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Ligue des champions : le Bayern est-il invincible?

Après la démonstration bavaroise contre Barcelone (4-0), cherchons la petite bête.

Article rédigé par Pierre Godon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Bastian Schweinsteiger, milieu de terrain du Bayern Munich, encourage ses partenaires, lors de la demi-finale aller de la Ligue des champions contre le Barça, le 23 avril 2013 à Munich (Allemagne).  (STUART FRANKLIN / GETTY IMAGES)

Peut-être a-t-on assisté, mardi 23 avril, à la passation de pouvoirs au sommet du foot européen. L'ère du Barça s'achève, avec une sixième demi-finale de Ligue des champions de rang, et celle du Bayern commence avec cette victoire 4-0 contre les Catalans. Les Bavarois sont clairement montés en puissance par rapport à l'an dernier, où ils avaient échoué en finale, et les Barcelonais au jeu virevoltant ne sont plus que l'ombre de l'équipe qui a gagné la compétition il y a deux ans. Faut-il déjà considérer le Bayern comme l'ultrafavori des coupes d'Europe pour les dix ans qui viennent ? Quand même pas.

Le Bayern, c'est le Barça en mieux

Il y a clairement un air de famille entre les deux clubs. Le Barça et le Bayern sont les deux équipes qui ont le plus de possession de balle dans les cinq grands championnats européens, et qui réussissent le plus de passes. On y trouve l'influence de l'entraîneur hollandais Louis Van Gaal, qui a redressé le Barça à la fin des années 1990 avant de faire de même au Bayern à la fin des années 2000. L'ancien entraîneur des Catalans, Pep Guardiola, qui rejoindra le Bayern en fin de saison, n'a pas choisi le club bavarois au hasard.

Lors de la demi-finale aller, le Bayern a appuyé sur les points faibles du Barça : les coups de pied arrêtés - les deux premiers buts sont marqués sur des corners -, le jeu aérien - seul Piqué dans la défense du Barça est de taille à lutter contre les Allemands - et la puissance athlétique - contrairement aux petits gabarits du Barça, la taille moyenne au Bayern frise les 1,85 m, dix centimètres au-dessus des Catalans. Les Allemands ont renoncé à disputer la balle aux Blaugranas pour mieux procéder par contres, avec une efficacité chirurgicale. Pire, Barcelone ne s'est procuré qu'une demi-occasion, avec un total famélique d'un seul tir cadré. Et dire qu'au début du match, l'entraîneur adjoint de Barcelone avait prédit en conférence de presse (en anglais) que "le match se jouera[it] sur des détails" !

Un peu de lenteur et de suffisance comme seules faiblesses ?

Est-il trop tard pour arrêter le Bayern ? Les Bavarois, champions de Bundesliga depuis deux semaines, ont déjà égalé les records du plus grand nombre de points et de victoires en championnat. Interrogé par francetv info, Côme, qui gère Bundesliga France, ne voit pas grand-chose à améliorer pour l'équipe de Frank Ribéry : "Je vois tout de même à cette équipe trois faiblesses. Les coups de pied arrêtés défensifs, où le Barça a eu une situation dangereuse. La propension du milieu de terrain néerlandais Arjen Robben à vouloir faire la différence tout seul. Et enfin l'aspect mental. Psychologiquement, ils se sont écroulés en fin de saison dernière, quand le championnat et la Ligue des champions se sont dérobés. On a aussi vu au match retour contre Arsenal (victoire à Londres 3-1, défaite à Munich 2-0) qu'ils peuvent faire preuve de suffisance, qu'ils peuvent avoir l'impression de gagner sans jouer."

L'avant-centre du Bayern Munich Mario Gomez marque le deuxième but de son équipe contre Barcelone, en demi-finale aller de la Ligue des champions, le 23 avril 2013 à Munich (Allemagne).  (ODD ANDERSEN / AFP)

Attention quand même à ne pas surinterpréter la victoire contre le Barça. Pour Florent Toniutti, qui a décortiqué le match sur chroniquestactiques.fr, "le Bayern est vulnérable face à des équipes qui se projettent très rapidement vers l'avant quand elles franchissent la ligne médiane. Le Barça ne sait pas envoyer de longs ballons devant, alors que la défense du Bayern n'est pas replacée. En quarts de finale, la Juventus non plus. Mais c'est dans l'ADN de l'adversaire qui se profile en finale, que ce soit le Real Madrid ou Dortmund. Sans parler du fait que ces deux équipes seront plus capables de résister athlétiquement au Bayern."

Gare au Bayern version 2013-2014 ! 

Si le Bayern vous a impressionné mardi soir, que dire de l'an prochain, quand Pep Guardiola et le milieu de Dortmund Mario Götze vont rejoindre le club ? "Le principal défi de Guardiola est de faire du Bayern, qui est une bonne équipe depuis deux ou trois ans, une équipe de légende qui domine l'Europe pendant cinq ou six ans, analyse Philippe Gargov, spécialiste de la tactique du blog Les Dé-Managers et inconditionnel de l'entraîneur espagnol. Mais il y a un vrai risque que le club perde plusieurs années à cause d'un homme qui a voulu relever un défi personnel. Car Guardiola n'a jamais entraîné ailleurs qu'au Barça. Et il va se heurter au poids de l'institution et à la pression de reprendre une équipe à son sommet. Si ça marche, peut-être que le club bavarois parviendra à battre des équipes du calibre du Barça, mais cette fois-ci en imposant son jeu de possession, plutôt qu'en s'adaptant à l'adversaire. Ce serait la cerise sur le gâteau."

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