Ligue des champions : Dix ans après, Lyon peut se venger du Bayern et d'Ivica Olic
Que l’enjeu est grand ce mercredi soir. L’OL joue pour une place en finale de Ligue des champions, la première de son histoire. Et aussi pour une revanche. Il y a dix ans, le Bayern se dressait déjà sur la route des Gones, après le Real Madrid, en huitièmes, et Bordeaux, en quarts. De cette double confrontation, l’OL garde des regrets et une fessée mémorable infligée par Ivica Olic.
Un étrange match aller
Avant de se rendre dans l’antre de l’ogre, l’OL a dû gérer un contexte particulier. Sur le plan médiatique d’abord. Le week-end précédent le match, le nom de Sidney Govou est cité dans l’affaire Zahia, où plusieurs joueurs de l’équipe de France sont accusés de relations sexuelles avec une prostituée mineure. Le Lyonnais ne sera jamais mis en examen, mais la tempête médiatique est là. Elle est suivi de près par un autre phénomène météorologique. Alors que le match doit avoir lieu le 21 mars, le volcan islandais Eyjafjallajökull entre en éruption… le 20 ! Le trafic aérien est paralysé, les Lyonnais parcourent les 700 kilomètres jusqu’à Munich en mini-bus.
Ce match aller a des airs de rendez-vous manqué. Également impliqué dans l’affaire Zahia, Franck Ribéry est tendu. Il craque dès la 37e minute et quitte la pelouse après une semelle sur l’attaquant lyonnais Lisandro Lopez. Mais Lyon ne profite ni de sa supériorité numérique, ni de ses temps forts. A la 54e, Jérémy Toulalan est expulsé pour un second carton jaune. Quinze minutes plus tard, Arjen Robben marque (du pied gauche à l’entrée de la surface, forcément). Lyon est déçu, mais peut espérer renverser la situation au retour, à Gerland.
Olic envoie l'OL se coucher
Les espoirs lyonnais vont être douchés par un seul homme. Ivica Olic. Destiné à être un second couteau derrière Mario Gomez et Miroslav Klose, le Croate a pris le contrôle de l’attaque bavaroise en fin de saison, au gré des blessures et méformes de ses deux compères. Dès la 26e, alors que le Bayern peine à être dangereux, Olic se détache d’Aly Cissokho. Un pas en arrière suffit pour décrocher le latéral et recevoir la passe en retrait de Thomas Müller, déjà dans les bons coups. Sa frappe en pivot surprend Hugo Lloris.
L’OL doit marquer trois buts pour espérer se qualifier, le chrono défile. Sidney Govou manque l’égalisation d’une reprise à bout portant avant la pause. Au retour des vestiaires, chaque minute rapproche les Lyonnais de l’élimination. Cris, en retard sur Olic, prend un carton jaune et applaudit ironiquement l’arbitre Massimo Busacca. L’officiel italien n’apprécie guère et sort un nouveau carton. Déjà dominé physiquement, l’OL s’effondre à dix. Lancé en profondeur à la 67e minute, Olic bat Lloris d’une frappe croisée. Le gardien lyonnais est une nouvelle fois impuissant dix minutes plus tard, sur une tête trop facile de son bourreau du soir.
Aulas et l'armoire à pharmacie
Les supporters bavarois présents scandent le nom de leur héros, Jean-Michel Aulas ne partage pas leur enthousiasme, accusant même le Croate d’être dopé. “Bravo, il a été supérieur, il court plus vite et plus longtemps que tout le monde, ironise le président de l’OL après la rencontre. Il a dû avoir tout ce qu'il faut pour être le joueur merveilleux qui nous a éliminés presque à lui tout seul.” Sans être aussi direct, Sidney Govou partage encore aujourd’hui le constat de son président. “Il a le droit d'être bon, bien sûr, mais là... Je ne sais pas ce qu'il avait mangé, il était trop impressionnant, athlétiquement, raconte-t-il à L'Équipe. Le Bayern était au-dessus de nous, mais Olic, c'était irréel. Je me souviens, à la fin du match, dans le vestiaire, j'avais lancé à Cris, pour dédramatiser : "Oh, Olic il t'a porté sur le dos, il courait, et sur cent mètres il allait plus vite que toi."
Cris avance lui une autre explication, plus psychologique, au match raté des Lyonnais. “Le club a essayé de faire des choses que nous n’avions pas l’habitude de faire et notamment sur l’environnement du match avec des animations, explique-t-il à Ouest France. Le club a fait la fête au stade avant la rencontre. À l’échauffement, nous avions senti des choses inhabituelles. Le club a organisé une ambiance pour mettre la pression sur le Bayern mais nous n’avions pas l’habitude de ce type d’atmosphère. Bien sûr, c’était aussi le moment de tenter des choses différentes, sauf que cela n’a pas marché.”
L'apogée d'Olic
Malgré ce triplé, Olic ne soulèvera jamais la Ligue des champions. Une finale malheureuse contre l’Inter, puis une grave blessure au genou, le stoppe dans son élan. Il n’aura pas plus de chance en 2012, où il ne dispute que la prolongation face à Chelsea. Il quitte le club l’été suivant, un an avant le sacre européen des Bavarois. Ce triplé reste peut-être le dernier vrai moment de bonheur du Croate avec le Bayern. “Lorsque je vais rendre visite à mes anciens dirigeants ou que nous disputons un match de gala, mes anciens coéquipiers comme Hamit Altintop, Mark Van Bommel ou Bastian Schweinsteiger ont toujours une phrase qui fait référence à Lyon et à ce triplé, avoue-t-il à L'Équipe. Quand je marque un but encore aujourd'hui, ils reprennent mon prénom, comme en 2010, comme si rien n'avait changé.”
Tout a changé pourtant. De ce Bayern qu’on a cru maudit, Thomas Müller et David Alaba, 20 et 18 ans à l’époque, sont les seuls rescapés. L’OL est loin de sa gloire d’antan, déjà amochée en 2010, mais peut rêver après avoir éliminé la Juventus et Manchester City. Le format sur un match favorise l’exploit. Les Lyonnais ont les instruments pour écrire la plus belle page de leur histoire. Et reléguer Ivica Olic au rang de lointain souvenir.
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