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Football Leaks : Mediapart dévoile des contrats douteux pour l'AS Monaco

Le site d'information Mediapart a publié, ce lundi, un nouveau dossier dans l'affaire des Football Leaks. En ayant consulté des mails internes à l'AS Monaco, Mediapart affirme que le club a multiplié des contrats secrets « sous seing privé » avec des agents, des joueurs, afin de contourner les règles de la Ligue Professionnelle de Football. Cette publication n'est pas la seule sur Monaco, après celles sur des soupçons de corruption du président Dmitiri Rybolovlev ou de montage offshore.
Article rédigé par Théo Dorangeon
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
 

Mediapart, en consortium avec un groupe de médias, poursuit ses révélations des fraudes dans le milieu du football, avec le fameux dossier "Football Leaks". Depuis plusieurs jours, le site d'information enchaîne les publications concernant les clubs français et européens. Ce lundi, il a dévoilé de nouvelles informations sur le club de Monaco, déjà épinglé à plusieurs reprises par Mediapart. 

Cette fois-ci, le club monégasque est accusé d'avoir multiplié des contrats secrets "sous seing privé" avec des agents, des joueurs, afin de contourner les règles de la LFP. Tout d'abord, Mediapart évoque la commission des agents de joueurs. La loi française, par le Code du sport, exige qu'un agent ne peut pas toucher plus de 10% du montant des transferts et salaires des joueurs. Toutefois, Monaco aurait contourné cette loi par le biais de « contrats de service », sans rapport avec leur travail réel, et non soumis au contrôle de la LFP.

Dans son article, Mediapart affirme que Daniel Bique, responsable juridique du club, était au courant et avait prévenu Vadim Vasilyev, le vice-président. "Selon ces accords, ils [les agents] doivent rechercher des joueurs, des équipes, des sponsors à travers le monde". Selon les informations de Mediapart, ces missions factices auraient permis au club de rémunérer plusieurs agents au-delà de la limite des 10 %. Une exemple cité par Mediapart : "Philippe Lamboley a gagné 400 000 € pour « établir une liste de 20 joueurs étrangers ». En réalité, ce contrat est lié au transfert de son joueur, l’attaquant Anthony Martial, selon le message de Daniel Bique". Toutefois, l'AS Monaco a réfuté ces accusations : "Vos suspicions à cet égard sont totalement infondées".

Des accords secrets pour Falcao, Abidal et Toulalan

Mediapart révèle également des contrats "sous seing privé" avec des joueurs. "Les règlements de la Ligue de football professionnel ne permettent pas de conditionner une prolongation de contrat à un nombre de matchs disputés par le joueur. C’est pour cela que les termes d’une prolongation éventuelle ne peuvent être établis que dans un accord sous seing privé" publie Mediapart, selon un mail interne. Ainsi,  les contrats d'Éric Abidal et de Ricardo Carvalho, arrivés tous deux au club à l'été 2013, comprennent un accord sous seing privé, prolongeant après 25 matches joués pour l'un et 30 pour l'autre.  Ayant joué 25 matches, Abidal a donc droit à sa prolongation, mais il quitte l’ASM à l’été 2014, et l’arrière international français profite d'un autre accord "sous seing privé". Grâce à celui-ci, entre juillet 2014 et avril 2015, Abidal touche 2,2 millions en quatre versements.

Autre exemple présent dans l'article de Mediapart : "Quand Jérémy Toulalan signe pour deux ans en 2013, l’ASM se réserve une clause pour reconduire son contrat, encore une fois par l’intermédiaire d’un accord sous seing privé. « La clause était bien validée par la Ligue ? », demande Vasilyev. « Non, c’est une clause unilatérale, donc la LFP ne l’accepte pas. C’est une clause sous seing privé », répond Holveck, directeur général adjoint du club."

Mediapart dévoile aussi un autre type d'accord, lors du transfert de Falcao à l'ASM. Il s'agit d'abaisser le montant d'un achat de joueur, artificiellement, afin de réduire sa contribution de solidarité du joueur, qui est en fonction de ce montant. Mediapart le démontre avec le cas de l'attaquant colombien, qui aurait été payé 43 millions d'euros par Monaco à l'Atlético Madrid, selon les tous premiers docuemnts Football Leaks dévoilés en 2016. Mais Mediapart explique que Madrid a envoyé une seconde facture de 10 millions d'euros. "La différence ? Dans un cas - transfert à 53M€ -, la contribution de solidarité due au club formateur du Colombien atteint 2,65M€. Dans l'autre - à 43M€ -, elle baisse à 2,15 M€, soit 500 000 euros d'économisé sur le dos de l'équipe qui a fait éclore Falcao. Mais "il y a un risque de pénalités de la part de la FIFA", s'inquiète un employé de l'ASM : "Si la FIFA apprend l'existence de la clause à 10 M€, on peut avoir des problèmes"", peut-on lire dans Mediapart. 

Match fantôme à 4 millions d'euros avec Manchester United

Mediapart expose un autre contrat. Lors du prêt de Falcao à Manchester United, le club anglais paye 6 millions d'euros à Monaco, mais aussi un bonus de quatre millions s'il finit dans le top 4. Pratique interdite. Pour contourner, Mediapart indique un second contrat signé au même moment qui prévoit que Manchester United invite Monaco pour un match amical un an plus tard, en juillet 2015, à la seule condition que le club anglais finisse dans les quatre premières places du championnat. Le club s’engage aussi à verser 4,5 millions à Monaco rien que pour ce match et inscrit cette étrange clause : si la rencontre n’a pas lieu, United payera quand même 4 millions.

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