Taxe 75%: un rendez-vous décisif ?
Le rendez-vous est fixé à 16h30 à l'Elysée entre le chef de l'Etat, les présidents de fédération et Ligue du foot, accompagnés de six présidents de clubs et d'un représentant des autres acteurs du secteur. "Le but est de bien expliquer notre situation au président de la République, d'avoir une discussion, de nous faire entendre, de trouver une porte de sortie", a expliqué mercredi à l'AFP Jean-Pierre Louvel, président de l'UCPF, syndicat des clubs professionnels, et lui même président du Havre (L2).
M. Louvel doit être accompagné de Noël Le Graët, président de la Fédération française de foot (FFF), et de Frédéric Thiriez, président de la Ligue de football professionnel (LFP). Feront également partie de la délégation les président de clubs Jean-Louis Triaud (Bordeaux), Jean-Michel Aulas (Lyon), Vincent Labrune (Marseille) et Michel Seydoux (Lille), ainsi que le président du collège de Ligue 2 au sein de l'UCPF, Jean-François Fortin (Caen/L2). Sans oublier Sylvain Kastendeuch, coprésident de l'UNFP (syndicat des joueurs professionnels) mandaté par l'UAF (Union des acteurs du foot), qui recouvre, entre autres, le personnel administratif et médical. Une grève en L1 et L2 - les protestataires préfèrent parler de "journée blanche" -a été votée jeudi dernier par les dirigeants de clubs en vue du dernier week-end de novembre (du vendredi 29 novembre au lundi 2 décembre inclus).
Pas question de retrait
Les présidents de clubs enragent contre le projet de la taxe à 75%, qui représenterait une charge totale de 44 millions d'euros pour la L1, estimation basée sur les hauts revenus d'environ 120 joueurs des 14 clubs concernés, selon un argumentaire du foot pro que s'est procuré l'AFP. Ce nouveau dispositif de taxation tombe mal en cette période de crise aux yeux des patrons du foot qui mettent en avant la perte cumulée des deux divisions (L1 et L2) de 108 millions d'euros en 2011/12. Mais, pour l'Elysée, après la suspension de l'écotaxe, pas question de retrait du projet de loi sur les 75%. "Nous ne reviendrons pas sur le principe d'une taxe à 75%", a ainsi souligné mercredi la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem.
Jeudi, les patrons du foot ne vont de toute façon pas demander le retrait du projet du loi, mais négocier le retrait de la rétroactivité qui y est inscrite. En clair, les clubs pourraient accepter le principe d'une taxation sur les "nouveaux contrats à durée déterminée (des joueurs)", selon M. Louvel, pas sur les contrats signés dans le passé. "Nous ne cherchons pas le bras de fer, expose M. Louvel à l'AFP. Nous disons que cette taxe, dans l'application qui est prévue, n'est pas acceptable. Nous ne demandons pas un recul total du gouvernement, mais un aménagement de son application, par rapport à la spécificité du foot, nous demandons des solutions acceptables pour les deux parties". Sur ce point, l'Etat serait prêt à en discuter et tout le monde pourrait sortir de cette crise avec quelque chose.
Les clubs brandissent un sondage
Jusqu'ici tous les clubs professionnels, sauf un (Guingamp, club longtemps présidé par M. Le Graët, qui fut également maire PS de la ville, toujours proche du gouvernement actuel), ont affiché leur détermination dans le projet de "journée blanche", mouvement qui serait abandonné en cas d'accord avec les pouvoirs publics (et prolongé à contrario). Et ils ont brandi mercredi un sondage communiqué par le syndicat des clubs pros, où 67% des Français estiment que ce n'est pas aux clubs de payer la taxe à 75% mais aux joueurs. C'est une première bataille gagnée aux yeux des clubs dans la guerre de l'opinion, là où le mot "grève" a du mal à passer au regard des transferts pharaoniques du PSG ou de Monaco.
"Cette journée sans football est incompréhensible pour les Français, le Président (de la République) doit dire aux présidents de clubs de foot qu'il faut qu'ils mouillent le maillot pour notre pays", disait d'ailleurs mercredi sur France Info le président du groupe PS à l'Assemblée nationale Bruno Le Roux. "C'est une posture politique qui n'est pas bonne, a rétorqué M. Louvel, interrogé par l'AFP. Le foot français a payé l'an dernier 700 millions d'euros en charges sociales et a versé 130 millions d'euros à titre de solidarité au sport amateur, je dirais à M. Le Roux qu'il faut arrêter ce type de polémique".
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