Ligue 1 : Pierre Lees-Melou, un homme discret devenu tête d'affiche de Brest, surprenant dauphin du PSG

Brillant avec le Stade brestois, le milieu de terrain est la plaque tournante du jeu des deuxièmes de Ligue 1. Un destin atypique, pour un joueur qui n'envisageait pas une carrière professionnelle.
Article rédigé par Clément Garioud, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4 min
Pierre Lees-Melou, buteur lors de la victoire de Brest  contre Le Havre en Ligue 1, le 3 mars 2024. (FRED TANNEAU / AFP)

"Pour moi, au poste où il joue, il n'y a pas d'équivalence en France. Il peut jouer partout et mériterait même d'être appelé en sélection." Pierre Lees-Melou a eu droit aux louanges de son entraîneur, Eric Roy, après le succès de Brest contre Le Havre (1-0), dimanche 3 mars. Une victoire qui conforte la surprenante place de dauphin des Bretons en Ligue 1 à dix journées de la fin de la saison, neuf points derrière le PSG, mais quatre longueurs devant l'AS Monaco, 3e.

Le milieu brestois de 30 ans, unique buteur du match, a balayé ces déclarations d'un revers de main, expliquant que "la marche est trop haute. J'ai rêvé d'être professionnel, dire le contraire serait mentir, et je vis déjà un rêve en étant pro. Mais l'équipe de France... Le coach a un peu abusé, c'est gentil de sa part, mais il n'est pas question de ça. Je n'y pense pas et je ne pense pas que j'y serai".

De la sixième division à la Coupe d'Europe

Une réponse qui résume bien ce qu'est Pierre Lees-Melou, une personne modeste avec la tête bien fixée sur les épaules. "Je me lève tous les matins pour aller jouer au football. Pour beaucoup de gens, ça n'est même pas un métier", déclarait-il vendredi dans les colonnes de Sud Ouest. "C'est pour ça que je refuse de me plaindre. Avoir connu le milieu amateur me permet de garder les pieds sur terre, je n'ai pas de Porsche ou de Ferrari, de fringues hors de prix. La seule chose que je m'autorise, c'est de prendre des vacances dans de beaux endroits."

"De l'arrivée à Dijon en Ligue 2 [en 2015] jusqu'à cette saison, chaque fois qu'il gravit un échelon, ce n'est que du bonheur, pour lui comme pour nous", confie son cousin Rémi. Il décrit le milieu de terrain comme quelqu'un qui "reste lui-même, de simple, qui n'a jamais pris la grosse tête et qui revient toujours voir la famille dès qu'il le peut. Même si l'emploi du temps d'un footballeur professionnel ne lui laisse que peu de temps".

Pierre Lees-Melou lors du match de Coupe de France Brest-Angers, le 6 janvier 2024. (FRED TANNEAU / AFP)

Formé aux Girondins de Bordeaux, mais pas conservé en raison de son physique trop frêle, le natif de Langon (Gironde) ne rêvait plus d'une carrière professionnelle. Entre 2013 et 2015, il évoluait chez les amateurs à l'US Lège-Cap-Ferret (Gironde) en 6e division, l'actuel niveau Régional 1, tout en occupant un emploi de surveillant dans un établissement scolaire de la région. C'est grâce à Nicolas Sahnoun, son entraîneur de l'époque et ancien joueur professionnel, qu'il passe plusieurs détections à Dijon. "Il a eu la chance de pouvoir montrer ce qu'il valait, une chance que tout le monde n'a pas forcément à ce niveau", explique Rémi, qui suit la progression de son cousin depuis leurs premiers crampons.

S'ensuit une carrière graduelle, qui l'a vu découvrir la Ligue 1 avec le DFCO en 2016, puis la Coupe d'Europe avec Nice la saison suivante, avec un tour de barrage de la Ligue des champions perdu contre Naples. Passé par la Premier League à Norwich (2021-2022), il se forge une personnalité plus défensive, plus rugueuse. "Au début, je me faisais secouer, je pensais avoir des fautes, mais il ne se passait rien. Il y avait deux solutions, me plaindre ou m'y mettre. J'ai dû mettre les coups, sinon c'était moi qui en prenais", explique-t-il à Sud Ouest. Il découvre en Angleterre le rôle de sentinelle, qu'il prend à bras-le-corps en arrivant en juillet 2022 au Stade brestois, avec la réussite qu'on connaît. Si l'hiver a été tumultueux, avec d'intenses rumeurs de départ à Rennes, "il n'est jamais dans l'optique de forcer quoi que ce soit. Il le démontre sur le terrain. Il y avait un accord, le transfert ne s'est pas fait, il ne s'est pas éternisé dessus et s'est directement remis au travail", dévoile son cousin.

Plus audacieux sur le terrain qu'en dehors

D'un point de vue statistique, le Brestois affole les compteurs à son poste. Meilleur récupérateur de ballons de Ligue 1 d'après le site spécialisé dans les statistiques Fbref, Pierre Lees-Melou est la tour de contrôle d'un Stade brestois qui ne cesse d'impressionner. Indispensable dans le jeu défensif donc, mais aussi en attaque, puisque l'ex-Niçois, sous contrat jusqu'en juin 2027, reste sur trois buts lors de ses quatre dernières sorties. Un style de jeu porté vers l'avant malgré son rôle de milieu défensif, qui dénote avec son caractère. 

"Sur le terrain, il n'hésite pas à se projeter et à laisser son poste vacant, comme lorsqu'il marque contre Marseille ou Le Havre. Mais en dehors, il est presque trouillard, il ne prend jamais de risques et ne se lance jamais sur un coup de tête."

Rémi, cousin de Pierre Lees-Melou

à franceinfo: sport

S'il s'épanouit désormais à Brest, Pierre Lees-Melou reste très attaché à la région qui l'a vu naître et grandir. Le milieu de terrain a ouvert un complexe de loisirs à Langon, sa ville de naissance, ainsi qu'un pôle santé bien-être. Comme pour préparer la suite, à bientôt 31 ans, même s'il "espère aller au minimum jusqu'à 35 ans, et pourquoi pas continuer après".

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.