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Ligue des champions : Trabzonspor, une équipe rattrapée par le scandale

Lille reçoit ce soir ce club turc, qui a pris la place de Fenerbahçe, disqualifié pour corruption. Mais des révélations embarrassantes pourraient, à leur tour, menacer l'équipe de la ville de Trabzon.

Article rédigé par Pierre Godon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Les supporters de Trabzonspor lors d'un match entre leur équipe et le CSKA Moscou, en Ligue des champions, à Trabzon, le 2 novembre 2011.  (RIA NOVOSTI / AFP)

Trabzonspor, hôte de Lille pour un match décisif de la Ligue des champions, mercredi 7 décembre, n'aurait pas dû disputer la compétition reine du football européen. Le club turc a fini second du championnat, remporté par le club stambouliote de Fenerbahçe. Mais un énorme scandale de corruption a balayé Fenerbahçe, et la Fédération turque a choisi Trabzonspor pour défendre ses chances en Ligue des champions, vingt-quatre heures avant le tirage au sort des poules. 

Trabzonspor éliminé, mais qualifié quand même

Et pourtant, Trabzonspor s'était fait éliminer pendant les tours préliminaires qui opposent les équipes arrivées aux places d'honneur des principaux championnats européens. Mais la fédération turque a décidé de lui donner le fauteuil réservé au champion national. "On ne pouvait pas prendre un club classé plus bas, ou laisser la place à une équipe d'un autre pays", se justifiait la fédération turque en septembre sur le site spécialisé insideworldfootball.biz (en anglais). 

Le club de la ville de Trabzon voit le scandale le rattraper : il est désormais accusé d'avoir motivé à coup de liasses de billets les adversaires de Fenerbahçe en fin de saison, pour empêcher, en vain, le club stambouliote d'être sacré. 

"Si je parle, tout le monde va tomber"

Pas moins de dix-neuf matchs de la saison passée sont soupçonnés d'avoir été achetés, dont la victoire décisive de Fenerbahçe lors de la dernière rencontre du championnat, celle qui lui a donné le titre de champion. Plusieurs présidents de clubs sont en prison, comme celui de Fenerbahçe, qui aurait déclaré "si je parle, tout le monde va tomber", note le New York Times. D'autres sont (pour le moment) interdits de stade... comme le président de Trabzonspor, qui pourra quand même s'asseoir dans les tribunes du Stadium Nord de Lille mercredi, car l'interdiciton ne s'étend pas hors des frontières turques. Plusieurs joueurs soupçonnés par la justice ont purement et simplement mis les voiles lors du mercato pour s'éviter des nuits en prison. 

Halil Altintop, joueur de Trabzonspor, fête son but contre l'Inter Milan en Ligue des champions, à Trabzon, le 22 novembre 2011.  (MURAD SEZER / REUTERS)

Il n'est pas sûr que cette affaire ait un impact direct sur l'avenir du foot turc en Coupe d'Europe. Déjà parce que Trabzonspor nie. Le club est d'ailleurs loin d'être qualifié pour les 8es de finale de la Ligue des champions, et n'est même pas assuré d'être reversé en Ligue Europa. D'autre part parce qu'aucune enquête n'est en cours sur ce dossier à l'UEFA. Depuis 2007, l'instance qui dirige le football européen stipule qu'aucune équipe impliquée dans une affaire de match truqué ne peut participer à une compétition (PDF en anglais page 3). 

La justice turque a, elle, quinze jours pour décider la tenue d'un éventuel procès. D'ici là, Trabzonspor sera peut-être éliminé de toutes les compétitions européennes, ce qui simplifiera le problème.

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