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LOSC : Les Dogues et le chat noir

Englué dans la zone de relégation depuis la 27ème journée de Ligue 1, le LOSC a toutes les peines à sortir la tête de l'eau. La dernière victoire remonte à fin janvier face à Strasbourg (2-1), 10 matches plus tôt. Pourtant sur les cinq dernières rencontres, les Lillois ont mené au score face à quatre adversaires : Bordeaux, Montpellier, Guingamp et Monaco. "Poisse", "malchance", "chat noir", les expressions pleuvent quand il s'agit de qualifier la fin de saison ubuesque des Dogues. Mais ne serait-ce pas trop réducteur ?
Article rédigé par Andréa La Perna
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
 

On croyait que le LOSC tenait enfin cette victoire qui lui échappait depuis fin janvier. Nicolas Pepe et Luiz Araujo marquent coup sur coup à l'heure de jeu, permettant à Lille d'avoir deux buts d'avance sur son adversaire du soir, Guingamp. Mais voilà, comme beaucoup de fois cette saison, le LOSC s'est fait rejoindre en toute fin de rencontre. Et pas de n'importe quelle manière, avec d'abord un but contre son camp de Junior Alonso (89'), puis un but de Jimmy Briand, tout heureux de contrôler la frappe lointaine manquée d'un de ses coéquipiers (90').

Et ce n'est pas la première fois qu'on voit ça dans le Nord. Une semaine plus tôt, les Dogues menaient 1-0 face à Bordeaux, avant de s'incliner 2-1. Sur les 5 dernières rencontres, Lille a mené au score face à 4 adversaires, pour aucune victoire et seulement 2 points pris. Depuis le début de la saison, les Nordistes ont laissé filer 16 points alors qu'ils menaient au score, dont 11 lâchés sur ces fameux cinq derniers matches. 

"Tout est contre nous"

Rageant, frustrant, d'autant que les hommes de Christophe Galtier affichent des statistiques tout sauf ridicules en Ligue 1 cette année. Lille a la 13ème meilleure attaque du championnat. C'est aussi la 5ème équipe en termes de possession (53.2% de moyenne) et de pourcentage de passes réussies par match (82.8%). En 2018, aucune défaite par plus d'un but d'écart quand, dans le même temps, Metz a pris deux fois 5-0 et une fois 6-3. Lille n'a définitivement pas la carrure d'un relégable. Alors, pourquoi le LOSC n'y arrive-t-il pas sur le terrain ? Peut-on vraiment parler d'une poisse lilloise ?

"Yassine Benzia est venu nous dire à Bordeaux : 'tout est contre nous, on a aucune chance'" rapporte Julien, un fidèle supporter lillois. Il n'est sûrement pas le seul à garder en mémoire les deux poteaux trouvés par Thiago Mendes en fin de match contre Amiens (0-1), par exemple. Match pendant lequel un penalty aurait également pu être sifflé en la faveur des Nordistes. Mais il serait simpliste de résumer leurs mauvais résultats à de la poisse, à un manque de chance.

Inexpérience 

"Les deux buts encaissés en trois minutes dans les arrêts de jeu contre Guingamp, c'est vraiment un manque d'expérience" nous souffle Julien. Il est vrai que lorsqu'on regarde le onze aligné par Christophe Galtier le week-end dernier, on constate que la moyenne d'âge est de 22 ans. Le titulaire le plus "vieux" était Kevin Malcuit, seulement âgé de 26 ans. Par ailleurs, seul Yassine Benzia avait déjà fait une saison complète dans la peau d'un titulaire à Lille... 

Les joueurs n'avaient donc pas de repères en début de saison et le fait d'avoir changé de coach à trois reprises n'a pas arrangé les choses. Tout le contexte qui plane autour de l'échec du "LOSC Unlimited" de Gérard Lopez a sa part d'influence sur les performances des joueurs. Des espoirs du début de saison au marasme actuel, la transition a été brutale. Attisée, la frustration des supporters les a poussés à envahir le terrain contre Montpellier. Certains joueurs ont alors reçu des coups. Deux semaines plus tard, Christophe Galtier concède "avoir vu des joueurs pleurer dans les vestiaires".

Un manque de confiance

Plus que de la malchance, le problème de Lille est bien plus profond. Si certaines stats montrent une équipe à l'aise avec le ballon et pas bloquée face aux buts, d'autres illustrent le manque de confiance des joueurs du Nord. Oui, Lille est la troisième équipe qui réussit le plus de dribbles en Ligue 1 (14.5), derrière Paris et Lyon. Mais c'est aussi la formation qui rate le plus de contrôles par match (17.4).

Du côté des tirs, une nuance est également à faire. Lille tire 11 fois par match, un total décent quand on se bat pour le maintien. Mais quand on y regarde de plus près, le LOSC est l'équipe qui tire le moins dans les six mètres adverses (0.2 par match) mais c'est aussi celle qui tire le plus d'en dehors de la surface. 51% des tirs lillois sont à plus de 18 mètres et généralement décalés sur un côté (0.075 expected goal par tir, pire total de L1). Manque de confiance, aveu d'impuissance ? 

Des motifs d'espoir

Les Lillois ne doivent pas céder au fatalisme. Il y a clairement des domaines dans lesquels progresser notamment sur la tenue de son côté gauche. Lille se fait déborder assez régulièrement sur son flanc gauche et est l'équipe qui contre le moins de centres en L1. Mais son côté droit est solide puisque seulement 14% des tirs subis viennent de cette surface du terrain (3ème meilleur total sur le côté droit de toutes les équipes du championnat), malgré les absences cumulées de Kevin Malcuit et les dépannages d'Edgar Ié.

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Les hommes de Christophe Galtier peuvent donc s'appuyer sur des certitudes : leur aisance dans le contrôle du ballon, une attaque loin d'être muette et un flanc droit solide défensivement. Et dans leur malheur tout n'est pas si noir. Le match nul face à Guingamp a beau avoir été frustrant, il a permis aux Dogues de quitter la 19ème place à laquelle ils avaient été si fidèles. "Ca pourrait peut-être leur mettre un peu de baume au coeur" espère Julien.

Malgré une série de 10 matches sans victoire, les Lillois sont loin d'être décrochés dans la course au maintien. Troyes et Toulouse n'y arrivent plus non plus (8 matches sans victoire chacun). Et les Dogues ont deux rencontres à disputer face à Metz, et justement Toulouse, sortes de finales pour le maintien. Pas de chat noir, les Dogues ont encore les cartes en main, sur le plan sportif en tout cas.

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