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MMArena, succès assuré?

Grandir ou végéter dans le ventre mou des clubs professionnels, Le Mans FC a choisi la première option. Dans l'ombre des grands clubs de l'ouest Nantes ou Rennes, le club sarthois n'avait pas d'autres choix que de quitter le vétuste stade Léon-Bollée pour une enceinte ultra-moderne. Derrière l'ambitieux président Henri Legarda, le projet du MMArena est né. Malgré quelques mois de retard, le stade ouvrira ses portes samedi lors d'un match inaugural contre Ajaccio.
Article rédigé par Xavier Richard
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 6min
 

Condamné à déménager

Dans une ville folle de ses 24 Heures et de son équipe de basket, le foot faisait figure de parent pauvre jusqu'à la montée en Ligue 1 en 2003 et en 2005. Six saisons parmi l'élite, quelques coup d'éclat et une redescente plus loin, Le Mans peine à bloquer l'ascenseur sur le bouton du haut. Malgré une excellente politique de formation (Pelé, Cerdan, Coutadeur, Thomas) et de recrutement (Drogba, Grafite, Sessegnon, Romaric, Gervinho, De Melo), il manque l'étincelle pour faire du MUC72, devenu Le Mans FC en 2010, un membre permanent de la L1. Si la base du club est saine, la direction a décidé de s'appuyer sur des fondations plus solides.

A l'étroit dans le stade Léon-Bollée (12.000 places) niché en bas du centre historique de la ville, Le Mans FC a voulu s'inspirer de Bolton, ville avec laquelle la préfecture de la Sarthe est jumelée, en construisant un nouveau stade. Autre coïncidande, outre-Manche, les Wanderers ont été les premiers à utiliser le naming. Et le 1er septembre 1997, le Reebok Stadium (28.723 places) ouvrait ses portes. Plus de places égal plus de spectateurs. L'équation est simpliste mais elle a fonctionné en Allemagne. Grâce notamment à l'organisation de la Coupe du monde 2006, les Allemands ont construit six nouveaux stades portant leur capacité moyenne d'accueil à 45.201 places. Avec une moyenne de 39.378 spectateurs et 86 % de remplissage lors de la saison 2007-2008, la Bundesliga est clairement l'exemple à suivre.

Le MMArena, un bel outil

Antarès n'est plus seul. Vaisseau spatial immaculé situé en bordure de la RN134, la célèbre ligne droite des Hunaudières qu'empruntent les bolides des 24 Heures du Mans, la salle de basket du MSB a désormais un grand frère. Les deux sont d'ailleurs à l'intérieur du mythique circuit de la Sarthe et forment ainsi un complexe sportif de haut niveau. Propriétaire de la concession pour 35 ans et bâtisseur du stade, Vinci a mis 26 mois pour faire sortir 25.000 places de terre. En chiffres, ça donne une surface de 32 500 m², 27.000 m3 de béton, 2 écrans géants de 45 m², 100 caméras de vidéo-surveillance, deux vestiaires de 300 m², 15 buvettes, 1 boutique, des accès pour les personnes à mobilités réduites et 3000 m² d'espaces réceptifs. Un outil moderne parfaitement adapté aux contraintes du sport professionnel et au business qui l'entoure.

Selon le rapport Seguin sur les stades français, l’économie de la billetterie - qui repose notamment sur la rentabilité des espaces VIP (loges et sièges premier) – illustre le retard français. "Seulement 1 178 sièges à prestations sont disponibles dans les stades français, soit 4% de la surface globale, loin des standards européens qui oscillent entre 8 et 12 % du nombre total des places". Au Mans, les VIP seront eux aux premières loges. Premiers concernés par le MMArena, les joueurs du Mans sont eux aussi emballés. "Ce stade est vraiment très beau, magnifique ! Ça fait très vivant avec cette alternance de rouge et de jaune. Et puis question ambiance, ça va créer une vraie caisse de résonance, confie le défenseur Grégory Cerdan. Une seule chose m'a surprise: les filets sont rouges. On a un peu de mal à les deviner. Tant pis, on les fera trembler", sourit-il.

Coûts partagés, risques mesurés

Construire un stade à 102 millions d'euros n'est pas anodin dans le sport français. Si toute une vague d'équipements sont en cours de conception ou de réalisation grâce à l'Euro, il fallait quand même oser du côté du Mans. De plus, en optant pour une capacité de 25.000 places, Le Mans se privait d'une hypothétique sélection pour les stades du championnat d'Europe 2016. Dans les chaumières mancelles, bastion populaire dans les Pays de la Loire, la crainte de voir les impôts locaux crever le plafond a alimenté les soirées. Désireux de ne pas s'endetter sur des décennies, la municipalité et le club ont choisi le PPP, le fameux partenariat public-privé utilisé lors de la construction du Stade de France avec une concession de 35 ans. "On a essayé de trouver une formule qui soit originale, qui pèse le moins possible sur les finances des collectivités locales", explique le maire (PS) du Mans, Jean-Claude Boulard.

Le projet, d'un coût total de 102 millions d'euros, est financé par Vinci à travers une dette senior de 39 M EUR, par les collectivités locales à hauteur de 49 M EUR, répartis entre la ville du Mans (31,48 M), la région des Pays de la Loire (8,76 M) et le Conseil général de la Sarthe (8,76 M), et par un apport de 11 M EUR de la société concessionnaire LMS. Enfin, le naming constitue le dernier volet du financement, avec un apport initial de 3 M EUR de MMA. La société d'assurance versera également 1 M EUR pendant dix ans. "Entre le naming et la concession, on arrive à une situation qui est équilibrée. La charge nette supplémentaire va tourner autour de 300.000 euros par an", a calculé Jean-Claude Boulard. La municipalité sarthoise table notamment sur la taxe sur les spectacles (12,6% du prix d'un billet d'entrée) pour limiter les frais. Comme au Stade de France, la société concessionnaire a prévu d'ouvrir le stade aux concerts et autres congrès pour augmenter ses recettes, si bien que Johnny est annoncé au MMArena en juillet 2012. "On attend entre 3 à 5 M EUR de recette par an", projette M. Bresolin, directeur de Vinci Concession.

Le Mans FC va également bénéficier de l'accord de concession, mais les modalités en restent secrètes. "Le MUC sera partenaire de Le Mans Stadium et à ce titre-là, il aura des retombées, la plus importante étant constituée des jours de match, concède simplement Henri Legarda. Nous aurons des revenus beaucoup plus pérennes du fait des 25.000 places au lieu de 12.000 et des réceptifs dont nous allons disposer, explique-t-il. C'est l'accomplissement d'un rêve." Un rêve auquel il ne manque plus qu'une accession en Ligue 1.

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