Football : les arbitres de Ligue 1 sont-ils plus sévères que leurs homologues des grands championnats européens ?
En huit journées de championnat, 34 cartons rouges ont été distribués en Ligue 1, et 42 en Ligue 2.
Les journées de championnat s'enchaînent, et avec elles leur lot de polémiques sur des décisions arbitrales. Dernière en date : l'expulsion sévère du Niçois Jean-Clair Todibo au bout de neuf secondes de jeu, dimanche 18 septembre, contre Angers. Les arbitres ont-ils reçu des consignes de sévérité ? Les joueurs sont-ils plus tendus dans une saison à quatre relégations ? Avec 34 cartons rouges depuis le début de la saison, la Ligue 1 est en tout cas le championnat le plus "prolifique" parmi les cinq grands championnats européens en nombre d'exclusions.
Des décisions arbitrales "très discutables, voire même scandaleuses", selon Jean-Clair Todibo. "Un manque de cohérence", pour le directeur sportif monégasque, Paul Mitchell. "Tout le monde m'appelle d'Espagne et me demande pourquoi il y a autant de cartons rouges. Ce n'est pas normal...", ajoute Oscar Garcia, l'entraîneur de Reims. Depuis le début de la saison, les critiques pleuvent sur les arbitres français, dont beaucoup de décisions sont incomprises et même remises en cause par les acteurs de la Ligue 1.
34 cartons rouges en Ligue 1 cette saison, 4 en Premier League
Avec 34 cartons rouges distribués depuis le début de la saison, dont 11 pour la seule troisième journée, la Ligue 1 se place largement en tête des grands championnats européens. À titre de comparaison, 19 expulsions ont été ordonnées par les árbitros de Liga espagnole, 15 par les arbitri de Serie A italienne, 12 par les schiedsrichter de Bundesliga allemande et enfin quatre seulement par les referees de Premier League anglaise.
Mais derrière ces chiffres se cachent des réalités différentes. La Ligue 1 est effectivement le championnat le plus avancé, avec huit journées intégralement disputées, tandis que les Italiens n'ont joué que sept journées, que le championnat anglais a été interrompu en hommage à la reine Elizabeth II, que le championnat espagnol n'a disputé que six journées, et que la Bundesliga ne compte que 18 clubs, soit 9 matchs par journées au lieu de 10.
Alors en établissant une moyenne qui permet de comparer de manière équitable, il apparaît tout de même que la Ligue 1 reste le championnat qui distribue le plus de cartons rouges en moyenne par match. En termes de cartons jaunes en revanche, la Ligue 1 n'est pas le championnat où les "biscottes" sont le plus souvent distribuées, avec une moyenne de quatre par match contre 4,6 en Italie et même 5,5 en Espagne.
Des consignes plus strictes et des tensions accrues
La Ligue 2 n'est pas en reste : en neuf journées de championnat, 42 cartons rouges ont été distribués, pour une moyenne de 0,47 expulsion par match, ce qui pourrait laisser penser que les arbitres des deux premières divisions ont reçu des consignes de sévérité de la part de la Direction Technique de l'Arbitrage (DTA). Fin août, le directeur technique adjoint de la DTA, Stéphane Lannoy, s'était exprimé à ce sujet : "Comme tous les ans, à chaque début de saison, on fixe un certain nombre de consignes. On a remis l'accent sur la protection des joueurs et leur intégrité physique, car on ne peut pas se satisfaire qu'un match se termine avec deux blessés de chaque côté ou plus".
Les arbitres français ont également été invités à se montrer plus sévères sur les contestations et les tirages de maillot : "Le message qui a été passé cette saison, c'est qu'on ne veut plus voir d'arbitre entouré par un paquet de joueurs venus lui mettre une forme de pression. Dès lors qu'un joueur commencera à s'approcher pour contester, celui-là sera averti systématiquement, pour éviter que d'autres ne se joignent à lui. Et le troisième enseignement, c'est l'augmentation des ceinturages et des tirages (de maillot) significatifs dans la surface. Ces sujets-là font l'objet d'une vigilance encore plus accrue de la part des arbitres", avait souligné Stéphane Lannoy.
Selon Bruno Derrien, ancien arbitre international, les quatre relégations à l'issue de la saison provoquent également plus de tensions sur le terrain.. "Les quatre descentes peuvent engendrer beaucoup plus d’engagement de la part des équipes et de leurs joueurs, qui veulent à tout prix prendre des points le plus rapidement possible, explique-t-il. Cela me rappelle la saison 1992-1993, où j’étais arbitre en deuxième division. À l’époque, une réforme de la D2 allait faire passer le championnat de deux poules de 18 clubs, à une poule unique de 22 clubs, dont deux promus. Seize équipes allaient donc être reléguées en National 1, et je me souviens que c’était hyper tendu, avec beaucoup de pression et d’engagement".
Sur les mêmes bases que la saison 2020-2021
Alors que la discipline semblait être revenue la saison dernière, avec 21 cartons rouges distribués en huit journées, la Ligue 1 se retrouve sur les mêmes bases qu'en 2020-2021, où le championnat avait vu rouge à 33 reprises au même stade de la compétition, et à 102 reprises après 38 journées. Mais cette saison-là, le "classico" PSG-OM de la troisième journée avait particulièrement pesé dans les comptes, avec 5 expulsions en fin de rencontre.
Cette saison, l'assistance vidéo (VAR) est également au centre des critiques, comme celles d'Oscar Garcia après l'expulsion de son joueur, Bradley Locko, contre Monaco : "On en a parlé avec l’entraîneur de Monaco et il a dit aussi que ce n’était pas un carton rouge… Je ne sais pas pourquoi on n’a pas utilisé le VAR". Mais selon l'ancien arbitre Bruno Derrien, il y a une logique à la non-intervention de l'assistance vidéo : "Si le VAR n’intervient pas, c’est que l’assistant va dans le même sens que l’arbitre central. Les assistants vidéo sont également arbitres, suivent les mêmes stages et reçoivent les mêmes consignes, donc cela peut se comprendre".
Pour tenter de calmer le jeu, la Direction Technique de l'Arbitrage a convié les entraîneurs de Ligue 1 à visiter le centre de visionnage du VAR, mardi.
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