Jean Fernandez, l'erreur de casting ?
Habitué des déclarations fracassantes et blessantes, Louis Nicollin est allé très loin au sujet de Jean Fernandez. "Je ne lui en veux pas, c'est un mec bien, mais je pense que j'ai fait une connerie. C'est un peu léger. J'ai voulu écouter Pierre, Paul et Jacques et là, on n'est pas bien", avait-il déclaré vendredi après la défaite de Montpellier à Marseille (2-0) avant d'enfoncer le clou dimanche dans L'Equipe. "J'ai parlé trop vite, je le regrette, il ne mérite pas ça. Mais j'assume ma connerie a-t-il ajouté. Et je maintiens que l'équipe n'est pas bien faite. Je ne vais pas m'excuser, non ? Là, c'est à lui d'assumer. Je ne prends pas de plaisir en nous voyant jouer. Il faut qu'on me force pour aller voir un match. À Marseille, on m'a traîné. Et il faut que les choses soient claires, je ne prendrai personne à la trêve. Jeannot devra faire avec ce qu'il a. S'il ne comprend pas, il me donne sa démission et voilà. Je suis sûr que ça va le piquer. Enfin j'espère…" A ce niveau-là, ça ne pique plus mais ça saigne. Fernandez se sait sous la pression mais pas forcément sur un siège éjectable. Pas encore.
Habitué des départs poussifs
Jean Fernandez fait pourtant l'unanimité. Pas seulement auprès de "Pierre, Paul et Jacques". Le technicien est toutefois reconnu pour ses talents de formateur. Il a notamment révélé Franck Ribéry à Metz, Pedretti et Pagis à Sochaux. Ses débuts à Cannes coïncident également avec l'éclosion de Zidane dans le monde professionnel. Sur le banc, ses résultats sont eux plus mitigés et ses saisons se découpent souvent en deux. Que ce soit avec les Doubistes, Auxerre, Nancy et aujourd'hui Montpellier, les entames de championnat ont régulièrement été ratées, le club flirtant avec la relégation, avant de se reprendre lors de la phase retour. Sauf quand le technicien est purement et simplement écarté comme ce fût le cas à Lille en 1995. Plutôt habitué à conduire des 2CV, Fernandez se retrouve pourtant à la tête d'une grosse GT en rejoignant son club de cœur Marseille (2005-2006). Il n'y reste qu'une saison après une modeste 5e place et une finale de Coupe de France perdue. En conflit avec José Anigo, Fernandez quitte alors le club phocéen pour Auxerre. Après trois saisons moyennes, il touche le jackpot en menant l'AJA à la Ligue des champions (3e de L1 en 2009-2010). Dans le groupe de la mort avec le Real Madrid, l'AC Milan et l'Ajax Amsterdam, Auxerre ne peut éviter la dernière place de son groupe.
Triste bilan
Après ce quinquennat, Fernandez part se ressourcer à Nancy. Le maintien est assuré de peu en 2011-2012. Les Lorrains touchent le fond la saison suivante et Fernandez est débarqué en janvier 2013. Entre sa période nancéienne et montpelliéraine, c'est un sombre bilan de deux victoires sur les 33 derniers matches de Ligue 1 disputés sous ses ordres. Vient alors la question du niveau d'un entraîneur qui n'arrive plus à dynamiser un groupe. Si le Montpellier 2013-2014 n'a plus rien à voir avec celui champion de France il y a encore un an et demi, sa place n'est sûrement pas juste au dessus de la ligne de flottaison de l'élite. Le mal est profond et l'image défensive de Fernandez est revenue comme un boulet sur le tapis vert. Jugé frileux, Fernandez ne construit pas ses équipes pour marquer des buts mais pour ne pas en prendre. Et quand ça pêche aussi en défense, il y a un problème.Nicollin s'en est rendu compte à la 15e journée. 17e avec 5 pts d'avance sur Valenciennes, Montpellier est dos au mur. "Nous avons un déficit de points. Avec quatre points supplémentaires, on occuperait la 7e place et on serait épargné par les critiques, assure encore Fernandez. Je suis inquiet mais pas trop. L'équipe s'appuie sur une bonne défense, sur un milieu, mais souffre sur le plan offensif." Il reste quatre matches à Fernandez pour faire revenir Louis Nicollin dans les tribunes avec le sourire. Après, il sera peut-être trop tard. Ça commence mercredi à la Mosson contre Lorient.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.