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Ligue des champions : les adversaires des Français rejouent "Dallas"

Lyon reçoit mardi soir l'Ajax Amsterdam, sur le déclin, et Lille se déplace à Moscou pour rencontrer le CSKA, en pleine ascension. Deux équipes qui traversent des épisodes dignes de la série américaine.

Article rédigé par Pierre Godon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
L'entraîneur de l'Ajax Amsterdam en 1995, Louis van Gaal, brandit la Ligue des champions conquise avec son club aux dépens du Milan AC (1-0) le 24 mai 1995 à Vienne (Autriche). (REUTERS)

Les deux adversaires des clubs français en Ligue des champions de football, mardi 22 novembre, partagent un air de famille. L'Ajax Amsterdam, qui se déplace à Lyon à 20h45, et le CSKA Moscou, qui rencontre Lille sur son terrain russe, tiennent tous deux de Dallas, la série américaine où amours, trahisons et guerres familiales s'enchaînaient sur fond d'or noir. Cependant, chacune des deux équipes a son interprétation toute personnelle de la saga.  

L'Ajax, c'est "Dallas" en version originale 

• L'Ajax ou le souvenir du bon vieux temps 
Si quelqu'un vous dit que l'Ajax représente une merveilleuse équipe avec des trémolos dans la voix, c'est soit un passionné qui a vu jouer la fantastique équipe de Johan Cruyff et consorts au début des années 70, avec la tactique révolutionnaire du football total ; soit quelqu'un qui a eu ses premiers émois footballistiques devant l'Ajax cru 1995, celui de l'entraîneur Louis van Gaal et de sa génération exceptionnelle des Kluivert, Seedorf, Davids, Van der Sar etc. Bref, l'Ajax dégage un parfum de nostalgie, comme Dallas pour ses fans de l'époque.

Aujourd'hui, l'Ajax est (re)devenu une équipe moyenne, pillée de ses stars en devenir dès qu'elles enchaînent dix bons matchs. Ainsi, les gros clubs anglais se disputent déjà le prometteur Danois Christian Eriksen.  

L'équipe de l'Ajax Amsterdam fête sa victoire contre le Dinamo Zagreb en Ligue des champions le 2 novembre 2011 à Amsterdam (Pays-Bas). (VI IMAGES VIA GETTY IMAGE)

• L'Ajax, ancienne machine à rafler des titres
La série américaine a en son temps accumulé les récompenses. Un peu comme l'Ajax d'autrefois. Championne des Pays-Bas l'an passé presque par accident, l'équipe de Frank de Boer est mal embarquée en championnat, à la 4e place, à 10 points du leader Alkmaar. Le dernier bon parcours de l'Ajax en Ligue des champions remonte à 2003. Ajoutez à cela qu'aucun joueur ne figurait dans l'équipe hollandaise lors du match contre la Suisse, mardi 15 novembre, et on peut presque parler de déchéance. 

• L'Ajax, une affaire de grosses personnalités
Et pour ne rien arranger, le club néerlandais s'est offert en parachutant l'ancien coach Louis van Gaal directeur général une guéguerre interne digne de celles qu'entreprenaient JR, Sue Ellen et Bobby... Car Louis van Gaal est détesté de Johan Cruyff, ancienne gloire du club qui y a encore beaucoup d'influence. Il a d'ailleurs réintégré l'équipe dirigeante le 27 avril. Les anciens joueurs, nombreux à être entraîneurs de jeunes ou formateurs au club, sont donc sommés de choisir leur camp. Plusieurs dirigeants ont déjà démissionné.

Le CSKA Moscou, le remake

• Le CSKA, un monde de clichés 
Dans l'inconscient collectif du supporter moyen, le football russe suppose des matchs à 18 heures à cause du décalage horaire, des terrains gelés sur lesquels il est difficile de jouer et des stades déserts où on ne voit que le béton de leur architecture soviétique. Ajoutez à cela le fait que le CSKA est l'ancien club de l'armée, qu'une statue de Lénine trône à l'entrée du stade Loujniki, et on a passé en revue tous les clichés possibles sur le foot russe. Comme une certaine série qui, en son temps, faisait son miel de la caricature d'une dynastie texane. 

• Les oligarques russes à la place des tycoons américains
Désormais, le football russe, tout auréolé du prestige d'avoir décroché l'organisation de la Coupe du monde 2018, est le nouveau riche du foot européen. A chaque club son oligarque, serait-on tenté de dire. Le CSKA, par exemple, est alimenté par des pétroroubles. Grâce à cette force de frappe financière, la Russian Premier League fait essentiellement son marché à l'étranger. Ont pris la direction de la Russie des stars comme Samuel Eto'o ou Roberto Carlos, des espoirs comme le Belge Steven Defour ou l'Italien Domenico Criscito. 

Ainsi, avec sa doublette brésilo-ivoirienne Vagner Love aux improbables tresses bleues, avec Seydou Doumbia en attaque - suspendu face à Lille - ou son meneur japonais Honda, le CSKA constitue l'une des deux équipes qui jouent le mieux dans le championnat russe. 

L'attaquant brésilien du CSKA Moscou Vagner Love lors du match de Ligue des champions contre Lille, à Villeneuve-d'Ascq (Nord), le 14 septembre 2011. (PHILIPPE HUGUEN / AFP)

• Des egos gonflés comme ceux de stars de séries
Qui dit stars dit caprices de stars. L'attaquant brésilien Vagner Love ne joue bien qu'un match sur deux. Ça dépend de son mental et de ses rêves de transfert à l'étranger. Les vedettes russes de l'équipe ont aussi eu des mots avec leur entraîneur, Leonid Slutsky. N'empêche, la progression du football russe est inexorable. Arsène Wenger, manager d'Arsenal, l'a prédit dès 2006 (lien en anglais) "Un club russe gagnera la Ligue des champions dans les dix ans." 

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