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Ligue 2 à 22 clubs : Les présidents du Mans et d'Orléans dénoncent une décision “injuste et cruelle”

Joints peu après l’annonce du refus de la FFF de disputer la Ligue 2 à 22 clubs la saison prochaine, les présidents du Mans et d’Orléans n’ont pas caché leur déception. Condamnés à la relégation en National 1, Thierry Gomez et Philippe Bouton fustigent les instances du foot français, et notamment l’inutilité de la LFP, dont la décision n’a pas pesé lourd face à la FFF.
Article rédigé par franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
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A l’heure d’évoquer la décision de la FFF de dire non à la Ligue 2 à 22 clubs, Thierry Gomez, président du Mans, n’y va pas par quatre chemins: “C’est une décision injuste et cruelle”, assène-t-il, avant de nuancer : “Mais ce n’est pas une surprise. On savait depuis le début qu’à partir du moment où la fédération avait décidé de valider des montées et descentes pour les championnats amateurs, ce serait une suite logique qui serait donnée aux championnats professionnels”. Même son de cloche pour Philippe Bouton, président de l’US Orléans, aussi condamné à la descente en National 1 après cette annonce : “Pour bien connaître Noël Le Graët, je sais que quand il a une idée en tête il ne lâche pas. J’espérais que les circonstances exceptionnelles seraient prises en compte. A priori ce n’est pas le cas.”

"On ne peut pas comparer au football amateur"

Attendue, la pilule a toutefois du mal à passer pour les deux dirigeants. Il faut dire que, depuis le vote de l’assemblée générale de la LFP en faveur d’une Ligue 2 à 22 clubs mercredi 20 mai, l’espoir était de mise. Pourtant, dans un souci de cohérence avec les autres championnats français (de la Ligue 1 aux plus bas échelons départementaux), la FFF a maintenu les descentes. “Les clubs amateurs n’ont pas les mêmes contraintes que nous. La Ligue a été créée pour cela, c’est du business le football, on ne peut pas comparer au football amateur”, fait remarquer Philippe Bouton.

Le président d’Orléans pense notamment aux conséquences financières et humaines d’une descente de la Ligue 2 vers le National 1 : “Notre budget va passer 10 à 5 millions. Les droits tv sont cinq fois moins élevés. Et on a des charges d’un club pro puisqu’on a un centre de formation, une équipe féminine en D2. On serait descendu à la fin de la saison, ce serait la même chose sauf que là, on a arrêté dix matches avant la fin, donc on perd une recette importante liée à ces dix matches. Cette décision, c’est une double peine : sportive et économique”. Au Mans, Thierry Gomez partage ces craintes : “On sait très bien que c’est la descente la plus compliquée, financièrement”. Avec en plus la possibilité d’une reprise sans public la saison prochaine. “Un club comme Le Mans, même en National, les conséquences du huis clos seraient catastrophiques” souligne-t-il.

Une gouvernance pointée du doigt

Principale cible de leurs critiques, la gouvernance du football français. “La première défaite, c’est notre incapacité à communiquer, à échanger entre nous, explique Thierry Gomez. Quand vous voyez ce qu’il se passe dans le monde du basket, les gens ne sont pas tous d’accord, mais les présidents de clubs se sont réunis plusieurs fois. Idem en Top 14. Nous on a du mal à se réunir à 40.” Un échec du système à deux têtes, avec la Fédération d’un côté et la Ligue de l’autre. “Le Graët n’a jamais digéré d’avoir été évincé de la Ligue, analyse Philippe Bouton. C’est quelqu’un de rancunier. Vu le bazar à la Ligue, c’était l’occasion pour lui de s’affirmer en tant que boss du foot français.”

"Il faut supprimer la Ligue"

La LFP ressort fragilisée de cette passe d’armes. “C’est un vrai souci, ce n’est pas une surprise, juge Thierry Gomez. Quel est le projet demain ? C’est un vrai débat. On peut reprocher ou pas le comportement de la fédé, mais on sent qu’il y a un pouvoir fort. La Ligue est à l’opposée de cela aujourd’hui.” Philippe Bouton abonde : “Si ça reste comme ça, il faut supprimer la Ligue parce qu’elle ne sert à rien. Si elle fait voter ses membres une mesure à une majorité, et que derrière l’autorité suprême décide selon son bon vouloir du droit de vie ou de mort des clubs…”  

Un dernier recours devant le CNOSF

Le président d’Orléans en veut également au syndicat des joueurs, l’UNFP. “On avait six joueurs qui prolongeaient d’un an en cas de maintien, explique-t-il. Je pense que pour ces joueurs ça va être compliqué, mais quand vous voyez que l’UNFP n’a pas voté pour nous à l’assemblée… Un syndicat qui ne défend pas ses membres : il n’y a que le foot pour faire ça.”

Orléans et Le Mans peuvent encore contester le vote du comité exécutif de la FFF devant le Comité national olympique et sportif français. “Nous allons maintenant nous réunir avec nos conseils pour envisager les suites à donner face à cette décision injuste et cruelle. Nous ne manquerons pas de vous en informer” ont précisé les deux clubs dans un communiqué commun.

Propos recueillis par Michel Goldstein pour France tv sport

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