germain est opposé à la Real Sociedad, mercredi, en huitièmes de finale aller de Ligue des champions. Un club qui a su faire la part belle aux français dans son histoire récente.
Article rédigé par Clément Garioud, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3 min
Le défenseur franco-espagnol Robin Le Normand, lors du derby basque entre la Real Sociedad et l'Athletic Bilbao à San Mamés, le 13 janvier 2024. (ANDER GILLENEA / AFP)

35 minutes. C’est le temps qu’il faut pour relier Hendaye (Pyrénées-Atlantiques) à San Sebastian via l'Euskotren, l’historique ligne TGV connectant les deux villes. Une proximité qui a fait de la Real Sociedad, opposée au PSG en huitièmes de finale de Ligue des champions, mercredi 14 février, l’un des principaux points d’ancrage du football français en Espagne. Si cette saison, seul Robin Le Normand (désormais franco-espagnol) porte le maillot de l'équipe basque, avec onze joueurs et deux entraîneurs ayant défendu les couleurs du club, la France est le pays étranger le plus représenté dans l'histoire de la Real.

"La proximité géographique joue beaucoup, explique à franceinfo: sport Philippe Montanier, passé sur le banc de la Real entre 2011 et 2013. Culturellement, la francophonie est vraiment présente à San Sebastian, que ce soit au club via les joueurs ou en ville. Le fait que des Français arrivent à y briller contribue à renforcer cette proximité."

.
Robin le Normand, le breton devenu basque . (.)

Si Charles Ducasse a porté les couleurs de la Real Sociedad lors de la saison 1952-1953, San Sebastian est surtout devenu un point de chute important pour les Français dans les années 2000, notamment avec l’arrivée sur le banc de l’illustre coach nantais Raynald Denoueix en 2002. L'entraîneur français, renvoyé du FC Nantes, a découvert un club avec une identité forte. "Au départ, je croyais partir en Espagne, mais je suis allé au Pays basque. C'est complètement différent. Si vous vous promenez le long de la plage à San Sebastian, vous allez entendre à 75% du basque, à 10-15% du français et le reste, ce sera de l'espagnol.”, confiait-il à Eurosport.

San Sebastian, l’asile des tricolores recalés

Les récents Tricolores passés par la Real Sociedad ont un point commun : la proposition de rejoindre le club basque avait des allures de dernière chance. D’Antoine Griezmann à Robin Le Normand, plusieurs joueurs nés en France et recalés des centres de formation français ont trouvé refuge de l'autre côté de la frontière pour lancer leur carrière professionnelle.

Le plus célèbre d’entre eux, Antoine Griezmann, a rejoint la Real Sociedad après avoir été laissé de côté par de nombreux clubs professionnels français, à cause d'un physique jugé trop frêle. Après deux belles saisons en Liga2 et en Liga, il s'est révélé au plus haut niveau sous la houlette d’un autre entraîneur tricolore, Philippe Montanier. Le technicien français nous explique qu’à son arrivée, "l’identité du club et l’envie des dirigeants étaient de faire jouer les jeunes, avec Antoine en tête de liste. Sur ma seconde saison, on a récolté les fruits de notre travail, et on a réalisé une saison exceptionnelle, lors de laquelle il a vraiment explosé.

"Je suis de la bonne école, on m'a bien éduqué à la Real Sociedad et à l'Atlético, où il faut jouer pour les coéquipiers. Parce que sans eux, t'es rien, t'es personne. Si je suis à ce niveau, c'est grâce à eux aussi", s'est rappelé Antoine Griezmann lors d'un passage dans Téléfoot l'année dernière.

L'attaquant international français Antoine Griezmann lors de son passage à la Real Sociedad, ici contre le Shakhtar Donetsk, le 17 septembre 2013. (MANUEL BLONDEAU / AOP PRESS)

San Sebastian, une terre d’asile ? Indubitablement oui, pour l’ancien coach toulousain. “Le club est attentif à certaines qualités qu’on retrouve souvent dans la préformation française. L’identité locale leur permet aussi d’attirer de jeunes Basques avec un fort talent des deux côtés de la frontière. La Real a toujours été ouverte aux jeunes joueurs français et plus globalement internationaux, c’était un club précurseur dans le domaine”, développe Philippe Montanier. Si la raison invoquée au début était “le budget, qui était l’un des plus petits de Liga et qui ne permettait pas de faire des folies”, cette volonté de donner sa chance aux jeunes est devenue un pilier fondateur du club.

"Il n'y a pas eu que des réussites, mais il y en a eu suffisamment pour que d'autres clubs tentent de reproduire le système, et c'est notre satisfaction."

Philippe Montanier

à franceinfo: sport

Le club à échelle humaine est resté dans le cœur du coach normand, qui confie "y retourner régulièrement. J'ai toujours de très bons contacts avec le club, avec le président. D'anciens joueurs que j'ai eus sont aujourd'hui dans le staff d'Imanol (Alguacil, coach de la Real Sociedad)." Sur le plan des résultats contre les clubs tricolores en Ligue des champions, l'équilibre reste de mise. Eliminée par Lyon lors de son unique huitième de finale (en 2003-2004), la Real Sociedad avait pris sa revanche sur le club rhodanien dix ans plus tard, en barrage. 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.