Le défenseur du PSG Serge Aurier condamné à deux mois de prison ferme
Le joueur a accusé le coup, restant un long moment comme pétrifié sur sa chaise, quelques minutes à peine après la plaidoirie de son avocate, qui venait de défendre une "star" dont la parole valait celle des policiers. "La balle au centre", avait-elle lancé. Le joueur, bouc façon pharaon sur un ensemble noir, a quitté les lieux sans un mot. Mais le tribunal a envoyé un message clair, en rendant son jugement sans même une suspension de séance après la plaidoirie de la défense. Face au joueur sans remords, qui a maintenu que le policier avait frappé "en premier", la présidente a tapé plus fort que les réquisitions du procureur, qui avait demandé deux mois assortis du sursis ou de travaux d'intérêt général. Une sévérité qui tient aussi compte de quatre précédentes condamnations de Serge Aurier pour "conduite sans permis".
'Manque de lucidité'
Cette "affaire navrante", comme l'a dit l'avocat du policier, n'aurait "jamais dû se retrouver devant le tribunal": une banale histoire de contrôle d'un véhicule mal garé, à la sortie d'une boîte de nuit du VIIIe arrondissement de Paris. Les policiers la brigade anticriminalité (BAC) sont nerveux: deux jours avant, une fusillade a éclaté dans le quartier, la veille un de leurs collègues a été blessé. A l'audience, le policier a expliqué que l'international ivoirien s'était montré "agité", avait refusé de sortir de la voiture, une Porsche Cayenne aux vitres fumées. "Le conducteur est tout de suite sorti, s'est excusé, mais le passager avant (Serge Aurier) a refusé de montrer ses mains", a-t-il dit, expliquant qu'il avait dû l'empoigner pour le faire sortir.
C'est à ce moment-là que le joueur - que le policier n'a "pas reconnu" - lui "assène un coup de coude au thorax" qui lui vaudra une interruption totale de travail (ITT) d'un jour. "Je l'ai frappé au visage du plat de la main pour le repousser", a affirmé le policier. A la barre, le latéral nie les violences, explique avoir été "un peu chauffé" par la lampe torche des policiers brandie dans sa direction. "J'essaie de résister un petit peu, c'est là que les coups sont partis", a-t-il dit. Après quelques heures en cellule de dégrisement, il portera plainte pour violences policières, une plainte classée sans suite. Pour le procureur, Serge Aurier "a manqué de lucidité", "s'est obstiné dans une attitude puérile, immature" au lieu de "se soumettre".
Trois mois après ses propos méprisants
Ces incidents étaient intervenus un peu plus de trois mois après le scandale provoqué par ses déclarations lors d'une séance de questions avec des internautes sur le réseau social Periscope, trois jours avant un huitième de finale aller de la Ligue des champions face à Chelsea. Il y avait qualifié son entraîneur Laurent Blanc de "fiotte" et tenu des propos méprisants pour d'autres équipiers, ce qui lui avait valu une mise à pied de cinq semaines. L'interrogeant sur ses précédentes condamnations et sur son casier, la présidente s'est étonnée de ses approximations, expliquant au joueur qu'il s'agissait de mieux le "comprendre".
- Quels sont vos revenus M. Aurier?
- 200.000 euros.
- Par an? Par mois?
- Ah, heu, par mois", a-t-il murmuré.
Une "star", a rappelé son avocate qui n'a pas manqué de faire appel à l'issue de l'audience. Aurier n'est pas seul dans son combat puisque le PSG le soutient. "Le club prend note de sa condamnation. Un appel a toutefois été formé à la sortie de l'audience par l'avocate du joueur", a réagi le PSG dans un communiqué, en ajoutant que "Serge Aurier bénéficie à nouveau de la présomption d'innocence dans l'attente de la décision de la Cour d'appel". Selon le club parisien, son attitude est "professionnelle" depuis son retour à l'entraînement le 4 juillet dernier. Le PSG ne prend pas parti et réaffirme dans le même communiqué "son attachement au respect des forces de l'ordre et de leurs missions".
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