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Fin de saison : La baisse des salaires des joueurs devient cruciale pour les clubs de Ligue 1

Alors que la fin de la saison de la Ligue 1 a été annoncée jeudi par la LFP, les clubs du championnat de France se retrouvent à l'agonie financièrement. Sans les droits télévisés qui représentent une grande partie de leur trésorerie et alors qu'ils s'apprêtent à traverser de longs mois sans revenus, les équipes de Ligue 1 doivent maintenant s'attaquer à leurs dépenses pour traverser la crise. Entériner la baisse des salaires des joueurs devient un objectif prioritaire, mais dont la réalisation est plus que complexe.
Article rédigé par Denis Ménétrier
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
 

Envisagées et discutées depuis plusieurs semaines, les baisses de salaire des joueurs professionnels deviennent aujourd'hui cruciales pour les clubs de Ligue 1. Après l'annonce de la fin de la saison confirmée par la LFP jeudi, ces derniers se retrouvent à l'agonie financièrement, car les droits télévisés pour le restant de l'exercice 2019-2020 ne seront pas être versés par les diffuseurs que sont Canal+ et beIN Sports. Un manque à gagner évalué à 240 millions d'euros. Qui grimperait à 650 millions d'euros selon la Ligue de football professionnel (LFP) si l'on y ajoute l'ensemble des pertes liées à la fin anticipée de la saison de football.

Face à ce manque de trésorerie pour lequel ils ne peuvent plus rien et à l'approche de longs mois sans revenus, les clubs vont désormais se tourner vers leurs charges. "C'est une question de survie pour les clubs maintenant", précisait l'expert en marketing sportif Virgile Caillet à France tv sport suite à l'annonce de la fin du championnat. L'un des postes de dépenses les plus importants pour les clubs est la masse salariale. Selon le dernier rapport de la DNCG publié en mars, qui concerne la saison 2018-2019, la masse salariale des clubs de Ligue 1 représente entre 54% et plus de 100% du budget des clubs. Les salaires que versent par exemple le LOSC et l'AS Monaco à leurs joueurs représentent davantage que ce qu'ils font entrer dans la caisse à l'année.

Le Stade Rennais applique l'accord trouvé avec l'UNFP

Dans cette situation, baisser les salaires des joueurs deviendrait presque une question de vie ou de mort. Mardi, le Stade Rennais est devenu le premier club du championnat à adopter les accords du 7 avril dernier, signés entre l'Union nationale des footballeurs professionnels (UNFP) et plusieurs dirigeants de formation de Ligue 1 et Ligue 2. Selon cet accord, les joueurs ne toucheraient une partie de leur salaire que dans plusieurs mois selon un barème établi de la manière suivante : pour les joueurs qui touchent entre 10 000 et 20 000 euros par mois, 20% sera versé plus tard. 30% pour les salaires mensuels compris entre 20 000 et 50 000 euros, 40% pour ceux entre 50 000 et 100 000 euros et 50% pour ceux qui vont au-delà de 100 000 euros.

Les Rennais n'ont donc pas consenti per se à une baisse de salaires, mais ont accepté de toucher une partie de leur rémunération plus tard dans l'année, à la fin de la crise du Covid-19. Mais alors que cet accord avec l'UNFP avait été salué par plusieurs joueurs de Ligue 1 (Dimitri Liénard, Romain Thomas, Gaëtan Laborde) et plusieurs dirigeants, aucun autre club que Rennes ne l'a adopté. Probablement parce que l'objectif a changé avec l'évolution de la situation. Il ne s'agit plus de reporter les salaires, mais bien de les baisser, afin de réduire les charges de manière définitive. Mais pour les clubs de Ligue 1, qui ont tous adopté le chômage partiel au début de la crise (ils versent 70% de la rémunération brute à leurs joueurs), les négociations pour des baisses de salaire sur la durée sont rudes.

Les négociations en interne vont bon train

Au micro de RMC il y a une dizaine de jours, Nasser Al-Khelaïfi, le président du Paris Saint-Germain, déclarait qu'il attendait de ses joueurs "un effort pour le club. Ils connaissent leurs responsabilités". Alors que plusieurs écuries européennes ont déjà trouvé des accords avec leurs joueurs - 70% de réduction au FC Barcelone, 10% au Real Madrid, 20% au Bayern Munich, les joueurs de la Juventus ont renoncé à 30% de leur salaire annuel et ceux de l'AS Rome à quatre mois de rémunération -, les négociations n'avancent pas au PSG malgré des discussions entre le directeur sportif Leonardo et les joueurs. Le cas du PSG est révélateur de ce qui se joue en Ligue 1, où aucun club n'a encore trouvé d'accord avec son effectif.

Du côté de l'Olympique Lyonnais, les dirigeants ont transmis un courrier aux joueurs mi-avril pour les prier d'accepter ces baisses de salaire. Des négociations ont lieu depuis plusieurs semaines en interne et Jean-Michel Aulas, le président du club rhodanien, a appelé à "la solidarité et au sens de la responsabilité" de son effectif. Mêmes problèmes du côté de l'Olympique de Marseille où les négociations se poursuivent. Au LOSC, le président Gérard Lopez a précisé sur RMC Sport début avril que certains joueurs "[l'ont] appelé, des membres du staff également, pour dire qu'ils étaient prêts à mettre leur salaire à disposition". Malgré cela, aucun accord n'a été trouvé pour une baisse de salaire.

Cesc Fabregas baisse son salaire de 30%

Lundi, c'est Cesc Fabregas qui a accepté de réduire sa rémunération de 30%, comme l'a précisé RMC Sport, pour aider son club de l'AS Monaco. Une initiative individuelle alors que l'Espagnol serait l'un des plus investis dans les discussions avec ses dirigeants. Ces derniers seraient d'ailleurs très déterminés pour trouver un accord avec les joueurs de l'effectif afin de baisser de plus de 50% les salaires. Alors que Monaco dépensait 147 millions d'euros en rémunération sur l'exercice 2018-2019 (deuxième plus grosse masse salariale derrière le PSG et devant l'OL) selon le rapport de la DNCG, le temps presse pour le club de la Principauté afin de ne pas perdre trop gros pendant la crise.

Pour tous les clubs, qui devraient passer plusieurs mois bien difficiles, la situation risque d'être catastrophique s'ils ne trouvent pas d'accord avec leurs joueurs pour des baisses de salaire. À l'instar de la Premier League, où les négociations durent depuis plusieurs semaines entre le syndicat des joueurs et les clubs, les salaires des joueurs de Ligue 1 ne bougent pas pour le moment. Mais avec l'annonce récente de l'annulation de la fin de saison, et donc des pertes économiques considérables, il ne serait pas étonnant que les discussions s'intensifient et que certains accords émergent dans les prochains jours ou les prochaines semaines. Il en va de la survie des clubs français.

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