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Lens - PSG : Covid ou pas, le public lensois était bien là

Pour le premier match de Ligue 1 à Lens depuis 2011 (en 2014-15, le RCL avait délocalisé ses rencontres à Amiens), le public lensois a été au rendez-vous. Et ce, malgré la jauge de 5 000 supporters imposée par le préfet face à la situation sanitaire. Une sacrée performance qui confirme deux choses : un, le foot c’est mieux avec des supporters. Et deux : ceux de Lens restent une référence. 
Article rédigé par Adrien Hémard Dohain
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
  (DENIS CHARLET / AFP)

Pour un jeudi soir de septembre, la météo était plutôt agréable en début de soirée à Lens. Mais comme souvent dans le bassin minier, le thermomètre a vite chuté à la nuit tombée. Et malheur à ceux qui sortaient découverts. Sur la pelouse du stade Bollaert-Delelis, le RC Lens et le PSG n’ont pas fait grand chose pour réchauffer la soirée, lors d’une rencontre bien terne. Mais comme souvent à Lens, le spectacle est venu des tribunes. Réduit à une jauge de 5 000, le peuple Sang et Or a assuré une ambiance à laquelle certaines arènes de Ligue 1 ne pourraient prétendre, même à guichets fermés. Qu’on se le dise : les Lensois sont de retour. Et ça s’entend.

Les tribunes d'abord, le terrain ensuite

Deux heures avant le coup d’envoi de ce Lens-PSG, il suffisait de déambuler autour du stade Bollaert pour se rendre compte de ce qui allait se passer. A chaque supporter lensois interrogé, le même phénomène : l’ambiance sera-t-elle au rendez vous ? Mais aucune mention du résultat du match là où, traditionnellement, chaque réception du PSG entraîne les rêves les plus fous, ou les prévisions les plus pessimistes. Mais pas à Lens. "C’est malheureux qu’on ne soit que 5000, sans les grands groupes de supporters. C’est eux qui mettent l’ambiance. Ce ne sera pas comme d’habitude… Mais je pense qu’on va quand même mettre l’ambiance", prophétisait ainsi Nicolas, écharpe autour du cou, bière dans une main et fricadelle dans l’autre. Relancé sur le match, le père de famille semblait surpris : "Ah, oui, le match. Allez, je nous vois bien gagner 1-0".

Non loin de là sur le parking, Yohan et Laurent décapsulaient leurs premières bières sur le coffre de la voiture, avec leurs amis de la section Muriel. "Est-ce qu’on va pouvoir mettre de l’ambiance en tribunes ? On ne sait pas ce que ça va donner", s’inquiétaient les deux hommes. Là encore : aucune mention spontanée du match. Partout autour de l’enceinte, on entendait plus parler de l’ambiance à venir que du sportif. Il faut dire que le peuple Sang et Or est une référence en la matière, et que rares sont ceux qui ne chantent pas à Bollaert. Alors forcément, quand le club a dû choisir 5 000 de ses 20 000 abonnés, cela a fait des frustrés. Mais coup de chance : contre Paris, les 5 000 choisis étaient tous issus du kop, avant que cela ne tourne entre les autres tribunes.

Corons, boycott et banderoles

Une fois dans l’enceinte, il n’a fallu que quelques minutes pour comprendre. D’abord, deux banderoles donnaient le ton : "5 000 devant vous, toute une région Sang et Or derrière vous", et  "Le cœur de Bollaert ne bat pas ce soir mais celui de vos supporters plus que jamais". Voilà pour la déco, place à la sono. Avant même le début du match, l’ambiance était au rendez-vous. Membre d’un des groupes ultras qui boycottent la reprise avec jauge, Jérôme s’inquiétait avant le match : "Je ne sais pas ce qu’on va faire". Mais difficile de retenir un public qui vit pour son club.
 Après le coup de sifflet final, il était bluffé : "C'était incroyable. On était réparti dans tout le stade, ça venait de partout. C'est ça la magie lensoise, même à 5 000 seulement on met le feu".

La composition d’équipe et surtout la Lensoise, version revisitée de la Marseillaise qui accompagne l’entrée des joueurs à Bollaert, ont retenti dans l’enceinte. Impossible de deviner à l’oreille qu’il n’y avait que 5 000 supporters. Aux décibels, ils semblaient 5 fois plus nombreux. Dans une configuration inhabituelle, les membres du kop - laissé vide ce soir - étaient éclatés dans trois tribunes. Les chants montaient de chacune d’entre elles, à tour de rôle ou presque, dans une joyeuse cacophinie. Mais tous finissaient par être repris par l’ensemble du stade. Car à Lens, c’est comme cela que ça se passe. On supporte, donc on chante.

Après les traditionnels Corons de la mi-temps, le public Sang et Or, en pleine extase devant la performance de ses joueurs (victoire 1 à 0), a repris son hymne mythique a capella en fin de match. Après quelques minutes stressantes suite à l’ouverture du score lensoise, le public a en effet repris son rôle : celui de véritable douzième homme. Une expression trop souvent galvaudée, mais pas à Lens. Pas ce jeudi soir. "Je suis fier des supporters. 5 000 à Lens c’est pas 5 000 comme partout. On a vraiment apprécié, c’était très très très bien", a savouré Franck Haise après match. L'entraîneur lensois sait ce qu'il doit à son public, en fusion avec leurs joueurs. Neuf ans après, Bollaert est bien de retour en Ligue 1. Vu la fête réservée pour ses retrouvailles, nul doute que la L1 a beaucoup manqué aux Lensois. Et ils sont nombreux à penser que Lens a cruellement manqué à la L1.

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