Ligue des champions : ces accidents industriels qui ont précédé celui de l'OM
Dernier du groupe de la mort, l'OM, qui se déplace à Arsenal mardi soir, est bien parti pour faire un zéro pointé.
Au moment de défier Arsenal, leader du championnat anglais, mardi 26 novembre, l'OM occupe une terrible dernière place de son groupe de Ligue des champions. Quatre matchs, quatre défaites, contre Naples, vice-champion d'Italie (deux fois), Dortmund, finaliste de la dernière Ligue des champions, et Arsenal. On voit mal les Olympiens grappiller un succès après un tel départ. Dans le discours de l'entraîneur, Elie Baup, la priorité, c'est le championnat. Le fiasco de l'OM peut s'expliquer par quatre syndromes, qui ont tous eu des précédents.
Le syndrome du groupe de la mort
Le club phocéen a incontestablement hérité du groupe de la mort de l'édition 2013-2014. Pas de club slovène improbable pour assurer la différence de buts et au moins terminer troisième, ce qui permet d'être reversé en Ligue Europa. L'OM est passé près d'un bon résultat contre Arsenal (1-2) ou à Naples (2-3), mais a été dominé dans les grandes largeurs par Dortmund (0-3) et lors de la réception de Naples (1-2, mais le score est très flatteur pour les Olympiens). Même si l'OM avait arraché un 1-1 contre Arsenal et un 2-2 contre Naples, ça ne lui ferait jamais que deux petits points en quatre matchs.
Le précédent : Villarreal en 2011. Le "sous-marin jaune", surnom de l'équipe espagnole, était le club à la mode des années 2000. Une ville dortoir de la banlieue de Valence, dont l'équipe est passée à un penalty d'une finale de Ligue des champions en 2006. D'un seul coup, la machine se dérègle lors de la saison 2011-2012. L'attaquant italien Giuseppe Rossi se fait attaquer par un taureau. L'infirmerie du club ne désemplit pas - jusqu'à huit titulaires sur le flanc en même temps. Un groupe de la mort en Ligue des champions. Des fessées infligées à domicile en championnat par le Barça, le Real et... les voisins de Levante, obscur club de banlieusards valenciens.
C'est trop pour l'entraîneur Juan Carlos Garrido, qui se cherche des excuses dans la plus longue phrase d'entraîneur jamais prononcée, citée par le Guardian (en anglais). Prenez votre respiration avant de la lire : "Il y a des joueurs qui sont arrivés, d'autres qui sont partis, Cazorla [alors la vedette de l'équipe] est parti, on n'a pas eu de chance, et on a dû changer de système de jeu, et il y a eu des rumeurs, et la pré-saison n'a pas été bonne, et il y a l'arbitre, et on n'a pas eu de chance, et on n'a plus d'argent, et Marco Ruben et Angel et Marcos Senna, et Nilmar [tous blessés] et je ne comprends pas pourquoi vous faites ça, car on bosse bien, je sais que vous n'y croyez pas, mais on bosse bien, et je suis toujours là, et on va s'en sortir, vous verrez." Villarreal termine la Ligue des champions avec zéro point au compteur et est relégué en D2 à la fin de la saison.
Le syndrome du club qui s'y croyait un peu trop
Vincent Labrune, le président de l'OM, joue les faux modestes après le tirage au sort, fin août. "On a du talent et on va essayer de gagner un match ou deux, voire plus." Même volonté affichée chez Elie Baup, l'entraîneur : "Nous avons aussi notre carte à jouer en endossant le rôle d'équipe surprise." Les experts de l'OM prédisent même, dans cette vidéo du Phocéen.fr, que chaque équipe se prendra des points et que finir deuxième avec huit points est possible. La réalité est bien différente.
Le précédent : le Milan AC de 1996. Ils sont champions d'Italie avec huit points d'avance sur leur dauphin, et avec le Ballon d'or, George Weah, à la pointe de l'attaque. Ils tombent dans un groupe similaire - Rosenborg, Porto, Göteborg - à celui qu'ils ont survolé quatre ans plus tôt. Quand le Milan AC pénètre sur la pelouse pour le premier match de sa campagne européenne, contre Porto, les joueurs doivent se dire que l'affaire est dans le sac. Erreur ! Très vite, le duo d'entraîneurs perd la confiance du vestiaire, les défaites à domicile s'enchaînent - y compris contre les "Troillongan", les "bébés trolls" de Rosenborg. On s'aperçoit soudainement que la charnière centrale a 74 ans (37 ans pour Baresi et Vierchowod). Pour couronner le tout, George Weah fracture le nez d'un défenseur de Porto à la fin de la phase de groupes, représailles à des injures racistes proférées tout au long de la rencontre. L'UEFA inflige six matchs de suspension au Libérien, rien au Portugais, même si l'instance internationale souligne le comportement "odieux" du défenseur de Porto. Sale année, décidément, pour le Milan.
Le syndrome du club intermittent
Il n'y a pas de secret. Les clubs qui réussissent sont ceux qui sont présents tous les ans ou presque en Ligue des champions. Un seul club français figure parmi les plus assidus dans la reine des coupes d'Europe, et c'est Lyon (neuf participations sur les dix dernières saisons), pas l'OM.
Le précédent : l'AS Rome. Le club italien n'est présent en Ligue des champions qu'une fois sur deux. Ce relatif manque d'expérience explique en partie le fait qu'il détient deux des records honteux du foot italien en Ligue des champions : la plus grosse défaite, 1-7 contre Manchester United, en quarts de finale en 2006, et la pire phase de poules jamais réalisée par un club transalpin, un malheureux point en 2004-2005. Point culminant du chemin de croix romain cette année-là : le match contre le Dynamo Kiev, au Stade olympique de Rome. L'arbitre, Anders Frisk, est atteint par un projectile alors qu'il expulse le défenseur romain Philippe Mexès. Quadruple peine : le match est arrêté, la Roma le perd sur tapis vert 3-0 (les Ukrainiens menaient déjà 1-0, cela dit), le club doit jouer toutes ses rencontres à domicile à huis-clos et l'action du club perd 9% dès le lendemain, pour atteindre une valeur misérable de 60 centimes d'euro, note CNN (en anglais).
Le syndrome du club français
Les clubs français n'ont jamais commis de zéro pointé en poule de Ligue des champions. N'empêche qu'on s'en rapproche dangereusement. On est passé de quatre points pour Marseille cru 2003-2004 comme pire bilan à l'issue de la phase de poules à trois points pour Auxerre en 2010-2011 et désormais deux points pour Montpellier en 2012-2013. L'OM fera-t-il pire cette saison ? L'équipe a impérativement besoin d'une victoire pour éviter de porter le bonnet d'âne.
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