Ligue des champions : KI Klaksvik, qui est ce club des Îles Féroé tout proche d'une qualification historique ?
L'épopée européenne du KI Klaksvik est le genre de scénario dont rêve un joueur de Football Manager. Dans ce jeu vidéo de gestion, l'objectif est de mener une équipe peu connue du grand public vers les plus grands succès. C'est précisément ce qu'est en train de réaliser le club semi-professionnel de Klaksvik, un bourg de 4800 habitants, situé au nord-est de l'archipel des Îles Féroé.
Il y a trois semaines à peine, Klaksvik pointait encore au 302e rang du classement UEFA. Aujourd'hui, l'équipe féroïenne est sur le point de réaliser le plus grand exploit sportif du pays. Les Scandinaves ne sont plus qu'à quelques encablures d'une qualification en Ligue des champions, après avoir remporté leur match aller du troisième tour préliminaire contre Molde (2-1). Bien que Klaksvik soit passé sous les radars jusque-là, son armoire à trophées parle pour lui. Créé en 1904, le club compte 20 titres de champion des Îles Féroé, de nombreuses coupes nationales et a déjà frôlé le rêve européen à plusieurs reprises.
Plus forts que des champions nationaux
Cette saison, les joueurs de Magne Hoseth ne veulent plus toucher du doigt ce doux rêve, mais le vivre. Arrivé au club en janvier 2023, l'entraîneur de 42 ans a clôturé l'exercice 2022-2023 sur un bilan ahurissant, de 77 points récoltés sur 81 possibles. Un total proche du record de Ferencvaros, un des seuls clubs à avoir gagné l'ensemble de ses rencontres dans une première division européenne, lors de la saison 1931-1932.
Hasard du tirage, c'est précisément l'équipe hongroise qu'ont défiée Magne Hoseth et ses hommes lors de la première étape de leur quête européenne. En amont de la rencontre, fort de ses 34 sacres nationaux, le club magyar s'était montré très confiant, serein, face à un adversaire supposé bien plus faible. "Les champions suédois nous attendent au prochain tour... Car il est certain que nous allons passer", pouvait-on lire sur les réseaux sociaux de Ferencvaros. Bien mal lui en a pris. Après avoir obtenu un match un nul à l'aller (0-0), Klaksvik a corrigé son adversaire en Hongrie, dans l'antre de la Groupama Arena de Budapest (3-0).
La performance était déjà colossale mais pas suffisante pour cette équipe féroïenne, dont beaucoup de membres exercent un métier à côté. Sur leur lancée, après un match nul dans leur stade de 1200 places, les Féroïens se sont débarrassés des champions de Suède du BK Häcken, au bout du suspense (2-2, 6-7 aux tirs au but). Puis en héritant des Norvégiens de Molde au troisième tour préliminaire de la C1, Klaksvik défiait un troisième champion national de rang, mardi 8 août. Et là encore, la surprise a eu lieu. Portés par l'insatiable Arni Frederiksberg, auteur de six buts dans cette course à la Ligue des champions, les Féroïens l'ont emporté (2-1), prenant un avantage précieux avant le match retour.
La "fierté de la ville"
À Klaksvik, l'épopée du club local occupe toutes les têtes. "On ne parle que de la Ligue des champions et nos boîtes mail sont pleines de souhaits de bonne chance et d’encouragements", s'enthousiasme Solby Christiandóttir. Le membre du staff poursuit : "Klaksvik est la fierté de la ville. Les habitants disent qu'ils peuvent être en désaccord sur beaucoup de sujets, mais quand il s'agit du KI, tout le monde est solidaire, dans les hauts comme dans les bas."
Des bas, il y en a eu. En particulier, lors de la relégation du club en deuxième division en 2009, une sombre première dans l'histoire du club. "On a touché le fond à ce moment-là, mais la reconstruction a commencé immédiatement et un véritable cap a été passé en 2014, lorsque Mikkjal Thomassen a été nommé manager. Le succès que nous connaissons aujourd'hui a donc commencé il y a près de 10 ans."
Désormais assurée de disputer une coupe européenne, c'est une équipe décomplexée qui se déplacera en Norvège, mercredi 16 août, pour disputer le match retour de ce troisième tour préliminaire de la Ligue des champions. Si Solby Christiandottir concède que "la situation est un peu irréelle", le staff et les joueurs ont "les deux pieds bien plantés sur Terre". Il le faudra pour aller décrocher la lune.
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