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Droits TV : risques de faillite, Ligue 1 à 22... les quatre questions posées maintenant au football français

Alors que le feuilleton des droits TV vient de prendre fin, au moins pour cette saison, les clubs français s'inquiètent pour leur trésorerie. Les droits TV s'élèveront à 650 millions d'euros au lieu de 1,15 milliard d'euros promis par Mediapro. Quels sont désormais les risques pour les clubs et le football professionnel français ? Éléments de réponse avec Mickael Terrien, économiste du sport.
Article rédigé par Hortense Leblanc
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3min
Canal+ et la LFP ont trouvé un accord pour que la chaîne cryptée diffuse l'intégralité de la fin de la saison  (FRANCK FIFE / AFP)

• Le contrat de Canal+, bonne ou mauvaise nouvelle pour les clubs ? 

"Il est clair que Canal+ ne fait aucun cadeau à la Ligue, puisque la chaîne n’ajoute que 35 millions d’euros pour récupérer les huit matches qu’elle ne diffusait pas jusqu’alors. Mais au moins, ça permet aux clubs d’acter leurs pertes et aux actionnaires de se positionner, entre ceux qui vont essayer de vendre les clubs, et ceux qui vont demander des prêts. On revient à des montants similaires aux anciens droits TV, avec environ 20 millions d’euros de moins par club par rapport à ce qui était attendu si Mediapro avait payé les droits. A court terme, cette perte de revenus ne pourra pas être épongée, mais sur le moyen terme, les clubs dépenseront moins et perdront moins d’argent.

"Cette solution de gré à gré entre Canal+ et la Ligue va permettre de normaliser leurs relations, pour partir sur des cycles plus sains. Mais on ne connaîtra l’ampleur de cet épisode que lorsqu’on saura le montant des prochains droits TV. Ils n’atteindront certainement pas le milliard comme avec Mediapro, mais on peut espérer l’arrivée de nouveaux entrants, comme Amazon qui semblait intéressé. Et plus il y a d’enchérisseurs, plus ils seront élevés.

• Quelles conséquences financières pour les clubs ?

"Les clubs à l’actionnariat un peu bancal peuvent se retrouver en quasi cessation de paiement. Mais les gros clubs, qui ont un fort ancrage social, ne peuvent pas disparaître. Les pouvoirs publics interviendront, soit en demandant à une entreprise locale d’investir dans le club, soit en leur faisant des cadeaux financiers, en bradant des terrains ou des loyers de stade. Les clubs de Ligue 1 ne devraient pas être concernés par un dépôt de bilan. Les actionnaires ont plus à perdre à laisser un club disparaître qu’à le renflouer avec des abandons de créances. "

"En revanche, ça peut être plus compliqué pour les petits clubs de Ligue 2, qui oscillent avec le National. Les promus en Ligue 2 ont augmenté leur budget, en tablant sur les rentrées d’argent des droits TV, mais ils vont se retrouver en situation déficitaire qui pourrait laisser craindre une faillite. "

• La réduction du nombre de clubs dans l'élite, une solution ?

"Les clubs vont essayer de renégocier des choses en leur faveur. On n’est même pas sûr que la réduction du nombre de clubs en Ligue 1 soit une bonne chose. Certes, on réduit le nombre de clubs qui doivent ce partager les droits TV, mais on diminue aussi le nombre de matches à retransmettre, donc ce n’est pas dit que les droits TV augmentent. Dans le contexte actuel, ça aurait plus de sens économiquement de geler les descentes, mais de faire monter les premiers de Ligue 2, quitte à se retrouver à 22 clubs. Car les clubs de Ligue 1 qui seront relégués auront les dettes d’un club de Ligue 1, mais les revenus d’un club de Ligue 2."

• La Ligue 1, vers un déclassement à l'échelle européenne ?

"La Ligue 1 est toujours l’un des cinq grands championnats européens, mais elle est loin des quatre premiers, pour qui les quatre premières places du classement sont qualificatives pour la Ligue des champions. Elle garde tout de même de la marge par rapport aux championnats qui suivent. Ce qui se passe va seulement accentuer cette différence avec les meilleurs, mais le milliard de Mediapro n’aurait pas permis de réduire le fossé avec la Liga, la Premier League, la Bundesliga, et la Serie A.

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