L'appel d'offres de la C1, "une question de survie" pour Canal+ et beIN Sports
La survie pour Canal+ et beIN Sports
Un match à quatre, et deux l'ont remporté haut la main. Dans le marché des droits TV du football, en France, ils étaient quatre à se déchirer pour conquérir le droit de diffuser la Ligue des champions entre 2021 et 2024: Altice, détenteur actuel (qui avait mis 315 millions d'euros à l'époque, un record), Mediapro (qui a arraché les droits de la L1 et L2 pour la somme record de plus de 780 millions d'euros), Canal et beIN. "C'est l'offre premium du football", estime Michaël Tapiro. "Aujourd'hui, quand on voit les prix des championnats domestiques, ils sont tous surpayés. La L1-L2 à près de 800 millions d'euros, c'est inimaginable. Alors, avoir la Ligue des champions pour ce montant (375 millions par an selon les rumeurs, Ndlr), ce n'est pas cher."
Pour lui, cet appel d'offres avait une importance vitale pour les deux gagnants: "Canal + a sauvé sa peau. Ces derniers mois, les dirigeants étaient tellement anxieux par rapport à cet appel d'offres, et au risque de le perdre, qu'ils ont fait des offres d'abonnements délirantes. Ces derniers mois, on peut avoir Canal+ pour 19.90 euros sans engagement, soit trois fois moins cher qu'il y a quelques temps." Avec ce retour des droits de la C1, Canal + va "certainement avoir une remontée de son nombre d'abonnés, et je ne suis pas sûr que les tarifs de l'abonnement restent longtemps à ce niveau."
Pour beIN Sports, c'est un peu différent, mais l'importance de cette victoire est également prégnante: "BeIN a perdu les droits de la Ligue 1 au profit de Mediapro, et s'ils n'avaient pas récupéré la C1, ils se trouvaient en manque d'offres pour remplir leurs canaux", relève-t-il.
Altice et Mediapro, les grands perdants
"C'est RMC le grand perdant dans cette affaire", souligne Michaël Tapiro. "La petite maison Altice est devenue gigantesque, mais son modèle est différent de celui des deux autres diffuseurs. L'acquisition des droits lui a permis de développer sa télévision, mais le groupe Altice reste référent en radio. En revanche, le mercato des consultants va être intéressant."
Quant au dernier arrivé sur le marché français, Mediapro, la défaite est amère. "Ce groupe vient de nulle part, a acheté la L1 très chère, mais pour lui, c'était un Cheval de Troie. Cela devait leur permettre de mettre un pied dans la C1. C'est pour ça qu'ils le vivent très mal. Ils s'estiment lésés, ils pensent porter l'affaire en justice mais je ne pense pas qu'ils obtiendront que les droits leur reviennent." Ces deux revers pourraient, en revanche, amener ces deux entités à se rapprocher: "Mediapro va peut-être sous-licencier ses droits de la L1 à Altice, afin d'en limiter les coûts et de permettre aux deux de rester à flot dans cette bataille. Altice a tout intérêt à chercher à acheter une licence, que ce soit pour la C1 avec Canal + et beIN, ou avec Mediapro. Je pense que cette deuxième solution est la plus probable."
Avec une inflation de 600% des droits TV de la C1 sur les onze dernières années, la surenchère n'est pas encore finie. D'autant que la dématérialisation digitale va encore bouleverser le marché, peut-être pour finir par des achats match par match pour les téléspectateurs, via des plateformes très diverses. "Aujourd'hui, la Ligue des champions n'a pas de prix", conclut Michaël Tapiro. "Les prochaines enchères seront encore supérieures."
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