Droits TV du foot français : Canal+ "joue une vraie partie de poker, c'est une prise de risque très importante", estime un économiste du sport
La LFP a remis en jeu lundi les lots détenus par l'ancien diffuseur Mediapro, qui détenait 80% des matchs de Ligue 1 et de Ligue 2. Mais Canal+ et beIN Sports n'ont pas déposé une candidature à cet appel d'offre.
Les chaînes Canal+ et BeIN Sports n'ont pas déposé de candidature à l'appel d'offres lancé par la Ligue de football professionnel (LFP) pour diffuser une partie de la Ligue 1, selon les informations du service des sports de Radio France. La date limite du dépôt de ces offres a été dépassée à midi lundi 1er février. Les lots remis en jeu visaient à remplacer l'ancien diffuseur Mediapro, qui détenait 80% des matchs de Ligue 1 et de Ligue 2.
"Canal+ joue une vraie partie de poker, c'est vraiment une prise de risque très importante", a estimé sur franceinfo lundi 1er février Vincent Chaudel, économiste du sport, fondateur de l'Observatoire du Sport Business. "Canal+ a su vivre avec moins de football, mais sans football complètement, c'est peut-être un peu plus compliqué", a-t-il ajouté.
franceinfo : Dans cette affaire, Canal+ et beIN Sports ont boycotté cet appel d'offres, comment expliquer leurs positions ?
Vincent Chaudel : Canal+ joue une vraie partie de poker et c'est vraiment une prise de risque très importante. Parce que si d'aventure, l'appel d'offres n'était pas infructueux, Canal+ acterait qu'il n'aurait plus de football pendant trois ans, ce qui peut être long quand on sait que le football fait partie de son ADN. Canal+ a su vivre avec moins de football, mais sans football complètement, c'est peut-être un peu plus compliqué. Canal+ fait le pari que l'appel d'offres sera infructueux et qu'aucun acteur sur le marché sera capable d'accompagner la Ligue de football et de mettre les montants nécessaires pour que le football français passe cette période de crise. C'est un bras de fer.
Quelle est l'intention de Canal+ dans cette "partie de poker" ?
Canal+ souhaite que tout soit remis à plat parce que la chaîne conteste cet appel d'offres, notamment parce que le lot 3, le lot acheté ou gagné par beIN Sports lors du précédent appel d'offres, n'a pas été remis en compétition. Ce qui à mon sens, était normal puisqu'il n'y a pas eu défaut de paiement dans ce lot. Pas plus d'ailleurs que sur le lot de Free. Donc, il n'y a pas de raison de remettre en cause des lots qui sont exploités et payés normalement et donc là, on est vraiment sur une stratégie de bras de fer qui, de toute façon, n'augure pas grand chose de bon dans la relation à venir entre un acteur diffuseur et un acteur diffusé alors que normalement, il y a une interdépendance. C'est une relation commerciale qui est particulière parce que les deux acteurs sont dépendants l'un de l'autre.
Peut-on quand même imaginer voir la Ligue 1 sur des chaînes non payantes ?
Ce n'est pas exclu. Cependant, je ne pense pas qu'une chaîne hertzienne gratuite au plus grand nombre puisse avoir complètement un lot. L'économie des groupes de télévision traditionnels c'est quand même plus de récupérer et de vendre de l'espace publicitaire. Ils ont normalement moins de pouvoir d'achat au niveau des droits TV. Le sujet, c'est de parler des lots importants : c'est là où le risque est le plus grand pour Canal+. Parce que le lot 3 étant maintenu, il peut y avoir une très bonne affaire à faire sur le lot 1, qui est le lot des matchs premium du dimanche soir. Et être en capacité de battre régulièrement, par exemple, un concurrent comme TF1 le dimanche soir avec des pages de publicité importantes, voilà quelque chose qui serait très important.
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