Ligue des champions : Jardim, construction et reconstruction à Monaco
A 43 ans, l'entraîneur portugais Leonardo Jardim, roi de France, n'est plus un novice dans la reine des épreuves. Avec Monaco, il a brillé en 2015 (quart-finaliste) et la saison dernière (demi-finaliste), s'inclinant contre la Juventus Turin, finaliste dans les deux cas. A chaque fois, l'équipe qu'il avait amenée à maturité a été littéralement pillée. Il y a deux saisons, on comptait les départs de Kurzawa, Ferreira Carrasco, Kondogbia, Abdennour et Martial. Cette saison : Silva, Bakayoko, Mendy, Germain, Dirar et la perle Mbappé. Au total, et uniquement sur les 11 joueurs cités, les chiffres fous dépassent le demi-milliard d'euros de recette en transferts. Mais le mercato laisse Jardim avec une équipe à reconstruire.
Monaco, son laboratoire
Jardim s'en accommode. Car en même temps il continue à se construire lui-même. Monaco est un laboratoire dont il a désormais toutes les clés, où il est payé au niveau des plus grands entraîneurs d'Europe (300.000 euros mensuels, hors primes, jusqu'en 2020, selon des sources proches du dossier), et qui lui permet de côtoyer régulièrement ces derniers. La semaine dernière encore, il participait à un forum organisé par l'UEFA avec, notamment, Zinédine Zidane (Real Madrid), José Mourinho (Manchester United) ou Massimiliano Allegri (Juventus). "J'ai accepté ce projet il y a trois ans, précise-t-il. Je comprends sa philosophie et la méthodologie de travail mise en place. Donc, je suis là pour travailler, faire travailler les jeunes joueurs, les aider à progresser, sans pleurer."
Malgré ce discours, Jardim sait aussi que, pour perdurer, les bons résultats demeurent essentiels. Il faut que son équipe soit systématiquement performante en début de saison. Ce fut le cas la saison dernière. Ce fut le cas cette saison, avant la trêve internationale. Après, il y a eu un accroc. Les quatre buts encaissés à Nice (4-0) samedi ont obligé le Portugais à admettre que "le chantier" était encore "énorme", pour parvenir à une équipe très compétitive. "Comparer l'effectif de ce début de saison avec celui de la fin de saison dernière, champion de France et demi-finaliste de la Ligue des champions, n'a pas de sens", prévient-il. Il demande "six mois" et "après, on verra", pour juger son nouveau groupe. Et pour évaluer également sa capacité à régénérer l'équipe de la Principauté. Une fois encore...
"Les joueurs voulaient rester"
Joao Moutinho, qui connaît bien son compatriote d'entraîneur ainsi que sa façon de faire, insiste : "En matière de transferts, le club fait bien les choses. Quand tu achètes un jeune joueur, il a besoin d'un ou deux ans pour bien évoluer. C'est ce que le club et le coach lui permettent de faire." Heureusement pour lui, Jardim peut compter sur ces quelques anciens, prêcheurs de bonnes paroles. Il dit aussi apprécier que les joueurs présents ne le soient pas par défaut. Il évoque ainsi les approches sur Thomas Lemar (blessé à une cuisse et absent mercredi), Fabinho et Guido Carrillo en toute fin de mercato. Pour le Français, les offres de Liverpool et Arsenal sont montées jusqu'à 100 millions d'euros. "Mais les joueurs voulaient rester, assure Jardim. Ils aiment travailler pour Monaco, possèdent une excellente mentalité et sont réguliers sur toute la saison."
Comme Monaco "essaie de garder les joueurs qu'on est moins en capacité pouvoir de remplacer" selon Jardim, ce dernier prépare, concentré mais plutôt confiant, ses retrouvailles avec la Ligue des champions. Et de relancer: "Attention, Leipzig est une très bonne équipe. Elle est vice-championne d'Allemagne en titre." Il a déjà oublié que son Monaco, lui, est champion de France...
VIDEO. Leipzig, la galaxie marketing
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