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Saint-Etienne doit se réinventer

Qualifié pour la Ligue Europa et presque assuré de la 4e place de Ligue 1, St-Etienne est arrivée à la croisée des chemins. Le podium n'est plus très loin mais la marche semble bien haute pour les Foréziens et leur sytème de salary cap.
Article rédigé par Xavier Richard
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4 min
 

En 2009, Bernard Caïazzo et Roland Romeyer fixait au club un triple objectif sur cinq ans : stabiliser le club, résorber son déficit et jouer la Coupe d'Europe régulièrement. A la fin de ce premier mandat, le bilan est rempli. Tandis que le club a soldé son passif grâce à la vente de ses meilleurs joueurs (Aubameyang, Guilavogui, Zouma et Ghoulam), les Verts sont parvenus à se hisser jusqu'aux premières places de l'élite. Une progression qui devrait aboutir cette saison à la 4e place du championnat avec au moins 18 victoires en poche (ce n'était plus arrivé depuis 1988, ndlr). A deux journées de la fin du championnat, ce sésame pour les barrages de la Ligue Europa est presque en poche. 5e, l'OL est à 5 pts derrière et a très peu de chance de repasser devant. "Nous n'avons pas su gagner un trophée car nous sommes sortis rapidement des coupes, ni participer aux poules de la Ligue Europa, rappelle le coach forézien Christophe Galtier. Si cela s'arrête avec 63 points, la saison aura quand même été bonne mais j'ose espérer, mais je n'ai aucun doute, que mon groupe ira chercher d'autres points pour terminer 4e et avoir le maximum de victoires et de points. Chaque année, il faut chercher à s'améliorer. Si on peut y arriver, c'est tout bénéfice pour les Verts". Le premier bénéfice sera d'entrer en lice sur la scène européenne au milieu du mois d'août plutôt que fin juillet pour le 5e. Dans la préparation d'avant-saison, c'est une donnée importante.

17e, 10e, 7e, 5e, 4e, et après ?

"Petit Poucet des sept premiers" selon son président, l'ASSE peut-elle devenir un ogre de la L1 ? Derrière les mastodontes que sont devenus Paris et Monaco, tout le monde doit ravaler ses crocs. Les Verts ne font pas exception à cette nouvelle règle et n'auront jamais les moyens de rivaliser sur le terrain économique. Le podium n'est peut-être qu'un rêve à moins d'adopter une stratégie plus ambitieuse. La maîtrise des coûts passe actuellement par un "salary cap" accepté par les joueurs. "Comme dans les entreprises, les commerciaux ont un fixe et le gars qui bosse bien, il gagne plus. On a construit notre grille de salaire sur ce modèle, expliquait Roland Romeyer au 10 Sport en 2013. Un fixe de 90 000 euros et après 40 000 euros maxi de variable. Comme ça, je peux regarder tout le monde dans les yeux, il n’y a pas de différence de salaire comme il y avait avant dans le vestiaire." Le système a parfaitement fonctionné jusqu'ici mais au moment de franchir un nouveau cap et d'enrôler les joueurs susceptibles de le faire, cela semble difficilement compatible. Saint-Etienne ne peut plus se contenter de bons joueurs de Ligue 1. Les Verts ont besoin d'investir sur au moins deux joueurs de classe internationale. Ne serait-ce qu'en attaque où l'absence d'un réel buteur s'est fait sentir depuis le départ de Pierre-Emerick Aubameyang à Dortmund. Romeyer a pourtant continué sur la voie de l'austérité en indiquant ne pas vouloir acheter de joueur à plus de 2 millions d'euros. Dans cette logique, le recrutement de Benoît Trémoulinas, prêté avec option d'achat par le Dynamo Kiev moyennant 4 millions d'euros, est donc impossible. L'ancien bordelais est pourtant l'un moteur de la belle fin de saison stéphanoise. Quid du gardien Stéphane Ruffier, loin d'être insensible aux sirènes de l'étranger ?

Vers un actionnariat po​pulaire ?

Du haut de son siège de président du conseil de surveillance, Bernard Caïazzo a lancé une idée pour permettre aux Verts de casser un peu leur tirelire : l'ouvrir à un actionnariat populaire comme cela se fait déjà en Espagne et en Allemagne. Un modèle de club de socios à la Française qui ferait passer l'ASSE dans une autre dimension. "Notre projet à dix ans est de transformer l'ASSE en un club de socios, a expliqué Caïazzo dans les colonnes du Parisien en mars dernier. C'est difficile en France, car il faut passer par la Bourse et on ne le souhaite pas. Au PSG, il y a le Qatar et à Saint-Etienne nos supporteurs. Dortmund est détenu majoritairement par 200.000 membres, le Bayern par 250.000. On espère en avoir 100.000 dans toute la France." L'état-major forézien, qui estime ses "sympathisants" autour des 2 millions, a planché sur le sujet et table sur 30.000 membres fin 2015. Si le projet est viable, il ne le sera que sur du long terme. En attendant cette manne populaire, le club risque de rentrer très vite dans le rang. Ça serait dommage de couper ces pousses qui reprennent après tant d'année d'infertilité.

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