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José Mourinho, l'Attila du foot, quitte le Real à la fin de la saison

Dans les clubs où il est passé, l'herbe a mis du temps à repousser. Cela va-t-il être le cas du Real Madrid, qu'il quitte à la fin de la saison ?

Article rédigé par Pierre Godon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
L'entraîneur du Real Madrid, José Mourinho, lors d'un match de son équipe sur le terrain du FC Valence (Espagne), le 20 janvier 2013.  (DANI POZO / AFP)

Il n'y a guère qu'à Setubal que José Mourinho fasse l'unanimité. La municipalité de cette ville portugaise a décidé de baptiser une rue au nom de l'enfant du pays, actuellement entraîneur du Real Madrid. Mais qui ne le sera plus à la fin de la saison, a annoncé lundi 20 mai, le président du club, Florentino Perez. Mourinho est l'entraîneur le plus célèbre d'Europe. Le mieux payé. Le plus controversé aussi.

José Mourinho, mi-père, mi-psy

Beaucoup de joueurs passés sous les ordres de José Mourinho l'appellent "Papa", sans qu'on sache s'il s'agit vraiment d'un lapsus. Sa stratégie de management, basée sur le conflit, lui permet généralement de compter sur un vestiaire très uni face à l'hostilité médiatique ambiante. "Tout est calculé, la façon dont je parle aux médias, quand je m'énerve, quand je ris. J'ai toujours le contrôle", a-t-il expliqué au blog Soccer Issue (en anglais). Même sa fameuse glissade sur les genoux, entrée dans la légende.

La psychologie, c'est le dada de José Mourinho. Sa mère a bien tenté de lui faire suivre des études d'économie, mais il n'y est resté qu'une journée, avant de décrocher un diplôme en psychologie du sport. Pour lui, le plus grand défi qui s'offre au manager de haut niveau, c'est de tirer très rapidement le maximum d'un groupe hétérogène dont les joueurs ne parlent souvent pas la même langue, relève la chaîne américaine ESPN (en anglais).

Celui qui s'est baptisé le Special One lors de son arrivée en Angleterre entretient des liens très proches avec ses joueurs... mais aussi avec ses anciens joueurs. Lors du mercato hivernal, Didier Drogba a ainsi demandé conseil à José Mourinho au moment de signer avec le club turc de Galatasaray. 

Mourinho côté face

Voilà pour le côté pile du personnage, celle qu'il se plaît à présenter aux médias. Car l'entraîneur portugais traîne aussi une part d'ombre qui a tendance à croître à mesure qu'il écume les grands championnats européens. 

José Mourinho parvient à faire des miracles avec ses équipes, mais uniquement sur de courtes périodes. Avec Chelsea, il métamorphose un club friqué sans âme en machine à gagner entre 2004 et 2006. Non sans dégâts, comme le rapporte l'autobiographie de l'international français Claude Makélélé : "Pendant un an, nous étions un groupe d'amis, puis Mourinho est arrivé et a tout ruiné ! Il existait une extraordinaire solidarité mais Mourinho a tout détruit en excluant certains joueurs-clés de l'effectif et en élevant d'autres au rang de stars." 

Quand il part, en septembre 2007, il la joue Jules César devant le vestiaire : "Je vous souhaite bonne chance. Même à ceux qui m'ont trahi." Fatalement, son successeur a dû composer avec une équipe divisée… A l'Inter, il transforme une équipe qui domine l'Italie en championne d'Europe. Mais claque la porte le soir du sacre, laissant ses joueurs les plus proches en larmes, à commencer par Marco Materazzi, l'homme du coup de boule de Zidane.

Les deux clubs ne se sont pas encore remis du passage du Portugais. Chelsea a épuisé six entraîneurs et dépensé une fortune en indemnités de licenciement pour un seul titre majeur, la Ligue des champions 2012, gagnée presque par accident. A l'Inter, Mourinho s'est ingénié à savonner la planche à son successeur, qu'il a accusé d'avoir décroché des photos de lui au siège du club. Le club milanais est toujours en crise et n'a même pas réussi à décrocher une qualification européenne cette saison. En revanche, les supporters des deux clubs font vivre à coups de bannières le souvenir du Special One. Le 17 avril dernier, les tifosi de l'Inter ont déployé une banderole clamant "Nous sommes orphelins de Mourinho".

L'entraîneur du Real Madrid, José Mourinho, lors d'une conférence de presse précédant le match Malaga-Real, le 22 décembre 2012 à Malaga (Espagne).  (JORGE GUERRERO / AFP)

"A 100% avec lui, ou à 200% contre"

Ses multiples fanfaronnades médiatiques - il a accepté une couronne en conférence de presse (qu'il a échangée contre sa veste), il a fait un jeu de mots avec "pénis" pour parler de l'entraîneur du Barça, il a expliqué à la Gazzetta dello Sport (en italien) avoir appris l'italien "en trois semaines" à raison de cinq heures par jour - lui ont peut-être valu le titre de "Rockstar de l'année", décerné par la déclinaison espagnole du magazine Rolling Stone. Mais elles ont durablement abîmé l'image des clubs où il a officié. Un sondage publié dans le journal sportif espagnol Marca, relayé par Dirty Tackle (en anglais), montre que 62% des socios pensent que Mourinho donne une mauvaise image du Real Madrid, où il s'est brouillé avec les cadres de l'équipe, a fait virer des dirigeants historiques et s'est mis à dos le public. Une étude aux résultats similaires a été menée du temps de ses années à l'Inter Milan. 

"Il a une façon d’être, de faire et de parler qui fait que l’on est soit à 100% avec lui, soit à 200% contre lui. Cela fait partie de son personnage", analyse dans Marca (en espagnol) Luis Suarez, ancien joueur de l'Inter Milan. La dernière chance pour Mourinho de sortir par le haut au Real Madrid était de remporter la Ligue des champions, et de renverser une défaite 1-4 à l'aller face à Dortmund. "Si nous n'arrivons pas en finale, ce sera mon échec", avait-il reconnu. Si le Real n'a pas finalement pas réalisé cet incroyable exploit, Mourinho peut se targuer d'avoir fait sévèrement trembler Dortmund. En marquant deux buts en fin de rencontre, le club madrilène n'a échoué qu'à un but de la qualification.

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