Ça s'est passé un 11 avril 2017 : le bus du Borussia Dortmund visé par un attentat
Une affiche pleine de promesses. Ce 11 avril 2017, la flamboyante AS Monaco, future championne de France, se déplace à Dortmund en quart de finale aller de Ligue des champions. En 8e de finale, les hommes de Leonardo Jardim ont fait plier Manchester City avec la manière. La bande à Falcao, Lemar, Mbappé, Fabinho, Bernardo Silva ou encore Benjamin Mendy diffuse un vent de fraîcheur dans l’Hexagone et sur le Vieux Continent. Face à eux, le Borussia Dortmund de Tuchel promet d’être un adversaire tout aussi spectaculaire. Mais en ce mardi 11 avril, le match n’aura pas lieu.
Un attentat boursier
Sur la route entre l’hôtel de leur mise au vert et le Signal Iduna Park - qui se remplit peu à peu -, le bus des joueurs du Borussia Dortmund est ciblé par un attentat. Trois bombes explosent aux abords du véhicule, blessant un policier et Marc Bartra, défenseur du BVB. Miraculeusement, le bilan s’arrête à ces deux blessés. Mais le choc est immense : le football et les footballeurs ont été pris pour cibles directes. Pourquoi ? Par qui ?
Très vite, les autorités soupçonnent une attaque terroriste islamiste. Et pour cause : des lettres sont retrouvées sur le lieu de l’attaque, indiquant qu’il s’agit de représailles après l’intervention allemande contre Daesh. Rapidement, le match est reporté. L’enquête révélera finalement qu’il s’agissait d’une attaque sous fausse bannière. En d’autres mots, le poseur de bombes, Serguei Wenergold (29 ans), a maquillé son attentat aux traits d’une attaque islamiste.
En réalité, ce jeune germano-russe commet ce soir-là le "premier attentat boursier de l’Histoire" selon capital.fr . En effet, l’assaillant cherchait en réalité à faire chuter le prix de l’action du club et en tirer profits. L’instruction précisera qu’il visait un butin de 500 000 euros. Après onze mois de procès, Serguei Wenergold échappe à la prison à perpétuité requise par le parquet, mais écope d’une peine de quatorze ans d’emprisonnement. Lors du procès pour "tentatives de meurtres", la défense avait avancé que l’assaillant cherchait surtout "à faire peur".
Conséquences sportives
D’un point de vue sportif, le match est reporté … au lendemain soir. Les joueurs du Borussia ont alors à peine 24 heures pour oublier ce traumatisme et se préparent à disputer un match aussi crucial qu’un quart de finale de C1 à domicile. Surréaliste. D’ailleurs, Thomas Tuchel racontera plus tard : "Nous nous sommes sentis ignorés (...) Quelques minutes après l'attaque, on nous a dit qu'on devrait jouer, comme si on nous avait envoyé une canette de bière contre le bus".
Seule lumière dans cette sombre soirée, l’attitude des supporters allemands, qui ont accueilli à bras ouverts la plupart des supporters monégasques ayant fait le déplacement dans la Ruhr, et qui n’avaient nulle part où dormir. Le lendemain, le match a bien lieu. Après 35 minutes de jeu, Monaco mène 2 à 0 et s’imposera 3 à 2 grâce à un doublé de Mbappé. On ne saura jamais quel a été l’impact réel de cet attentat sur le résultat sportif, mais difficile de nier son influence sur les joueurs du BVB.
Et si au match retour l’AS Monaco coupe court au débat en s’imposant 3-1, cela n’empêche pas le Borussia de se sentir lésé d’avoir joué un match qui n’aurait pas dû l’être. Pas aussi tôt. Pas alors qu’un des joueurs allemands (Marc Batra) était hospitalisé. C’est d’ailleurs ce qui causera le départ de Thomas Tuchel, meilleur entraîneur de l’Histoire du BVB en terme de matches gagnés, à la fin de la saison et en dépit d’excellents résultats. Depuis l'attaque de ce bus, Dortmund n'a plus disputé un quart de finale.
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