Ligue 1 : à Lens, l'inconnue demeure concernant le retour au stade
Bollaert n’a plus connu la Ligue 1 depuis 2011, une éternité. Et pourtant, l’emblématique antre du Racing Club de Lens, pourrait encore patienter. Si le Covid-19 bouscule grandement le sport mondial, à Lens, ville où le cœur des 30000 habitants ne bat que pour le Racing, le virus pourrait troubler le quotidien des supporters.
Alors que les hommes de Franck Haise devaient croiser le fer avec le Sparta Rotterdam, ce samedi à 19h, Lens affrontera Dijon et une jauge maximale de 5000 spectateurs a été instaurée. Si cette décision, logique, fait suite au décret du gouvernement limitant les rassemblements à 5000 personnes jusqu’au 30 octobre, plusieurs groupes de supporters n’ont pas tardé à réagir.
"Soit tout le monde, soit personne"
Les membres du Kop Sang et Or 93, le plus ancien groupe ultra du club, ont pris la parole par le biais d’un communiqué. La fermeture de la Marek, la partie basse de la tribune latérale où les supporters assistent aux matches debout, et le blocage de la capacité du stade ont poussé le groupe à agir. Le message est clair pour les "KSO", c’est "soit tout le monde, soit personne".
Ainsi, le collectif s’engage à "ne plus animer le stade Bollaert-Delelis jusqu’à nouvel ordre", peut-on lire dans le communiqué paru samedi dernier. "Nous concevons le football comme un moment de partage, de communion et de fête. Nous ne pouvons imaginer une reprise sans l’intégralité des supporters car elles vont à l’encontre de notre vision du supportérisme", poursuivent-ils.
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Une initiative suivie par plusieurs autres sections de supporters Sang et Or, et parmi eux les Galliboys. Dans un communiqué, le groupe assure ne pouvoir "concevoir faire partie des 5000 privilégiés et laisser le reste du peuple Lensois sur le côté, aucun d’entre nous n’a plus de mérite qu’un autre pour assister aux matchs." Ainsi, leur groupe ne sera pas représenté en tribune.
"Dans notre groupe, la décision a été prise dès le début du confinement, nous explique Guillaume Leroux, président des Galliboys, nous avons été en contacts avec les différentes sections avant de communiquer." Toutefois, les membres des groupes sont autorisés à se rendre en tribunes, mais sans porter les couleurs de leur association. "Nous ne sommes pas non plus une secte (rires), tout membre en possession de son abonnement peut se rendre au stade. En revanche, on ne souhaite pas qu'il affiche les couleurs des Galliboys", poursuit Guillaume Leroux. Pour l’heure, les Red Tigers, le groupe de supporters lensois le plus important, n’a pas communiqué.
"Je chanterai mon amour pour Lens"
En ville, où le Racing est pour beaucoup le sujet de discussion principal, et sur les réseaux sociaux, deux courants de pensée se dégagent. Si certains sont en accord total avec les recommandations des associations de supporters, d’autres appellent les 5000 chanceux à chanter pour les absents. Anonymement, plusieurs supporters Sang et Or de différents groupes assurent vouloir être présents pour la reprise de la Ligue 1 à Bollaert-Delelis. "Nous attendons tous le retour de Ligue 1 depuis tant d’années. Si j’ai la chance d’être parmi les 5000 supporters présents, je chanterai mon amour pour Lens."
En revanche, tous se rejoignent sur un point : le manque d’informations données par le club est pesant à seulement deux semaines d’une reprise attendue face au Paris Saint-Germain. "Nous savons que le club est victime de la situation, confie un membre des Red Tigers, mais le manque de communication est pesant pour tous les Lensois." Contacté, le club assure comprendra la position de ses supporters. "C’est tellement un crève-coeur d’autant plus que l’attente était longue, nous confie Fabrice Wolniczak, directeur commercial du club, on respecte leur position et le fait qu’ils assument leur rôle jusqu’au bout."
Par un communiqué, la fédération Lens United, qui regroupe plusieurs groupes (mais ni le Kop Sang et Or 93, ni les Galliboys, ndlr) de supporters Sang et Or issus de toute la France, a publié un communiqué pour afficher sa position. Le collectif réclame une demande de dérogation qui porterait à 16000 le nombre de spectateurs autorisés à prendra place dans les travées de Bollaert-Delelis. Si cette dérogation, qui ne concernerait pour l'heure que la réception du PSG, ne devait pas aboutir, la fédération Lens United souhaite un huis clos total.
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Si le club assure être en contact régulier avec ses sections, il n’a pas, à ce jour, tous les éléments en sa possession pour prendre clairement position. "Il y a plusieurs schémas, plusieurs pistes qui peuvent être suivies, mais on attend encore le retour des autorités et de la Ligue, regrette Fabrice Wolniczak, sans ces retours, on ne pourra pas établir un modus operandi."
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Un match amical aux allures de répétition générale
Heureusement, ce match amical prévu ce samedi contre Dijon arrive à point nommé pour aider le club à mener à bien sa réflexion. Pour pénétrer dans l’enceinte de Bollaert-Delelis, chaque supporter devra porter un masque et respecter un protocole sanitaire mis en place par le service sécurité du club.
Une rencontre qui pourrait bien servir de test à grande échelle pour le club. "Ça va nous permettre de tester notre organisation et d’en tirer des conclusions", poursuit Fabrice Wolniczak. Aussi, ce dernier ne ferme pas la porte à d’éventuelles dérogations, comme réclamées par la fédération Lens United hier, permettant d’accueillir une jauge de spectateurs plus élevée. "Ce sont des discussions qui sont d’actualités, mais il est encore bien trop tôt pour imaginer quoique ce soit."
En revanche, et contrairement aux révélations du journal L’Equipe, la décision de privilégier les abonnés les plus fidèles n’a pas encore été entériné. "C’est l’un de nos sujets de réflexion, conclut le directeur commercial lensois, cependant, nous n’avons pas toutes les cartes en main pour prendre une décision." À deux semaines de la réception tant attendue du PSG, le flou reste total dans l’Artois. Heureusement, au moment de s’asseoir à la table des discussions avec les autorités, le Racing Club de Lens aura un exemple concret à présenter. Si les supporters lensois n’ont plus connu la Ligue 1 à Bollaert depuis 2011, cette dernière n’a jamais semblé si loin.
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