DEBAT. Le parcours du PSG est-il digne d'un finaliste de Ligue des champions ?
• Oui, le parcours du PSG est digne d'un finaliste de C1 - Par Hugo Monier
Faut-il organiser un grand débat national, voire européen, pour déterminer le seuil à partir duquel un parcours est digne de la Ligue des champions ? Mettre une limite liée au coefficient UEFA des clubs affrontés pour déterminer les deux finalistes ? Plutôt que s’en remettre aux mathématiciens, la réponse est simple. Un parcours de Ligue des champions, c’est un parcours de Ligue des champions. L’OM n’est pas moins champion d’Europe parce qu’il a dû éliminer les Nord-Irlandais de Glentoran et Bucarest, puis écarter les Rangers, Bruges et Moscou, avant d’affronter Milan.
Il est aussi question de respect et de réalité du terrain. Leipzig et l’Atalanta ne sont pas des grands noms. Mais il s’agit bien de deux des meilleures équipes d’Europe cette saison. Peu de clubs peuvent prétendre avoir réussi une année aussi aboutie sur le plan du jeu collectif que ces deux formations. Le Bayern a remporté tous ses matches en 2020, sauf un. Contre Leipzig. Avant d'affronter le PSG en huitièmes, Dortmund était une des équipes les plus en formes du moment et Erling Haaland un des meilleurs buteurs d'Europe, comme ils l'ont prouvé au match aller. Aucune de ces équipes ne s'est retrouvée là par hasard.
Oui, elles n’ont pas semblé brillantes contre Paris. Mais le mérite revient aussi aux Parisiens, et à Thomas Tuchel, d’avoir fait déjouer trois équipes pourtant redoutables. Il a fallu renverser Dortmund et si la qualification contre l’Atalanta s’est jouée sur le fil, celle face à Leipzig a été une démonstration.
Le format sur un seul match avantage autant le PSG, en lui évitant la pression mentale du match retour, que l’Atalanta et Leipzig. Car il est plus facile de renverser une équipe supérieure sur le papier en 90 minutes qu’en 180. Le Bayern sera l’ultime juge du parcours parisien, car l’essentiel est là. Un parcours de Ligue des champions, c’est un parcours qui va au bout.
• Non, le parcours du PSG n'est pas digne d'un finaliste de C1 - Par Adrien Hémard
"Ce n’est pas la destination qui compte, mais le chemin parcouru pour y arriver", dit le proverbe. Certes, le Paris Saint-Germain est plus proche que jamais d’enfin réaliser son rêve : remporter la Ligue des champions. Et pour cause, le PSG va disputer sa première finale de C1. Une qualification méritée, qui ne souffre d’aucune contestation. Là n’est pas le débat : Paris a gagné à la régulière, sur le terrain. Mieux, le PSG a éclaboussé ses adversaires successifs de son talent et de sa supériorité. Mais ses adversaires, que les Parisiens le veuillent ou non, font et défont la beauté du chemin. Or, sur ce point, le parcours parisien n’est pas digne d’un finaliste de C1.
Qu’on soit bien d’accord : Paris mérite sa place en finale, et ne l’a volée à personne. Mais avouons qu’un tableau de chasse où figurent l’Atalanta Bergame et Leipzig, à peine relevé par Dortmund, ce n’est pas franchement l’idée que l’on se fait d’une odyssée homérique. Pour appuyer ce propos, invoquons l’ennemi marseillais. En 1993, l’OM est sacré champion d’Europe en battant le grand Milan AC de Fabio Capello. Un sacre souvent minimisé par les supporters parisiens, qui rappellent le parcours marseillais jusque la finale : Glentoran FC , Dinamo Bucarest, Glasgow Rangers, FC Bruges et CSKA Moscou. Un parcours tout aussi peu clinquant que celui du PSG 2020, à la différence notable qu’à l’époque le format de la compétition était différent (un club par pays).
Cette saison, le PSG a donc écarté le Borussia Dortmund en huitième de finale, avant de bénéficier d’un tableau favorable. Oui, l’Atalanta Bergame et le RB Leipzig étaient deux des révélations de la saison, des équipes aux collectifs impressionnants, mais sans être des cadors européens comme ceux éliminés par l’Olympique lyonnais dans le même temps (Juventus, Manchester City). Sans manquer de respect à Bergame et Leipzig, les premiers disputaient leur première campagne de C1, tandis que les seconds en étaient à leur deuxième, mais à leur première phase à élimination directe. Tout aussi séduisants qu’ils soient, les adversaires du PSG n’en restaient pas moins inexpérimentés. Y compris le Borussia Dortmund et sa jeune équipe.
Au-delà de ces adversaires, que Paris n’a pas choisi, ce parcours manque aussi de saveur à cause d’un autre élément, central, auquel le PSG ne peut rien non plus : le format du Final 8. Quel que soit le vainqueur de cette édition, il n’aura pas eu le parcours digne de ce statut, et ce peu importe les adversaires rencontrés, pour la simple et bonne raison que les quarts et demi-finales se sont joués à huis clos, dans un stade neutre, sur un match unique. Or, la beauté de la coupe d’Europe réside en ses confrontations aller-retour, d’un bout à l’autre du continent, dans des stades bouillants. Et les remontada des dernières saisons le prouvent. Alors, même si le PSG pourrait bien gagner sa première Ligue des champions, et qu’il ne l’aura pas volée, cela ne suffira pas à effacer les interrogations qui planent sur cette édition 2019-2020, son format, et son vainqueur : quel qu’il soit. Parce que la destination sera atteinte, mais par un chemin sans saveur.
• "Ce qui est important, c’est de gagner la compétition" - L'avis de notre consultant Eric Roy
Quand le tableau du Final 8 a été tiré, c'était difficile d’avoir un meilleur tirage que le leur. Il est préférable de jouer l’Atalanta et Leipzig que Barcelone puis le Bayern pour accéder à la finale. En plus, à chaque fois qu’ils vont jouer, les Parisiens auront eu plus de repos que leurs adversaires. Sur la finale, ils auront un jour de récupération en plus. Or en fin de compétition, trois jours de récupération pour un club et quatre pour l’autre, cela peut créer une grande différence. Les planètes sont pour l’instant alignées. Il y avait beaucoup d’indices, par rapport à la qualité de l’équipe et l’état d’esprit que l’on a découvert.
Mais les Parisiens ne décident pas de leurs adversaires. Quoi qu’il arrive, s’ils doivent aller au bout, ce sera un parcours digne d’un champion d’Europe. S’ils ont rencontré l’Atalanta, c’est qu’ils méritaient de rencontrer le PSG, Leipzig aussi, même si peu de monde pensait qu’ils pourraient battre l’Atlético de Madrid. Beaucoup d’équipes ont gagné des titres dans des conditions favorables mais on ne s'en rappelle plus. Ce qui est important, c’est de gagner la compétition. L’équipe qui aura le plus mérité et qui aura le mieux géré cette période difficile à appréhender sera sacrée. En aucun cas ce sera pour moi un titre au rabais. Et en finale, si le PSG bat le Bayern, l’épouvantail des favoris, personne ne pourra taxer le PSG d’un titre au rabais.
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